Les apôtres, les premiers expatriés détachés ?

Les apôtres, les premiers expatriés détachés ?

C’est sans irrespect ni provocation que nous avons choisi ce titre, juste un clin d’œil pour ouvrir un sujet dédié aux 12 apôtres, les « envoyés » du Christ des Chrétiens au monde. En cette période « sacrée » pour les uns mais souvent « festive » pour tous, nous avons décidé de faire un zoom sur la mission de Pierre, André, Jacques dit le Majeur, Jean, Philippe, Barthélémy, Thomas, Matthieu, Jacques, Jude appelé aussi Thaddée, Simon surnommé le Zélote et Judas l’Iscariote.

Le titre d’apôtre

Commençons par le début, quel est le sens même du terme « d’apôtre » ?  « Signifié » ou « envoyé » sont des traductions acceptées par les spécialistes. Or Jésus envoie, littéralement, d’autres personnes que les 12. Il envoie la femme samaritaine vers les gens de son village (Jean 4), il envoie Marie Madeleine annoncer aux autres sa résurrection (Jean 20). Elles sont donc littéralement faites « apôtres » par Jésus, avec un rôle particulièrement essentiel en ce qui concerne cette dernière, c’est pourquoi on l’appelle « l’apôtre des apôtres » (dès Hippolyte de Rome vers l’an 200).

Dans l’Évangile selon Luc 10, Jésus envoie 70 disciples (ou 72) en mission : cela fait littéralement d’eux aussi des « envoyés », en grec « apôtres ». Être envoyé pour annoncer l’Évangile n’est donc pas réservé « aux 12 ».

Mais alors pourquoi 12 ? Si le chiffre de 12 est utilisé c’est plus là pour nous dire une qualité qu’une quantité, ce groupe des 12 évoque alors une humanité bénie par Dieu, envoyée par Jésus dans le monde. Ainsi, ce serait une façon d’incorporer les lecteurs de l’Évangile, dans le groupe des disciples tout proches de Jésus qui existait bien, historiquement, mais était peut-être constitué d’une demi-douzaine de très proches, dont des femmes (comme Marthe, Marie Madeleine).

En robe mouchetée, Marie-Madeleine essaie de ranimer la Vierge évanouie. Détail d’une Crucifixion attribuée à Lorenzo d’Alessandro, seconde moitié du XVe siècle
En robe mouchetée, Marie-Madeleine essaie de ranimer la Vierge évanouie. Détail d’une Crucifixion attribuée à Lorenzo d’Alessandro, seconde moitié du XVe siècle. ©Petit-Palais d’Avignon

En invitant les croyants, grâce à ce chiffre de 12, le texte serait ainsi fidèle à l’esprit de Jésus, appelant ses disciples à se sentir responsables personnellement de poursuivre la mission du Christ, les « envoyant » annoncer le pardon de Dieu, faire du bien. C’est ce que l’on voit dans les chapitres 20 et 21 de l’Évangile selon Jean avec le don de la paix, le don de l’Esprit, l’envoi dans le monde.

Pourquoi ces 12 hommes là ?

Le nom des principaux apôtres est parfaitement clair et identifié. Mais à la marge c’est plus incertain, pourtant Matthieu et Jean qui ont écrit chacun un évangile faisaient partie de la bande.

Il n’y aurait pas ce flou s’ils avaient été nommés par Jésus officiellement, avec un titre, une nomination solennelle comme l’adoubement d’un chevalier, ou l’onction d’huile d’un prêtre, d’un prophète ou d’un roi dans l’Ancien Testament, ou au moins une imposition des mains par Jésus devant les autres comme une sorte d’ordination d’apôtre. Or, rien, certains disciples étaient simplement plus proches de Jésus : ils se sont rendus plus disponibles pour accompagner Jésus plus souvent (ce n’était pas évident de se rendre disponible, il y a le travail et la famille). Il peut aussi y avoir des affinités et des choix de Jésus d’appeler telle personne à être à ses côtés.

Il n’y a donc peut-être pas exactement 12 hommes faisant nominativement partie de ce groupe d’apôtres autour de Jésus, mais un petit groupe qualifié de « 12 », amené dans la vie bénie comme les 12 tribus ont été conduites dans la terre promise par Moïse puis Josué. Cela expliquerait pourquoi la liste de ces apôtres est un « petit peu » floue entre les différents évangiles (Barthélemy, Nathanaël, Jude, Thaddée).

Au final, d’après les Évangiles de l’Église catholique, voici les douze apôtres choisis par Jésus :

  • Pierre (Simon Pierre)
    Pierre était un pêcheur impulsif. Il a renié Jésus trois fois… avant de devenir un pilier de l’Église.
    « Si tu t’es déjà renié toi-même par peur, par fatigue ou pour être accepté, l’histoire de Pierre rappelle que l’échec n’annule jamais l’appel. »
  • Jacques fils de Zébédée
    Jacques était passionné, parfois excessif. Jésus l’a surnommé « fils du tonnerre ».
    « Si tu ressens des émotions fortes, parfois mal canalisées, Dieu ne les rejette pas : Il peut les transformer en force et en zèle juste. »
  • Jean
    Jean est l’apôtre de l’amour, proche du cœur de Jésus, attentif, sensible.
    « Si tu es sensible, profond, parfois blessé par le monde, tu n’es pas trop fragile pour Dieu, tu es peut-être simplement proche de son cœur. »
  • André
    André, frère de Pierre, est souvent dans l’ombre, mais c’est lui qui a conduit d’autres personnes vers Jésus.
    « Peut-être que ton rôle n’est pas d’être vu, mais simplement de conduire quelqu’un vers la lumière, discrètement, fidèlement. »
  • Philippe
    Philippe était rationnel, souvent dans le calcul et la logique.
    « Si tu as besoin de comprendre avant de croire, Jésus ne te repousse pas : Il marche avec toi, même dans tes questions. »
  • Barthélemy (Nathanaël)
    Nathanaël était sceptique : « Peut-il sortir quelque chose de bon de Nazareth ? »
    « Si tu doutes, si tu te méfies, ton honnêteté peut devenir un point de rencontre avec la vérité. »
  • Thomas
    Thomas a douté de la résurrection tant qu’il n’a pas vu.
    « Si tu as besoin de preuves, Jésus ne t’exclut pas : Il t’invite à toucher la vérité à ton rythme. »
  • Matthieu (Lévi)
    Matthieu était collecteur d’impôts, méprisé par la société.
    « Si ton passé te colle à la peau ou te fait honte, l’appel de Jésus montre que personne n’est défini par ses erreurs. »
  • Jacques fils d’Alphée
    Peu de choses sont dites sur lui dans les Évangiles.
    « Même si ta vie semble discrète ou invisible, Dieu voit ta fidélité quand personne ne regarde. »
  • Simon le Zélote
    Simon était engagé politiquement, prêt à lutter par la force.
    « Si tu portes une colère ou un combat intérieur, Jésus peut transformer ta révolte en mission de paix. »
  • Jude (Thaddée)
    Thaddée a posé des questions directes à Jésus, sans détour.
    « Si tu poses des questions profondes, parfois dérangeantes, Dieu ne les craint pas, Il les accueille. »
  • Judas Iscariot
    Judas a trahi Jésus. Son histoire rappelle la gravité du libre arbitre.
    « L’histoire de Judas nous rappelle que la proximité avec Jésus ne remplace jamais un cœur ouvert et transformé. »

2 milliards de fidèles

Si ces hommes sont des apôtres, c’est qu’ils sont envoyés par Jésus pour créer des Églises rayonnantes au plus grand nombre de fidèles possibles. Certains pourraient comparer cela à l’envoyé d’une entreprise française dans un pays lointain pour conquérir un nouveau marché et acquérir le plus grand nombre de parts de marché… Mais ici, on parle spiritualité et pas simple détachement. Alors quelles étaient les missions des 12 Apôtres ? Quel est leur héritage ?

Avec environ 2,4 milliards de fidèles, le christianisme est la première religion mondiale
Avec environ 2,4 milliards de fidèles, le christianisme est la première religion mondiale. ©histocarte

Les patriarcats

Il y a environ deux mille ans, les Apôtres, inspirés par Jésus de Nazareth, ont fondé de nombreuses communautés chrétiennes, toutes unies dans la foi, le culte et la participation à la sainte Eucharistie, la fraction du pain. C’est leur principale mission et leur héritage à travers des Églises. Fondées par les apôtres eux-mêmes, elles sont 5 : les patriarcats de Constantinople, d’Alexandrie, d’Antioche, de Jérusalem et de Rome.

L’église de Constantinople a été fondée par Saint André, l’église d’Alexandrie par Saint Marc, l’église d’Antioche par Saint Paul, l’église de Jérusalem par les saints. Pierre et Jacques, et l’Église de Rome par les saints Pierre et Paul. Celles qui ont été fondées dans les années suivantes grâce à l’activité missionnaire des premières églises étaient les Églises du Sinaï, de Russie, de Grèce, de Serbie, de Bulgarie, de Roumanie et bien d’autres.

Des Églises qui ont prospéré et qui regroupent directement ou indirectement plus d’1/3 de la population mondiale, faisant de la Chrétienté, la religion la plus suivie au monde. En 2025, il y a 2,66 milliards de chrétiens dans le monde tous issus d’obédiences qui se réclament d’une façon ou d’une autre de l’héritage des 12 apôtres, ces « envoyés » partis prêcher la Bonne Parole au monde.

Auteur/Autrice

  • Paul Herikso est franco-norvégien né à Paris d'une maman française et d'un papa norvégien. Après des études de tourisme, il retrouva sa famille paternelle en Norvège où il participa au développement des croisières. Il est aussi correspondant pour lesfrancais.press

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