Tous les États ne sont pas égaux face aux récessions. En règle générale, elles durent plus longtemps en Europe qu’aux États-Unis. Par ailleurs, les États mettent plus ou moins de temps à effacer les pertes de ces récessions. Aux États-Unis, les autorités réagissent plus rapidement et plus fortement en cas de récession qu’en Europe. L’association politique monétaire et politique budgétaire y est plus nette.
La Réserve Fédérale américaine réagit toujours plus vite que la BCE
En 2020 comme en 2000 et en 2008, le déficit s’est accru de manière importante aux États-Unis. Il a ainsi dépassé 15 % du PIB en 2021, contre 6,5 % du PIB pour la zone euro. En 2008/2009, l’écart était de 3 points entre les deux espaces économiques en faveur des États-Unis. En 2000, la politique budgétaire était, en revanche, comparable de part et d’autre de l’Atlantique. La Réserve Fédérale américaine réagit toujours plus vite que la BCE. Cela se vérifie en 2000 et en 2008. En revanche, en 2020, l’avantage est à la zone euro pour les taux car, avant même la crise, la politique était restée très accommodante en Europe.
En ce qui concerne le montant des rachats d’obligations, même si la BCE a comblé une partie de son « retard », la FED est toujours en pointe. En juin 2021, la base monétaire dépasse 8 000 milliards de dollars aux ÉtatsUnis contre 6 000 milliards d’euros pour la zone euro.
Si les crises sont plus durement ressenties aux États-Unis qu’en zone euro, le retour à la normale est aussi plus rapide outre-Atlantique qu’en Europe. Les pertes des crises sont plus vite effacées, notamment en ce qui concerne les profits des entreprises et l’emploi.
Les profits des entreprises américaines dépassent leur niveau de 2007 dès 2010 quand il a fallu attendre 2015 en Europe. Certes, la crise des dettes souveraines a compliqué la situation des entreprises des États membres entre 2012 et 2015.
Restauration des profits et forte augmentation des investissements
L’emploi avait retrouvé son niveau d’avant-crise en 2011 aux États-Unis quand il fallut attendre 2017 en Europe. Que ce soit pour la production industrielle ou pour la construction, avant la survenue de la crise sanitaire, la zone euro arrivait à peine à renouer avec les niveaux d’avant 2007 quand les États-Unis les avaient dépassés depuis 2014 pour la première et 2019 pour le second.
Si l’investissement aux États-Unis était en 2019 supérieur de 50 % à son niveau de 2007, il était encore en-dessous en ce qui concerne la zone euro.
Force du secteur technologique
Sur ces vingt dernières années, les États-Unis ont gagné le match des sorties de crise. La restauration des profits et la forte augmentation des investissements constituent les deux facteurs qui expliquent cet avantage. La destruction créatrice a joué plus fortement son rôle aux États-Unis qu’en Europe avec un renouvellement plus franc du tissu économique. Si les États-Unis ont été moins marqués par les récessions que l’Europe, ils le doivent à la force du secteur technologique qui bénéficie de sources de financement privées et publiques abondantes.
Le marché du travail américain est plus large et plus flexible que les marchés européens, ce qui constitue des atouts indéniables pour sortir rapidement de crise. Le prix à payer a été une stagnation voire une diminution des salaires des emplois à faible valeur ajoutée depuis les années 2000. En Europe, si les entreprises n’ont pas joué sur le niveau des salaires de manière aussi importante qu’aux États-Unis, elles ont néanmoins eu un recours croissant aux CDD, à l’intérim ou aux travailleurs non-salariés.
Aux États-Unis, les pouvoirs publics ont soutenu les entreprises nationales et la recherche à travers la commande publique que ce soit sous les administrations démocrates ou républicaines.
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