Le virage de Giorgia Meloni en matière migratoire pourrait provoquer une recomposition politique en Europe

Le virage de Giorgia Meloni en matière migratoire pourrait provoquer une recomposition politique en Europe

En novembre 2022, la France et l’Italie traversaient leur première crise diplomatique depuis l’arrivée au pouvoir de la Première ministre Giorgia Meloni quelques semaines auparavant, lorsque l’Italie refoulait le navire Ocean Viking, qui transportait quelque 234 migrants à son bord, finalement accueilli par la France.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait alors fustigé l’attitude « incompréhensible et inacceptable » des autorités italiennes, face à l’urgence de la situation du bâtiment de l’ONG SOS Méditerranée, qui rôdait en mer depuis 15 jours.

Désormais, de hauts responsables français regardent avec intérêt l’évolution de la position de Giorgia Meloni, qui gère depuis une semaine l’afflux massif de migrants sur les côtes de l’île sicilienne de Lampedusa. Preuve en est le déplacement de Gérald Darmanin à Rome, lundi (18 septembre), qui se dit prêt à aider les autorités italiennes « à tenir leurs frontières ».

Après avoir promu une approche « nationaliste » de la crise migratoire, pendant la campagne électorale italienne et lors des premiers mois de son mandat, Mme Meloni a « évolué » en plaidant aujourd’hui pour une réponse européenne, a expliqué une source française haut placée.

Cela pourrait avoir des conséquences importantes sur la recomposition politique européenne, poursuit la même source. Celle-ci se demande même si le groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE), dont Giorgia Meloni est un des leaders, peut encore rester uni, à neuf mois des élections européennes de 2024.

Le revirement face à sa famille politique s’est constaté dès le conseil européen de juin dernier, lorsque Mme Meloni et ses homologues polonais et hongrois n’avaient pas tenu les mêmes positions, poursuit ce diplomate français.

migratoireAprès avoir promu une approche « nationaliste » de la crise migratoire, pendant la campagne électorale italienne et lors des premiers mois de son mandat, Mme Meloni a « évolué » en plaidant aujourd’hui pour une réponse européenne, a expliqué une source française haut placée. [EPA-EFE/CIRO FUSCO]

Le parti du Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, Droit et Justice, fait également du groupe CRE. Celui de Viktor Orban, chef du gouvernement hongrois, siège dans les non-inscrits après avoir quitté le PPE de centre droit, mais affiche une grande proximité avec la Première ministre italienne.

Selon cette source française, Giorgia Meloni n’a pas choisi la carte européenne « par romantisme », ni en raison d’un changement idéologique profond, mais par pragmatisme.

Sur le plan national, le virage opéré par Mme Meloni aurait déjà des conséquences au sein de la coalition italienne, en distendant les liens avec la Lega de Matteo Salvini en particulier. De la même manière, Marine Le Pen continue de prôner une approche migratoire nationale et stricte et a fustigé l’approche « immigrationniste » de la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.

Salvini comme Mme Le Pen — du groupe Identité et Démocratie — seraient encore dans l’« illusion nationaliste », à en croire ce haut responsable français, ce qui montrerait la différence avec Mme Meloni et donc le virage de sa politique migratoire.

En effet, comme le rapportait Euractiv, Marine Le Pen a implicitement taclé la cheffe du gouvernement italien dimanche, en louant les efforts de Matteo Salvini lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, en indiquant que « l’Europe entière regardait vers l’Italie avec admiration face à tant de détermination », en ajoutant attendre « que ce moment revienne pour l’Italie, mais aussi pour la France ».

La lutte contre l’immigration, qui unissait les nationalistes du continent, pourrait devenir, peu à peu, une marque de distanciation entre les deux familles de l’extrême droite européenne.

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