Les Banques Centrales des pays occidentaux semblent avoir comme objectif de ramener l’inflation dans la cible des 2 % d’ici 2024. La réalisation de cet objectif dépend de l’inflation sous-jacente et de son évolution prévisible à court terme (qui dépend elle-même de l’évolution des coûts salariaux unitaires et du possible rattrapage du pouvoir d’achat) et de l’orientation de la politique budgétaire.
Les banques centrales doivent évaluer l’évolution de l’inflation dans les prochains mois pour déterminer leur politique de taux, sachant qu’elles ne maîtrisent pas les prix des matières premières et de l’énergie. Les incertitudes restent importantes en ce qui concerne le cours du pétrole, du gaz ou de l’électricité. Certains estiment que ces cours pourraient se stabiliser d’ici le milieu de l’année 2023 quand d’autres considèrent que les économies occidentales doivent s’habituer à évoluer en régime de pénurie permanente d’énergies et de matières premières.
En cette fin d’été, une désescalade des prix du pétrole et des matières premières est constatée mais tel n’est pas le cas pour le gaz et l’électricité.
Le manque de main-d’œuvre favorise l’augmentation des salaires
L’inflation sous-jacente qui sert de référence aux banques centrales dépend essentiellement de la hausse du coût salarial unitaire et du possible rattrapage du pouvoir d’achat des salariés. Depuis la fin du deuxième trimestre 2022, au sein de l’OCDE, le coût salarial unitaire s’accélère. Le manque de main-d’œuvre favorise également l’augmentation des salaires.
En moyenne, la perte de pouvoir d’achat au sein des États membres de l’organisation pourrait être de 3 à 5 % sur l’ensemble de l’année. Cette perte pourrait donner lieu à une correction entre la fin de l’année et le milieu de l’année 2023.
L’intervention des Etats est inflationniste
Le choix des États de soutenir les ménages et les entreprises est inflationniste. Il maintient artificiellement la demande et exige des besoins croissants de financements afin de financer le déficit. Les États membres de la zone euro sont fortement interventionnistes. La nomination de Liz Truss au poste de Première Ministre devrait conduire le Royaume-Uni à emboiter le pas à la zone euro.
Le gouvernement fédéral américain est moins en soutien que ses homologues européens mais la situation américaine est différente, le risque de pénurie d’énergie n’existant pas. Si le déficit public européen restera voisin de 5 points de PIB, il est en forte contraction aux États-Unis. Il devrait passer de -12 à -4 points de PIB de 2020 à 2022.
Dans le passé, pour réduire l’inflation, les banques centrales ont relevé fortement leurs taux directeurs. En 2009, aux États-Unis, le recul de l’inflation est obtenu avec des taux des Fed Funds nettement supérieurs à l’inflation sous-jacente, mais la politique budgétaire était alors expansionniste. Au Royaume-Uni, la diminution de l’inflation en 1999/2000 est intervenue avec un taux de base de la Banque d’Angleterre nettement supérieur à l’inflation sous-jacente. Dans la zone euro, les reculs de l’inflation (1999-2000, 2005-2006, 2009-2010, 2013-2014), se sont accompagnés de taux repo supérieurs à l’inflation sous-jacente, sauf en 2013-2014.
Selon Patrick Artus, chef économiste de Natixis, pour espérer revenir à 2 % d’inflation d’ici 2024, il faudrait porter le taux Fed Funds à 5,7 % aux États-Unis, le taux de base de la Banque centrale d’Angleterre à 6 % et le taux repo de la Banque centrale européenne à 6,1 %.
Pour le moment, par crainte d’une récession et de tensions sur les dettes souveraines, les banques centrales n’annoncent pas de telles hausses de taux. Elles semblent ainsi favorables à laisser l’inflation rester au-dessus de 2 % pendant plusieurs années.
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