Le pessimisme est à l’Ouest et les erreurs sont à l’Est

Le pessimisme est à l’Ouest et les erreurs sont à l’Est

A la fin de l’année 2022, les trains sont venus à manquer mais pas l’électricité. La récession, maintes fois annoncée, n’est pas arrivée. L’embellie du marché du travail, jugée impossible en 2020, s’est poursuivie ; en deux ans un million d’emplois ont été créés. L’inflation a certes augmenté en France mais elle est trois points en-dessous de la moyenne de la zone euro. Elle a mis à mal le pouvoir d’achat des ménages mais le manque à gagner a été compensé à 75 % par l’Etat, c’est-à-dire par les contribuables. 

Les Français, plus largement les Européens, sont partis en vacances durant la période estivale. Air France a réalisé un chiffre d’affaires au troisième trimestre 2022 supérieur à celui de 2019 et la SNCF a enregistré un bénéfice sur l’année de plus de deux milliards d’euros.

L’euro a permis aux Etats de surmonter l’épidémie et la hausse des cours de l’énergie 

L’Union européenne a fait face à une crise énergétique sans précédent avec le retrait du principal importateur de gaz et de pétrole. A la fin de l’année 2022, les cuves de gaz étaient pleines. La France en fournit à l’Allemagne pour bénéficier en contrepartie d’électricité. 

Isolé, le Royaume-Uni a été, en revanche, confronté à une triple crise, politique, sociale et financière. Depuis trois ans, l’euro a gagné en crédibilité permettant aux Etats de surmonter financièrement l’épidémie et la hausse des cours de l’énergie. Lors des chocs pétroliers de 1973 et 1979, les Etats européens avaient été contraints de dévaluer ou de réévaluer leur monnaie, ce qui désorganisa alors en profondeur le Marché commun devenu depuis le Marché unique qui fête, par ailleurs, son trentième anniversaire. Les dévaluations s’accompagnaient de plans de rigueur qui pénalisaient durement les ménages comme les entreprises. En 2022, grâce à l’euro, l’Europe n’a pas connu de batailles des changes. 

Sa dépréciation par rapport au dollar n’est pas un signe de faiblesse mais la conséquence d’un décalage dans le temps des politiques monétaires menées de part et d’autre de l’Atlantique. En devenant le 20e Etat de la zone euro au 1er janvier 2023, la Croatie a compris les avantages d’adhérer à la monnaie unique.

Les démocraties l’emportent sur les Etats autoritaires 

2022 a également prouvé que les démocraties peuvent l’emporter sur les Etats autoritaires. Les premières ont sur la distance bien mieux géré l’épidémie de covid-19 que les seconds. La Chine avec sa politique « zéro covid » s’est enfermée dans une voie sans issue marquée par des confinements répétés. Contrainte de faire machine arrière, sans disposer de vaccins fiables, elle risque de payer un lourd tribut en 2023 tant sur le plan sanitaire que sur le plan économique. 

Les Etats occidentaux ont combiné principe de précaution et recherche, les restrictions de liberté y étant été temporaires, le temps d’organiser la vaccination en masse des populations.

Les informations fausses ou sombres ont plus de crédits que les bonnes nouvelles

Le pessimisme est à l’Ouest et les erreurs sont à l’Est que ce soit pour la covid et la guerre en Ukraine. La succession des crises, le ralentissement de la croissance, le réchauffement climatique sont anxiogènes. Les populations occidentales ne sont pas préparées à vivre dans l’attrition. L’absence de perspectives, d’espoirs à moyen terme alimentent la défiance à l’encontre des pouvoirs publics. La dictature de l’immédiateté, la fragmentation des opinions, aidées en cela par le fonctionnement en silo des réseaux sociaux, rendent difficiles l’émergence de consensus et la gouvernabilité des Etats, la France n’étant pas une exception en la matière. 

Les informations fausses ou sombres ont plus de crédit et génèrent plus de chiffre d’affaires que les bonnes nouvelles, l’internaute ayant naturellement tendance à préférer les premières aux secondes. 

2023 sera marquée par un double défi, la lutte contre l’inflation et l’accélération de la transition énergétique. L’une comme l’autre suppose une mobilisation de toutes et de tous. La baisse de la consommation énergétique constatée en France au mois de novembre dernier est le produit des économie réalisée par les ménages comme les entreprises. La sobriété n’est pas en soi une politique mais elle démontre toute la force du collectif au sein de sociétés en proie à un individualisme croissant.

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