Le Maire face à la crise

Bruno le Maire s’est imposé à Bercy. Tranquillement, comme il l’avait fait au ministère de l’Agriculture ou aux Affaires européennes.

On peut contester sa politique, pas sa compétence. Parmi les ministres de l’actuel gouvernement, il émerge, naturellement, à tel point qu’on prête son nom à tous les postes possibles, y compris celui de Premier ministre. Lui confirme qu’il ne veut que Bercy. Il avait déjà fait savoir qu’il ne voulait ni d’un poste de Commissaire européen, ni de la direction du FMI. Il l’a prouvé : il a favorisé la nomination de Thierry Breton à la Commission et pour celle de Kristalina Georgieva au FMI.

S’il se plait au Ministère de l’Economie et des Finances, c’est qu’il y est gâté : Jamais il n’y eut une telle crise économique en temps de paix.  Jusqu’ici, avec Christine Lagarde à la BCE, la réaction économique du gouvernement aura été à la hauteur. C’est même un des seuls secteurs dans lequel l’Etat a paru rapide, alerte, efficace. Mais, protégés par les mesures prises, les Français -les entreprises-  n’ont pas encore subi tous les effets de la crise.

Il est, des ministres de l’économie et des finances, celui qui intègre le plus une vision internationale dans sa politique, comme le ferait un militaire ou un diplomate : identifier les problèmes, tenter leur résolution, par le conflit ou la négociation, les deux étant souvent mêlés.

Tenir bon avec l’Allemagne et face au GAFA

Deux exemples récents : Le premier est l’accord sur le plan de relance européen avec l’Allemagne. L’Allemagne a changé de doctrine, notamment sur la mutualisation des prêts. C’est un changement fondamental pour l’Europe  et la France, une petite révolution. La crise du coronavirus en est le déclencheur immédiat. La raison lointaine est un travail de fond mené auprès des cercles dirigeants et des milieux économiques allemand que Le Maire fréquente depuis qu’il est ministre des affaires européennes. Le Maire parle allemand, ce qui a facilité la mise au point d’une réponse conjointe des deux cotés du Rhin. Le plan de relance européen est un succès franco-allemand, c’est surtout le fruit d’une stratégie réfléchie à long terme.

Autre exemple : la croisade sur la taxation des Gafas. On peut critiquer la loi, sa mise en application, les menaces de rétorsion, etc… Sur le fond, Le Maire a identifié, plus qu’une anomalie fiscale, un problème stratégique pour l’Europe : Son inexistence dans l’économie digitale – et le tribut quotidien qu’elle s’engage à payer aux géants américains et chinois. C’est en parlant stratégie, -et pas seulement fiscalité- qu’il a entrainé avec lui l’Espagne, l’Italie et même le Royaume-Uni, malgré les menaces de rétorsion des Etats-Unis. Il s’agit de dépendance ou d’indépendance. La bataille est en cours, et elle aura de nouvelles facettes.

Bruno le Maire, dans l’interview exclusive qu’il nous accorde, ce lundi 29 juin, détaille son analyse et ses projets, spécialement pour les Français de l’étranger qui sont aux premières loges de la crise mondiale.

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