À peine élus, les eurodéputés ont déjà quelques dossiers sur le feu en matière d’environnement. Au menu, qualité de l’eau, qualité de l’air et politique agricole commune.
Le 26 mai 2019, les nouveaux eurodéputés ont été élus pour un mandat de 5 ans. Les partis verts se sont démarqués lors de ce scrutin (9% du Parlement européen). La mandature qui débute s’annonce plus ouverte que la précédente.
«Sachant que libéraux et verts sont plus présents, peut-être que la Commissions européenne sera plus orientée vers l’écologie», estime un bon observateur du Parlement européen.
Qualité de l’eau
Si la plupart des dossiers environnementaux ont été traités par la précédente administration, celui de la qualité de l’eau potable est toujours dans les tuyaux. «Il s’agit de limiter les déchets plastiques en réduisant la consommation d’eau en bouteille. Pour ce faire, les parlementaires travaillaient à resserrer les vis sur la question de la concentration des polluants dans l’eau du robinet», indique une source au sein du Parlement européen. Plomb, bactéries, perturbateurs endocriniens et autres joyeusetés.
La question de la réutilisation des eaux usées est aussi toujours en discussion. Un potentiel évalué par Bruxelles à 6,6 milliards de mètres cubes en 2025. Le 12 février dernier, en session plénière, un projet de règlement pour l’utilisation des eaux usées dans l’irrigation a été adopté.
«Les nouvelles règles visent à promouvoir l’utilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation agricole, qui représente près de la moitié de l’eau utilisée chaque année dans l’Union européenne. Une plus grande réutilisation de l’eau dans l’agriculture pourrait aider à réduire le stress hydrique de 5% par an», explique le Parlement. De nouvelles normes de qualité de l’eau, des contrôles plus fréquents ont notamment été préconisés. Si les eurodéputés ont bien avancé sur ce dossier, les négociations n’ont toujours pas abouti entre le Conseil européen et le Parlement. Elles portent par exemple sur l’utilisation de ces eaux usées dans d’autres secteurs (l’industrie), le nettoyage de la voirie, par exemple.
Ambitions climatiques
En 2015, dans le cadre de la COP 21, l’UE s’était engagée, d’ici 2030, à réduire d’au moins 40% les émissions des gaz à effet de serre (CO2, méthane, protoxyde d’azote, etc.) par rapport à 1990, et ce dans l’ensemble des secteurs. Plusieurs instituts préconisaient plutôt une diminution de 70% d’ici 2030 pour respecter l’accord de Paris.
Le Parlement sortant a coupé la poire en deux. Lors d’une session plénière à Strasbourg, les députés ont soutenu une résolution non contraignante du projet de plan Climat de la Commission européenne pour 2050. L’objectif y était rehaussé à 55% d’ici 2030 et à 100% pour 2050. «Cela va être le gros sujet environnemental. Les stratégies dépendront des différents partis. Les propositions iront de la taxe carbone aux frontières, la taxe sur le kérosène des avions à une norme sur les émissions CO2 du secteur agricole…»
Politique agricole commune
Autre enjeu sur lequel se prononceront les élus: la réforme de la PAC. Là encore, celle-ci sera-t-elle plus orientée vers la transition écologique? «Quand je vois l’évolution du modèle agricole, après 50 ans de PAC pendant lesquels l’industrie et la chimie ont largement contribué à donner l’impulsion, j’estime qu’il faut en sortir», rappelait au JDLE, l’eurodéputé (PS) Eric Andrieu.
L’an passé, le projet de réforme de la PAC de la Commission n’avait pas convaincu la Cour des comptes européenne (CCE) qui, dans un avis publié le 7 novembre 2018, expliquait que la PAC post-2020 n’était pas «à la hauteur des ambitions affichées par l’Union concernant l’adoption d’une approche plus écologique et plus solide fondée sur la performance». Le vote (ou non) du budget de la PAC pour la période 2021-2027 est prévu pour cet automne. Affaire à suivre.
En attendant, les parlementaires, qui prendront leurs fonctions le 1er juillet, devront constituer les groupes politiques, auditionner chaque commissaire proposé par les Etats de l’Union. Et enfin, élire formellement le président de la Commission européenne et valider son budget. Rendez-vous en septembre.
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