Le budget 2025 de la mission Action Extérieure de l’État, examiné mardi dernier (ndlr 21 janvier), est un nouveau coup de massue, alors qu’est votée par la majorité sénatoriale une nouvelle coupe brutale de 12,3 % du budget du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.
Dans un contexte marqué par une diplomatie française à la peine, le retour au pouvoir de Donald Trump, une situation géopolitique inflammable, les guerres et les dérèglements climatiques, ce budget témoigne d’une déconnexion totale du gouvernement de la réalité et des besoins de notre administration, de notre communauté, de nos institutions et de notre service public à l’étranger.
La gestion budgétaire désastreuse de la présidence Macron et de ses gouvernements successifs, de même que le refus de percevoir de nouvelles recettes là où celles-ci sont possibles, mène le gouvernement et ses partenaires au Sénat à cette frénésie austéritaire.
Alors que ces groupes politiques rassemblent la majorité des sénatrices et sénateurs représentant les Français·es de l’étranger, les centristes et la droite sénatoriale ont choisi, une fois encore, de leur tourner le dos en votant en faveur de la dégradation du service public.
D’autant que les choix politiciens du nouveau gouvernement privent l’Assemblée nationale de toute discussion et d’un vote sur ces décisions budgétaires majeures.
Nous ne pouvons tolérer cette dégradation continue du travail parlementaire et du débat démocratique, portée par un gouvernement qui refuse l’alternance politique réclamée par les Françaises et les Français.
Nous, Écologistes, ne lâcherons rien.
Entendons-nous, en l’état actuel du service public consulaire, de la situation de nos institutions, de nos agents, de nos associations, de notre réseau d’enseignement français, de nos enseignants et AESH, ces coupes drastiques ne relèvent pas d’une mesure d’économie dans un cadre budgétaire contraint : ce n’est rien de moins qu’une attaque portée à notre solidarité nationale.
Elles menacent des services que l’on sait vitaux : l’action sociale, l’accès à la scolarité et à la langue française dans nos propres établissements, notre rayonnement culturel et linguistique, l’enseignement français à l’étranger, le traitement rapide des démarches administratives, de même que notre diplomatie, notre influence et la défense de nos valeurs.
L’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), déjà en déficit, subit une réduction de 15 millions d’euros. Les Alliances Françaises et Instituts français, déjà appelés à trouver des financements privés pour fonctionner, pourront encore moins compter sur l’État ; les élu·es consulaires étudieront, cette année encore, des dossiers de bourses scolaires et d’aides sociales sous la contrainte d’enveloppes insuffisantes.
Cette logique cynique fragilise les services essentiels à notre communauté établie à l’étranger. Les conséquences sont dramatiques : les démarches administratives seront plus longues et nos agents consulaires, déjà en sous-effectifs et à flux tendus, seront toujours plus sollicités, avec des moyens toujours plus réduits.
Combien de Français·es se retrouveront en difficulté à cause de ces choix irresponsables ?
Les coupes budgétaires inédites, au sein d’un budget dénué de toute vision de long terme, ne sont pourtant pas inéluctables.
Nous, Écologistes, défendons une politique qui protège nos ressortissant·es, soutient les plus démuni·es, facilite l’accès à l’éducation et œuvre pour la transition écologique. Pour soutenir cette politique, nous avons été, à deux sénatrices, à l’initiative d’un tiers des propositions présentées pour inverser la tendance austéritaire. Sur la soixantaine d’amendements proposés par l’ensemble des sénatrices et sénateurs sur cette mission budgétaire, tous ont été rejetés, sauf deux :
- le premier concernant la Caisse des Français de l’étranger (CFE) : après une longue lutte, nous avons obtenu un doublement de la contribution de l’État pour la catégorie aidée en vue de stabiliser sa situation financière. Cela reste insuffisant et en deçà de nos propositions, mais nous poursuivons nos travaux en vue d’établir des solutions concrètes et pérennes.
- le second, un amendement écologiste, vise à faciliter les rapatriements d’urgence en cas d’interruption volontaire de grossesse.
Nous continuerons à nous battre pour que les Français·es de l’étranger ne soient pas continuellement sacrifié·es sur l’autel d’une politique budgétaire absurde, qui vise à ronger les crédits d’un réseau pourtant déjà à l’os et en difficulté pour assurer nos services publics.
Alors qu’une dissolution pourrait à nouveau menacer l’Assemblée nationale et que se profilent déjà les prochaines élections consulaires, nous saurons porter un autre modèle de société.
Venez ajouter votre voix à la nôtre !
Mélanie Vogel et Mathilde Ollivier
Sénatrices écologistes des Français·es établi·es hors de France
Pour un récapitulatif des amendements présentés par les sénatrices écologistes, consultez ce dossier.
Pour répondre à l’appel et rejoindre le mouvement Les Écologistes Hors de France, rendez-vous sur leur site internet.
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