Les négociations sur le climat à la COP29, qui se sont tenues à Bakou au mois de novembre 2024, ont porté principalement sur le financement de la transition écologique dans les pays émergents et en développement. Le « nouvel objectif collectif quantifié » (NCQG) est censé remplacer l’ancien objectif de 100 milliards de dollars fixé lors de la COP21 à Paris. Cet objectif n’a pas été atteint en raison de la crise liée au Covid-19, de la décision de Donald Trump de retirer les États-Unis de l’Accord de Paris adopté le 12 décembre 2015, et plus largement des réticences des pays occidentaux à financer les pays en développement. Les pays du G77 avec la Chine en tête ont réclamé 1 300 milliards de dollars d’aides annuelles, somme jugée inacceptable par les Occidentaux. Ces derniers ont proposé vendredi 22 novembre une somme de 250 milliards de dollars par an. La discussion de cette enveloppe a amené les participants de la COP29 à reporter sa clôture.
Une négociation entre 250 et 1300 milliards par an
La question du financement de la transition écologique des pays en développement est un enjeu majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique. Pour estimer les besoins financiers des pays en développement dans le domaine climatique, les économistes identifient trois principaux volets. Le premier concerne les fonds publics nécessaires pour stimuler les investissements privés dans les énergies renouvelables. Le deuxième volet inclut les compensations versées aux pays pauvres pour fermer les centrales à charbon tout en préservant les forêts tropicales, qui stockent le carbone. Le troisième regroupe les besoins liés à l’adaptation des pays au réchauffement climatique, notamment face à l’élévation du niveau des eaux. La priorité est accordée au développement des énergies renouvelables.
La Commission pour la transition énergétique (ETC), un groupe de réflexion réunissant des entreprises privées basé à Londres, estime que les investissements annuels dans les pays en développement (hors Chine) doivent tripler pour atteindre 900 milliards de dollars, afin d’empêcher une hausse des températures mondiales de plus de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. La majeure partie de ces investissements devra provenir des gouvernements et du secteur privé, mais les subventions vertes des banques de développement devront également augmenter, passant de 50 milliards de dollars actuellement à 144 milliards de dollars par an.
Pour encourager les investissements, les négociateurs de la COP29 privilégient des dispositifs de garanties aux prêteurs et investisseurs permettant de couvrir les pertes potentielles. Cette technique est de plus en plus utilisée dans le cadre de l’aide internationale. En février, la Banque mondiale a annoncé un fonds pour doubler les garanties de prêts d’ici 2030, atteignant 20 milliards de dollars. Les banques régionales de développement se sont également regroupées pour fournir des assurances aux projets verts et assouplir les calendriers de remboursement.
Des accords bilatéraux pour faciliter des retours sur investissements
Pour accélérer l’abandon par les pays en développement des centrales électriques au charbon, les pays occidentaux sont invités à verser des aides directes. L’ETC évalue les besoins à 300 milliards de dollars d’ici 2030 pour soutenir la transition énergétique. Au total, les aides des pays riches nécessaires pour réussir la transition écologique devraient atteindre 500 milliards de dollars par an jusqu’en 2030. Une partie de ces fonds ne serait pas directement dépensée, car les garanties servent principalement de filet de sécurité. La répartition des aides et des garanties reste une question épineuse. La mise en place d’accords bilatéraux pourrait compliquer le suivi des engagements globaux et favoriser certains États au détriment d’autres. Les pays riches chercheraient à maximiser leurs retours sur investissement en exigeant que les fonds servent à acheter leurs équipements. Une alternative serait la création de nouvelles institutions multilatérales pour superviser la distribution locale des aides. Cependant, le contexte actuel n’est pas favorable au multilatéralisme.
La Banque mondiale se voit un avenir durable
Les pays en développement se montrent de plus en plus réticents à passer par ces institutions, perçues comme invasives et bureaucratiques. Le recours à la Banque mondiale apparaît comme la solution la plus pragmatique. Avec ses capacités d’analyse et son expérience, elle semble mieux placée pour assurer une distribution efficiente des aides. L’institution pourrait également accroître légèrement ses emprunts sur la base de ses fonds propres sans affecter sa note de crédit. Le 15 octobre, Ajay Banga, président de la Banque mondiale, a annoncé une réduction de son ratio de fonds propres de 19 % à 18 %, libérant ainsi 15 milliards de dollars par an. Malgré tout, pour remplir ses missions, la Banque mondiale a besoin d’une augmentation de capital.
La Chine conditionne son soutien à un rééquilibrage des pouvoirs au sein de l’institution, ce que les États-Unis refusent catégoriquement, s’opposant à tout renoncement à leur droit de veto. La réduction des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial ne pourra être réalisée que si les pays émergents et en développement s’engagent pleinement. Ces derniers considèrent que les pays occidentaux sont responsables historiques du réchauffement climatique depuis 1750 et qu’ils doivent supporter une part significative de la transition écologique. Ils ont ainsi récusé la proposition de 240 milliards d’euros d’aide annuelle des pays dits avancés.
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