Une petite musique se fait entendre ; pourquoi ne pas effacer la dette covid-19 afin d’éviter aux jeunes générations de la rembourser ?
Les partisans de cette thèse mettent en avant le fait que cette dette est, en grande partie, portée par les banques centrales. Ainsi cette annulation serait sans effet sur les épargnants et sur les créanciers. L’Italie, qui avec la Grèce et la France a une des dettes publiques les plus importantes au sein de l’Union européenne, serait favorable à une telle voie.
Séduisante au premier abord, l’annulation de la dette portée par les banques centrales est éminemment pernicieuse car elle serait, qu’on le veuille ou non, un défaut partiel de paiement.
Une annulation provoquerait une hausse des taux
Aujourd’hui, les Etats remboursent les banques centrales à des taux faibles voire négatifs comme c’est le cas en Europe. En retour, Ils profitent des bénéfices réalisés par les banques centrales sur la gestion de leur dette sous forme de dividendes. En cas d’annulation, ils n’auraient plus à rembourser le capital des emprunts mais ils perdraient en contrepartie une partie des bénéfices des banques centrales.
Comme, a priori, ils devront toujours s’endetter pour faire face à leurs besoins, il est fort à parier que les créanciers, non-banquiers centraux, exigent des taux d’intérêt plus élevés après l’annulation. Ces derniers penseront qu’ils seront les prochaines victimes de la banqueroute des Etats. L’augmentation des taux pourrait alors poser un problème de solvabilité des Etats concernés et se diffuser à l’ensemble des opérations de prêts. Ainsi, elle pénaliserait l’activité économique.
La monnaie fragilisée
Pour contrarier ce phénomène, les banques centrales seraient amenées à poursuivre leur mouvement de rachats d’obligations, aboutissant à une monétisation de plus en plus importante des dettes publiques. Leur annulation créerait ainsi une spirale infernale qui fragiliserait la monnaie. L’Allemagne et les Etats d’Europe du Nord refuseraient d’hypothéquer l’euro à travers une telle opération. Des arbitrages monétaires pourraient survenir entraînant une guerre des changes.
En cas d’annulation d’une partie de la dette publique, les gouvernements auraient du mal à expliquer aux bénéficiaires privés des prêts garantis de les rembourser. Les demandes d’effacement se généraliseraient, mettant en danger le système financier.
De même, à partir du moment où les grands Etats décideraient de ne plus honorer leurs créances, en vertu de quoi les pays pauvres le feraient ? Les dettes publiques tomberont les unes derrière les autres comme dans un jeu de domino avec des conséquences en chaine incalculables au niveau financier et économique.
Une aubaine pour les cryptomonnaies
La crise économique se muerait, alors, en crise financière de grande ampleur. Une telle opération d’annulation de dettes ne pourrait être menée qu’à l’échelle mondiale et devrait être fortement encadrée. Elle suppose une coopération forte entre les grands Etats qui pourraient être tentés d’imposer un Yalta économique et financier dont il n’est pas certain que l’Europe ressorte gagnante.
L’effacement des dettes accélérerait l’émergence d’une ou plusieurs cryptomonnaies en lieu et place des devises actuellement utilisées.
Avant de se lancer dans la voie de la banqueroute, les Etats auraient tout intérêt à en peser tous les avantages et tous les inconvénients.
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