Les États-Unis n’éprouvent, pour l’instant, aucune difficulté à financer un déficit extérieur très important, grâce au rôle du dollar comme monnaie de réserve mondiale et à leur attractivité pour les capitaux privés. Malgré la faiblesse de l’épargne intérieure, le dollar leur permet de maintenir des taux d’investissement élevés.
Depuis des décennies, les États-Unis ont un déficit structurel de leur balance courante. Ce déficit évolue entre -3 et -6 points de PIB. Or, malgré ce déficit, le taux d’investissement est élevé, supérieur à 25 % du PIB en 2022, quand le taux d’épargne national ne dépasse pas 21 % du PIB. Les Etats-Unis n’ont pas de contrainte de balance des paiements courants grâce au rôle particulier que joue leur devise.
De 1999 à 2022, le poids du dollar au niveau des réserves de change a reculé en passant de 71 à 60 %, Sur cette période, l’euro a gagné 3 points représentant en 2022 20 % de réserves de change. Les autres monnaies jouent un rôle assez marginal. Les réserves de change en RMB ne pèsent que 2,76 % soit moins que la livre sterling (4,5 %) et le yen (5 %). Le dollar est la monnaie de référence des échanges commerciaux et financiers en étant la valeur refuge par excellence. Ce rôle permet aux États-Unis d’attirer des capitaux de banques centrales et d’investisseurs privés tant pour financer la dette publique que des investissements privés. Les achats nets de titres du Trésor public américain atteignent plus de 2 points de PIB en moyenne depuis le début des années 2010.
Un effort d’innovation important, une rentabilité élevée
Le dynamisme des entreprises américaines se caractérisant par un effort d’innovation important et par une rentabilité élevée permet à ces dernières d’attirer des capitaux. Les achats par les non-résidents d’actions et d’obligations d’entreprises américaines ainsi que les investissements directs aux États-Unis s’élèvent, chaque année, en moyenne à plus de 2 points de PIB.
Même si l’euro est la deuxième monnaie mondiale de réserve, il reste moins attractif. Les achats nets d’obligations du secteur public par les non-résidents ne dépassent pas 0,5 point de PIB par an (moyenne 2019/2022). Les entrées de capitaux (actions, obligations d’entreprises et investissements directs) sont nettement plus faibles que pour les États-Unis, moins de 4 points de PIB en 2022.
Les investissements publics et privés européens inférieurs à ceux d’outre-Atlantique.
Les États membres de la zone euro ont moins de marges de manœuvre en ce qui concerne le solde de leur balance des paiements courants que les États-Unis et doivent compter sur l’épargne nationale pour financer les déficits. La balance des paiements courants est excédentaire depuis 2008. Le taux d’épargne atteint 26 % du PIB quand l’investissement est de 24 % du PIB. L’épargne sert à financer non seulement les déficits européens mais aussi américains. Dans ces conditions, il est assez logique que les investissements publics et privés européens soient inférieurs à ceux d’outre-Atlantique.
De 2002 à 2022, le PIB a crû de 50 % aux États-Unis, contre 28 % en zone euro.
Le dollar en étant un facteur d’attractivité pour les capitaux en provenance du monde entier est un atout pour la croissance des États-Unis. De 2002 à 2022, le PIB a crû de 50 % aux États-Unis, contre 28 % en zone euro.
La dédollarisation de l’économie mondiale souhaitée par la Russie voire la Chine reste hypothétique. Les États-Unis restent la première puissance économique et militaire. En période de crise, le dollar est une valeur refuge. En l’état actuel, l’euro, affecté par la guerre en Ukraine, n’apparaît pas comme une monnaie de réserve de substitution. Il est avant tout une monnaie de réserve des États membres de l’Union européenne. Il est pénalisé par l’absence de structures politiques fédérales. Il ne peut pas compter sur un budget de la zone euro, ni sur une armée européenne.
L’absence d’un marché financier réellement unifié constitue un des handicaps majeurs de la monnaie européenne. Il y a un manque de profondeur de marché qui limite les possibilités d’investissements. L’euro gagnerait en puissance si l’Union européenne poursuivait les émissions de dettes publiques, à l’instar des émissions qu’elle a réalisées dans le cadre du plan New Generation de sortie de crise Covid.
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