La population africaine sera multipliée par 11 en un siècle, passant de 287 millions à 2,5 milliards d’habitants de 1950 à 2050. À la fin du siècle, le continent africain pourrait compter plus de 4,2 milliards de personnes à moins que la transition démographique ne s’accélère. L’accroissement naturel est de 2,5 % par an et est assez proche de l’évolution du PIB, ce qui ne permet pas une amélioration substantielle des conditions de vie des habitants.
La forte croissance démographique est la conséquence d’une baisse sensible de la mortalité qui devance celle de la fécondité. Cette situation concerne essentiellement les pays d’Afrique subéquatoriale. Cette dichotomie a été enregistrée lors de toutes transitions démographiques, en Europe comme en Asie ou en Amérique latine.
La mortalité infantile en Afrique subsaharienne a été divisée par quatre de 1950 à 2018 passant de 31 à 8 %. Cette diminution ne s’est pas encore traduite au niveau de la fécondité. La réduction du nombre de naissances est faible en raison des mariages des femmes qui restent précoces. Plus de 50 % des femmes en Afrique subsaharienne ont été mariées avant 20 ans. Ce taux atteint plus de 75 % dans de nombreux pays. La contraception reste peu utilisée. Au niveau mondial, 63 % des femmes de 15 à 49 ans ont recours à des moyens contraceptifs. Ce taux est inférieur à 25 % en Afrique (hors Maghreb). Au Tchad, en Guinée ou en Mali, ce taux est inférieur à 10 %. Pour les Africains, avoir de nombreux enfants demeure une priorité. Au Tchad, selon une étude de l’ONU, les hommes souhaitent avoir plus de 13 enfants et les femmes 9.
L’évolution démographique de ces prochaines années dépendra de celle des comportements. Si le nombre d’enfants par femme passe de 5 à 3, la population africaine s’élèvera à 3 milliards contre 4,2 milliards selon le scénario moyen retenu par l’ONU. Plusieurs pays ont réussi, en mettant en place des moyens de formation des familles et des plans de contraception, à accélérer leur transition démographique. En Algérie, en Égypte, au Maroc et en Tunisie le nombre d’enfants par femme est ainsi passé de 5 à moins de 3 en une vingtaine d’année. Dans ces pays, 60 à 70 % des femmes de 15 à 49 ans ont recours à des techniques de contraception, ce qui correspond à la moyenne mondiale. La réussite des plans gouvernementaux en matière de régulation des naissances passe par l’éducation des femmes. En 2015, 39 % des femmes africaines n’avaient reçu aucune éducation ou n’avaient suivi aucun cycle primaire complet. Ce taux est de 30 % pour les hommes. Les pays comme l’Algérie ou le Maroc où le taux d’alphabétisation des femmes est élevé, connaissent des transitions démographiques plus rapides. Il en est de même pour les pays où les droits des femmes sont les mieux respectés.
La question démographique est majeure pour les pays de l’Afrique subsaharienne. Si elle n’est pas traitée, les risques de déstabilisation de la région, déjà élevés, ne pourront que s’accroître tout comme les migrations. Cette explosion démographique s’accompagnera d’une urbanisation importante nécessitant la réalisation d’infrastructures en matière de transports, d’alimentation en eau, d’assainissement, d’énergie et de communication. Il conviendra également d’améliorer les rendements de l’agriculture africaine afin de pouvoir approvisionner la population.
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