Le conseil des ministres a mis fin aux fonctions de Rodolphe Gintz, le directeur général des douanes, le 26 août. Un conflit social sévère dû au retour de la frontière avec le Royaume-Uni a traversé l’administration chamboulée par le Brexit.
« C’est une des premières victimes du Brexit ». Au sein de l’administration des douanes, le départ du directeur général discrètement remercié fin août, après seulement deux ans en poste, fait sourire.
Ancien conseiller des finances publiques de François Hollande à l’Elysée, polytechnicien de formation, Rodolphe Gintz avait notamment géré les conséquences d’une affaire de corruption à la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières, ou encore une perquisition du PNF (Parquet national français) dans une autre affaire de vedette rapide acheté par les douanes. Mais c’est le Brexit et ses conséquences explosives qui lui auront coûté son poste.
Machine à café
Il paie visiblement le prix d’un conflit social dur qui avait surgi au printemps dernier, après une phrase malheureuse d’un autre polytechnicien. Jacques Gounon, le président d’Eurotunnel (GetLink) avait assuré qu’il y aurait un temps d’adaptation pour la frontière, le temps que les douaniers « sachent où se trouvent la prise ou la machine à café. »
Une attaque qui était d’autant plus mal passée que la direction expliquait, dans le même temps, que le retour de la frontière britannique nécessitait de revenir aux trois huit pour de nombreux agents, et ce avec une rémunération quasiment identique la nuit.
La mobilisation avait vite fait tâche d’huile, au sein d’une administration qui se sent par ailleurs menacée par la réforme de la gestion des finances publiques : la retenue à la source entraîne en effet la suppression de milliers de postes au sein de l’administration des impôts, et certaines fonctions sont en train d’être retirées aux douanes.
Bilan : pour la CFDT, qui a édité un tract après le départ du directeur général, « l’été a été meurtrier ».
Au final, le conflit issu du Brexit coûte cher à l’Etat, les douaniers ayant obtenu une revalorisation sérieuse de leurs heures nocturnes, ainsi qu’une prime mensuelle pour les 17000 agents.
Un moment stratégique
A Bercy, on reconnait que le Brexit qui s’approche représente « un moment stratégique pour l’administration des douanes », tout en assurant que le départ du directeur général fait partie de la rotation normale des postes dans les administrations, et que la continuité est assurée puisque le directeur général adjoint reste en place.
La période est d’autant plus sensible que les effectifs commencent à être sollicités dès maintenant. Entre le 15 septembre et le 15 octobre, des expériences ponctuelles vont être menées pour tenter d’appréhender concrètement comment se passe un Brexit sans accord. 700 douaniers supplémentaires sont prévus pour gérer la frontière, dont la moitié sur la façade maritime de la Manche, et l’autre moitié dans les aéroports et à Paris à l’arrivée de l’Eurostar.
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