L’ambassadrice du Canada en France, Isabelle Hudon, a haussé le ton mercredi et fustigé le « Canada bashing » entendu selon elle lors du débat parlementaire sur l’accord de libre-échange entre l’UE et le Canada (Ceta) qui n’a pas encore été ratifié.
« Au cours de la dernière année et particulièrement lors du débat sur le Ceta de l’été dernier (à l’Assemblée nationale), j’ai entendu des propos franchement choquants sur le Canada et son agriculture, comme si nos fermiers produisaient sans normes une nourriture dangereuse et de piètre qualité », a affirmé l’ambassadrice lors d’une audition au Sénat.
« Le terme français pour ce que j’ai entendu est presque l’agribashing, voire le Canada bashing », a ajouté l’ambassadrice. « Je ne veux pas laisser dresser un portrait faussé au service de certaines postures politiques », a-t-elle affirmé.
« Je ne veux plus voir mon pays abîmé, injustement taxé des pires maux sanitaires et environnementaux », a-t-elle insisté face aux sénateurs.
« Je vous demanderais de considérer que les agriculteurs canadiens, tout autant que les agriculteurs français, méritent notre respect. Ils font face aux mêmes pressions que les vôtres, des normes toujours plus strictes et des exigences des consommateurs toujours plus élevées », a-t-elle affirmé.
Isabelle Hudon a rappelé les hausses des exportations agricoles françaises vers le Canada depuis l’entrée en vigueur partielle de l’accord il y deux ans, avec notamment une progression de 11 % des vins français qui ont ainsi ravi la première place à ceux des États-Unis.
« Avec le Ceta, le Canada tend la main à l’Europe et à la France », a affirmé l’ambassadrice, qui a prévenu les sénateurs français du « message géopolitique » qu’ils enverraient à son pays en rejetant l’accord commercial.
« Ce serait une sacrée gifle s’il fallait que le premier vote contre [le Ceta dans l’UE] vienne de la France », a-t-elle estimé.
Négocié pendant plus de sept ans, « l’Accord économique et commercial global » (AECG) — en anglais Ceta — avait été approuvé par le Parlement européen en février 2017. Il supprime notamment les droits de douane sur 98 % des produits échangés entre l’Union européenne et le Canada.
Fin juillet, l’Assemblée nationale française avait approuvé le Ceta par 266 voix contre 213 et 74 abstentions. Mais 9 députés du parti présidentiel LREM s’étaient prononcés contre et 52 s’étaient abstenus. La droite avait voté contre.
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