L’Allemagne est dans le collimateur de certains de ses partenaires européens en raison de la persistance d’importants excédents extérieurs et en raison d’une politique budgétaire restrictive.
Le comportement allemand aboutirait à affaiblir la demande interne de la zone euro. L’Allemagne semble considérer que sa politique sert ses intérêts. Or, tel n’est pas le cas car cette dernière provoque une mauvaise allocation de la richesse produite et une faible croissance. Puisque le secteur privé épargne beaucoup en Allemagne, elle conduit globalement à un excès énorme d’épargne de l’Allemagne, d’où l’accumulation d’actifs extérieurs très importants. Mais le rendement de ces actifs extérieurs est faible, plus faible certainement que celui d’investissements privés ou publics en Allemagne.
La réduction rapide du taux d’endettement public conduit à un excès de demande pour la dette publique de l’Allemagne, d’où un taux d’intérêt à long terme d’équilibre extrêmement bas, ce. qui pose un problème sérieux dans un pays vieillissant au taux d’épargne élevé.
L’Allemagne croit s’enrichir en réduisant son taux d’endettement public. En réalité, elle s’appauvrit avec le faible rendement de ses actifs extérieurs et le rendement nul de son épargne domestique. Depuis 2012, le solde budgétaire allemand est positif et a atteint 1 % du PIB en 2018. La dette publique qui dépassait 80 % du PIB, en 2010, n’était plus que de 57 % en 2018. La balance des paiements courants dégage depuis 2003 un excédent qui s’est élevé à 8 % du PIB en 2018.
En raison du vieillissement de la population, le taux d’épargne a tendance à progresser en Allemagne. Il est proche de 18 % du revenu disponible brut contre 15 % en 2003. Les entreprises dégagent également de fortes capacités d’épargne. L’Allemagne dispose donc d’une épargne abondante qui, depuis la crise des dettes souveraines, n’est plus recyclée au sein des États périphériques.
Ce changement dans les circuits de financement oblige les autres États de la zone euro à rééquilibrer leurs comptes extérieurs, ce qui les amène à pratiquer des politiques restrictives. En optant pour des obligations sans risque, les Allemands contribuent à en baisser le rendement, ce qui pénalise les épargnants et les retraités
Ce problème est d’autant plus important que la proportion de personnes de plus 60 ans est élevée : 28 % en 2018 et 36 % en 2040. Le taux d’intérêt à 10 ans pour les emprunts d’État est négatif en juin 2019 quand il dépassait 5 % en 2003. L’écart entre le taux d’intérêt et le PIB atteint près de deux points depuis cinq ans.
Par ailleurs, l’allocation de l’épargne est défavorable aux investissements, tant en Allemagne qu’au sein de la zone euro. Les investissements des entreprises sont, pour l’Allemagne, inférieurs d’un point de PIB en 2019 à ceux d’avant la crise de 2008. L’investissement public en 2018 est de 2,2 % du PIB en Allemagne, et de 2,75 % en zone euro hors Allemagne contre respectivement 2,5 et 4 % en 2007.
La rigueur allemande serait sur le long terme contreproductive. En effet, en n’investissant pas, le pays met en danger la croissance des prochaines années. Les Allemands en optant pour des produits de taux à faible rendement réduisent leur pouvoir d’achat et empêchent un recyclage optimal des capitaux au sein de la zone euro. De ce fait, le Gouvernement aurait tout intérêt à accroître les dépenses d’investissement et à inciter les entreprises allemandes à le faire également dans leur pays mais aussi dans les autres États membres.
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