L’Algérie en interim, des élections mais lesquelles ?

L’Algérie en interim, des élections mais lesquelles ?

Depuis le 9 juillet, le Président par interim Bensalah ne devrait plus être Président. L’interim est terminé. Une situation validée par le Conseil constitutionnel, jusqu’à l’élection d’un nouveau Président, qui ne risque pas d’avoir lieu avant longtemps.

Le 5 juillet, pour le 57ème anniversaire de l’Indépendance, la fête officielle a été occultée par une immense manifestation convergeant vers le centre d’Alger. Pour cette vingtième manifestation « anti-système », les uns réclamaient le départ de l’homme fort du pays, le général Ahmed Gaïd Salah, les autres annonçait une « deuxième indépendance de l’Algérie »,  « confisquée depuis l’indépendance par le FLN et l’armée ».

Comme d’habitude, la police et les hélicoptères observaient la foule, mais le caractère pacifique des manifestations se confirme, ainsi que la volonté d’éviter les heurts.

Pourtant, le général Salah a fait engager des poursuites contre ceux qui portent atteinte à l’armée ou qui tentent de diviser l’Algérie en brandissant d’autres drapeaux que le drapeau national. 35 personnes, qui avaient dressé des drapeaux berbères, ont été arrêtées.

« Kabyles et Arabes sont frères, Gaïd Salah est avec les traitres », chantait la foule en réponse à leur nouvelle cible, considérant que cette manœuvre voulait simplement dresser les Arabes contre les Kabyles. Le général Salah qui, par son revirement, a provoqué la chute du clan Bouteflika, a mis pas mal de ses amis en prison. Le frère du président déchu, des généraux du service de renseignement, rivaux de toujours, comme Tartag et Toufik, des hommes d’affaires, d’anciens politiques, anciens ministres et premiers ministres, tous jetés en pâture pour corruption, afin de donner des gages à la foule, et montrer son pouvoir au dernier carré du régime.

Récemment, il a aussi mis en prison un ancien commandant de l’Armée de Libération nationale, Lakhdar Bouregaa, 86 ans, de quoi en faire un nouveau héros : « outrage à corps constitué et atteinte au moral de l’armée ». Signe qu’à force d’user de son pouvoir, le Général use moins sa tête : On n’arrête pas les vieillards. Après Bourregaa, pourquoi pas Salah lui-même ? L’âge n’offrant aucune protection, l’ancien Secrétaire général du FLN et ancien ministre, le sénateur Djamel Ould Abbes, 86 ans, qui avait eu l’honneur d’annoncer que Bouteflika serait candidat, a été lui aussi arrêté. Comme Said Barkat, un autre ministre. Au rythme d’un ministre par jour, le cercle se resserre. Au tour de qui, au profit de qui?

L’Algérie est en phase de vide institutionnel. Avec un Président provisoire, Bensalah, symbole de l’ancien régime, et sans réel pouvoir. Les Algériens ne demandent même plus son départ. Ils ciblent Salah.

Il y a peu de chance que le général puisse résister. Après tant de servilité, l’autoritarisme ne convainc personne. Et pour l’instant, il ne fait peur qu’à ses amis. Enfin, il ne fait pas vraiment consensus au sein de l’armée. S’il ne veut pas finir en fuite, il devrait vite trouver une solution.

Bensalah l’intérimaire a proposé un dialogue national sans l’armée. La rue refuse, une partie de l’opposition accepte. Les généraux Ben Ali Ben Ali, de la Garde républicaine, et le Commandant de l’armée de terre Saïd Chengriha, se taisent. Gaïd Salah pense-t-il à une solution à l’égyptienne ? A un interim de longue durée ? Peut-être la solution serait-elle de commencer par d’autres élections que les élections présidentielles.

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