L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN n’a jamais été garantie dans l’accord de paix, selon Mark Rutte

L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN n’a jamais été garantie dans l’accord de paix, selon Mark Rutte

Munich, Allemagne — L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN n’a jamais été promise dans le cadre d’un éventuel accord de paix, a déclaré Mark Rutte ce vendredi, semblant se ranger du côté de la volonté de la nouvelle administration américaine, au grand dam d’Ursula von der Leyen.

Le secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a déclaré que l’adhésion, et par conséquent les garanties de défense mutuelle pour l’Ukraine, n’ont jamais été liées par les membres de l’alliance aux négociations de paix.

L’éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, promise pour la première fois dans la déclaration de Bucarest de 2008 et réitérée après l’invasion à grande échelle de la Russie en 2022, « ne concerne pas l’accord de paix », a déclaré Mark Rutte à son arrivée à la Conférence de Munich sur la sécurité.

Les dernières 48 heures ont été mouvementées pour l’alliance militaire.

Mercredi à Bruxelles, il est devenu clair que les négociations de paix en Ukraine seraient menées par les États-Unis, et que l’Europe et l’Ukraine n’y auraient qu’un rôle très réduit, malgré les protestation des responsables européens.

Selon le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, en outre, l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN sera exclue des discussions que le président Donald Trump a annoncées plus tard dans la journée.

Si les commentaires de Pete Hegseth avaient déjà rendu impossible l’adhésion de l’Ukraine à l’alliance dans le cadre d’un accord de paix, les remarques de Mark Rutte aujourd’hui — qui s’écartent du discours récent de l’OTAN, qui était bien plus ambigu à ce sujet — le confirment.

« La garantie ultime de sécurité »

Pour l’Ukraine, l’adhésion à l’OTAN représente la garantie ultime de sécurité. La seule protection crédible contre une nouvelle attaque de Moscou.

En 2023, alors que l’Ukraine s’était une nouvelle fois vue promettre l’adhésion, les dirigeants de l’alliance avaient également déclaré que le pays devrait d’abord remplir certaines conditions. L’une des conditions essentielles était la fin de la guerre.

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, tient sa conférence de presse de clôture à l'issue des réunions des ministres de la Défense au siège de l'OTAN le 13 février 2025 à Bruxelles, en Belgique. ©Omar Havana/Getty Images
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, tient sa conférence de presse de clôture à l’issue des réunions des ministres de la Défense au siège de l’OTAN le 13 février 2025 à Bruxelles, en Belgique. ©Omar Havana/Getty Images

Les délais et les modalités de l’adhésion de l’Ukraine sont délibérément restés flous. Les membres ayant des points de vue inconciliables. Les États-Unis et l’Allemagne, en particulier, ont refusé de s’engager sur un calendrier plus précis.

Si certains au sein de l’OTAN peuvent considérer l’adhésion de l’Ukraine comme un sujet à aborder dans le cadre des pourparlers de paix, « cela ne fait pas partie du résultat », a ajouté Mark Rutte.

« Nous devons procéder étape par étape, nous devons nous assurer que l’accord garantit que [Vladimir] Poutine n’essaiera pas [d’attaquer] à nouveau. »

Outre la réunion États-Unis–Ukraine de vendredi à Munich, des pourparlers de paix sont prévus en Arabie saoudite. Bien que les États-Unis n’aient pas confirmé les détails, des informations suggèrent que Donald Trump tiendra deux réunions bilatérales distinctes. Une avec le président russe Vladimir Poutine et une avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

John Coale, l’envoyé spécial adjoint de Donald Trump pour l’Ukraine, a déclaré jeudi que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN était « toujours d’actualité », selon Reuters. Bien que Pete Hegseth ait indiqué le contraire la veille.

Le risque de la déroute de l’Ukraine

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a quant à elle lancé un avertissement sévère à Washington, affirmant que l’échec de la paix en Ukraine affecterait non seulement la sécurité européenne, mais aussi celle des États-Unis.

« La déroute de l’Ukraine affaiblirait non seulement l’Europe, mais aussi les États-Unis », a averti Ursula von der Leyen dans un discours combatif à Munich.

L’UE et les États-Unis veulent tous deux mettre fin aux effusions de sang en Ukraine et conviennent que Kiev aurait besoin de « solides garanties de sécurité ».

« L’Ukraine a besoin de la paix par la force. L’Europe souhaite la paix par la force. Et comme l’a affirmé très clairement le président Trump, les États-Unis sont fermement décidés à obtenir la paix par la force », a poursuivi la présidente de la Commission, reprenant le mantra de l’entourage de Donald Trump.

Elle a également souligné l’importance de l’aide financière et militaire apportée par les Européens à l’Ukraine par rapport à celle des États-Unis. Un commentaire visant à répondre aux accusations de Donald Trump selon lesquelles l’Europe ne fait pas sa part.

« Sur le plan financier et militaire [l’aide européenne] se chiffre globalement à 134 milliards d’euros. Personne d’autre n’a autant contribué », a-t-elle souligné.

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