La saison « 2 » du confinement a révélé que la valeur « travail » n’est pas morte.
Télétravail pas si apprécié
A la différence du mois de mars, les Français ont, dans leur grande majorité, continué de travailler. Le télétravail, qui était la star du premier confinement, brille moins au second. Les pouvoirs publics ont réclamé à plusieurs reprises son application aux entreprises. Dans bien des cas, ce sont les salariés eux-mêmes qui demandent à rejoindre leur bureau ou leur poste de travail un voire plusieurs jour(s) dans la semaine. Les banques et les assureurs ont maintenu leurs agences ouvertes. Les droits de retrait, qui étaient légion au printemps, se sont faits plus rares cet automne. Les commerçants, avec les libraires, en tête, se sont engagés dès la fin du mois d’octobre dans une fronde afin d’obtenir la réouverture, la plus rapide possible, de leur activité. Les promesses d’aides et le soutien de l’État n’y ont rien fait, leur souhait étant de travailler.
La crainte de perdre son emploi et ses revenus explique évidemment cette volonté qui se manifeste depuis le 30 octobre. Quand le ministre de la Santé, déclare le 19 novembre que « la santé mentale s’est significativement dégradée durant le deuxième confinement », il pointe du doigt les dangers de l’isolement et de l’inactivité, vecteurs d’angoisse et de dépression.
L’entreprise, un lieu de vie
L’entreprise est aujourd’hui, dans une société largement laïcisée, le principal mode de socialisation des individus. Lieu de rencontres et d’échanges, elle remplit un rôle social qui apparaît, dans une année marquée par trois mois de confinement, bien plus important que celui joué par les réseaux sociaux ou les plateformes de vidéos à distance.
Le travail est à la fois un facteur de convivialité, de réalisation et de reconnaissance. La notion d’utilité pour soi et pour les autres constitue un des moteurs de la vie humaine. « La fin du travail » avancée par certains, avec le processus de digitalisation accélérée des activités, ne semble pas au vu de ces derniers le meilleur des mondes, ni même une garantie d’efficacité. La crise sanitaire a démontré que la France manquait d’infirmiers, de médecins ou d’aides-soignants. Elle a aussi prouvé à de nombreux parents que l’enseignement était un véritable métier, complexe et harassant.
Valoriser les métiers
Elle a peut-être permis de comprendre que ces métiers essentiels n’étaient pas assez valorisés dans tous les sens du terme. Si un ordinateur peut battre le champion du monde de go, si un algorithme peut déterminer les placements les plus rentables ou élaborer un diagnostic médical, ils ne peuvent pas apporter un service personnalisé auprès de patients et trouver sans intervention humaine une solution à une situation exceptionnelle.
Si les chercheurs et les pouvoirs publics tâtonnent, tergiversent, se contredisent face au coronavirus, c’est en grande partie en raison de l’absence de précédent. Par son travail et son acquis professionnel, l’être humain a la capacité de pouvoir s’adapter à un changement d’environnement.
Le principe d’un revenu universel défendu par des libéraux comme par des tenants de la social-démocratie n’est-il pas une mauvaise réponse, une réponse triste, au problème légitime de la satisfaction des besoins essentiels ? La question est plutôt la capacité de trouver des emplois favorisant l’épanouissement de chacun en fonction de ses compétences et de ses appétences.
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