Depuis le début des années 2000, nombre de certitudes se sont envolées. La fin de l’Histoire promise par Fukuyama après l’effondrement du bloc soviétique en 1991 s’est achevée un 11 septembre 2001 avec les attentats contre le Word Trade Center.
L’Occident qui dominait le monde depuis le 17e siècle est désormais concurrencé par l’Asie et, en premier lieu, par la Chine. L’infaillibilité économique des pays avancés, si elle a existé, a été ébréchée avec la crise financière de 2008. Le système économique a alors failli imploser comme un jeu de dominos en raison d’une titrisation excessive et incontrôlée de prêts immobiliers souscrits par des ménages aux ressources modestes. En 2012, la zone euro a dû relever le défi de la crise des dettes souveraines.
La covid-19 rappelle la fragilité de la présence humaine
En 2020, l’épidémie du covid-19 rappelle la fragilité de la présence humaine sur terre. Comme au temps de la peste au Moyen Âge, comme en 1832 avec le choléra ou comme en 1918 avec la Grippe espagnole, les pouvoirs publics n’ont pour l’instant d’autre solution que de sommer les populations de se calfeutrer et d’isoler les malades dans l’attente d’un éventuel remède.
Dans la société digitale, l’impatience est devenue le fil conducteur de l’état d’esprit des gouvernements et de l’opinion. Celle-ci vaut pour le remède sanitaire comme pour celui concernant la situation économique. Après avoir été stoppée net, elle se doit de redémarrer au doigt et à l’œil.
Par ailleurs, les gouvernements entendent profiter de l’épidémie pour régler la question de la transition énergétique. Les gouvernements pouvant s’affranchir de toutes les règles de bonne gestion entendent en profiter pour réaliser des investissements, donc des dépenses, qui n’étaient pas finançables jusqu’à maintenant.
La création monétaire débridée
Cette succession de chocs sans précédent aboutit à mettre de côté les règles traditionnelles de la création monétaire. Longtemps, celle-ci a dépendu d’un collatéral prenant la forme d’un métal précieux et du crédit. Si ce deuxième facteur demeure d’actualité, depuis 1976, avec l’abandon officiel de l’étalon or, la monnaie dépend du bon pouvoir des banques centrales.
En vertu des règles monétaristes ayant eu cours jusque dans les années 2000, la masse monétaire évoluait en fonction d’un objectif d’inflation. Celle-ci étant aux abonnés absents, et les besoins de financement se multipliant, les masses monétaires aux quatre coins de la planète progressent au rythme d’un TGV avançant à pleine vitesse.
La culture du déficit public
Ce n’est plus l’or, le PIB, les prix qui font la monnaie mais les déficits publics et privés. Cette pratique étant générale, les investisseurs ne peuvent guère sanctionner de tels agissements. La seule échappatoire serait la création d’une nouvelle monnaie ou cryptomonnaie, privée ou publique, qui pourrait se substituer aux vieilles monnaies des vieux Etats perclus de dettes. Ces derniers disposent du monopole du pouvoir coercitif pour imposer les règles du jeu monétaires.
Par ailleurs, malgré leur sujétion de plus en plus nette aux gouvernements, les banques centrales sont reconnues comme compétentes, empêchant une fuite devant la monnaie et l’émergence de nouvelles monnaies. Dans un monde averse aux risques, la signature des gouverneurs des banques centrales reste jusqu’à preuve du contraire la dernière des valeurs.
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