Sans les avancées de la recherche génétique, la lutte contre l’épidémie de Covid-19 serait bien plus difficile. Les travaux sur les génomes qui ont commencé dans les années 1970 prouvent actuellement toute leur utilité. Le premier virus à avoir vu son génome décrypté était le ms2, en 1976. Cette structure simple comporte 3 569 lettres d’ARN. Cette découverte fut le fruit d’une dizaine d’années de travail dans un laboratoire belge. Le génome sars-cov-2, qui est presque neuf fois plus long, a été publié quelques semaines à peine après sa découverte par des médecins de Wuhan.
De 10 millions à 1000 dollars
Depuis, plus d’un million d’échantillons différents de sars-cov-2 ont été décryptés afin de rechercher d’éventuelles mutations. Pour la première fois, la séquence génomique originale est devenue la base de plusieurs vaccins à destination des femmes et des hommes. La lecture de l’ADN dans un génome humain coûtait plus de 10 millions de dollars en 2007, aujourd’hui, l’opération est réalisée pour moins de 1 000 dollars.
La digitalisation et le recours à l’intelligence artificielle sont une source d’innovations importante que des entreprises comme Moderna ou BioNTech ont su exploiter. Leurs vaccins sont novateurs dans le sens qu’ils permettent aux cellules du corps humain de fabriquer la protéine virale permettant de stimuler le système immunitaire.
Une nouvelle révolution en médecine ?
Vingt ans après les premières expérimentations, le succès des vaccins ARN contre le sars-cov-2 ouvre de nouvelles perspectives à la médecine. Des vaccins contre des maladies restant peu ou mal traitées comme le paludisme ou le cancer sont imaginables. En recourant à l’ARN, la médecine dote le corps humain de la possibilité de se réparer. Les cellules peuvent être amenées à réaliser certaines tâches. Les thérapies adaptées aux anomalies génétiques rares, voire ponctuelles, pourraient trouver des outils jusqu’à maintenant inconnus.
Avec l’ARN, la médecine pourrait être à l’aube d’une nouvelle révolution à l’image de celle des antibiotiques en 1945 ou celle de la radiographie à partir des années 1960. La pandémie a également démontré la valeur des technologies de séquençage de gênes.
L’observation de sars-cov-2 lors de sa mutation est un élément clef dans la lutte contre l’épidémie. Elle permet un suivi des mutations et de travailler rapidement sur une adaptation des vaccins. Si le covid-19 devenait endémique, ce qui est loin d’être improbable, dans les prochaines années, des dispositifs de séquençage seront certainement développés afin de suivre en temps réel les virus et leur évolution. Des systèmes d’alerte précoce pour la propagation d’agents pathogènes pourraient être créés. La pandémie a comme conséquences positives de dévoiler tout le potentiel des biotechnologies et de la recherche génétique. Avec l’accroissement des moyens et la médiatisation dont bénéficie actuellement ce secteur, de nombreuses avancées sont attendues dans les prochaines années. Les laboratoires pharmaceutiques qui ont été longtemps dubitatifs sur l’intérêt de ces nouvelles technologies devraient modifier leur plan de recherche en leur faveur.
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