Les pays européens sont confrontés à une deuxième vague. Le président Emmanuel Macron a décidé d’instituer un couvre-feu au sein des principales métropoles françaises et a indiqué que les Français devraient vivre avec le virus au moins jusqu’à l’été 2021.
La guerre contre la covid-19 comportera donc plusieurs batailles. Tous les pays espèrent que les scientifiques trouveront rapidement un traitement ou un vaccin. Pour le moment, en raison d’une communication contradictoire et approximative, le doute s’insinue dans les esprits au point de ne plus croire les informations délivrées par les pouvoirs publics. Les annonces sur la commercialisation imminente d’un vaccin que ce soit en Russie, en Chine voire aux États-Unis laissent perplexe.
Dans le passé, la mise au point de médicaments a toujours nécessité du temps. Ainsi, entre la découverte de la pénicilline, en 1928, par le scientifique écossais, Alexander Fleming, et son utilisation comme antibiotique par Ernst Boris Chain et Howard Walter Florey, une dizaine d’années furent nécessaire. Ce n’est qu’à partir des années 1940 que la pénicilline a été utilisée un peu partout pour soigner diverses infections bactériennes graves, telles que la pneumonie. Les trois savants sont reçus le Prix Nobel de médecine en 1945. Pasteur dut lui-même faire plusieurs expérimentations et convaincre la communauté scientifique avant d’imposer son vaccin antirabique.
200 vaccins candidats
Par rapport à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe siècle, les moyens techniques et financiers sont sans comparaison afin de combattre une maladie qui à fin septembre avait touché plus de 30 millions de personnes et en avait tué plus d’un million. Mi-octobre, 200 vaccins candidats sont en effet à l’étude. Si certains ont été abandonnés, d’autres sont en phase trois, c’est-à-dire en expérimentation sur des femmes et des hommes. Les procédures d’expérimentation et de validation des vaccins sont complexes. Ils doivent être efficaces et bien supportés avec peu d’effets secondaires.
Sur le premier point, les premiers retours sont variables avec des taux d’efficacité variant de 30 à 60 %. Les pouvoirs publics devront décider s’ils utilisent ou pas un vaccin à faible efficacité sachant qu’un autre pouvant avoir un meilleur rendement est susceptible de sortir quelques semaines après. Sur les effets secondaires, le silence est pour l’instant de rigueur.
La qualification d’un vaccin ne signifie pas la fin du problème. Il faudra alors engager la production, la commercialisation et la vaccination. Ce schéma n’est pas simple. Il suffit pour s’en convaincre d’apprécier les difficultés générées par l’actuelle vaccination contre la grippe. De nombreuses officines de pharmacie seraient déjà en rupture de stocks. Pour la vaccination, il faudra également s’approvisionner en quantités tout aussi grandes en dispositifs d’inoculation, seringues ou aérosols nasals, par exemple, ce qui ne sera pas une mince affaire, eu égard aux récentes pénuries de masques lors de la première vague de l’épidémie. Il faudra former du personnel et régler d’importants problèmes logistiques, en particulier au sein des pays en développement.
Indispensable et incertaine coopération internationale
Plusieurs États ont décidé de souscrire des contrats de préférences nationaux pour la vaccination de leur population. Cette pratique pourrait aller à l’encontre des intérêts de santé publique. Ainsi, si au moment de la mise en place des vaccins, certains pays sont plus frappés par l’épidémie, pourront-ils avoir accès à un stock plus important même s’ils ne sont pas prioritaires pour le laboratoire.
Un minimum de coopération internationale apparaît nécessaire. Elle le sera d’autant plus pour gérer le coût de la vaccination en particulier pour les pays pauvres. Il faudrait au moins parvenir à un accord sur la gestion des droits de propriété intellectuelle. Au niveau de la recherche, la concurrence a été de mise. Les entreprises dont certaines se sont regroupées mènent de front leurs recherches. Les instances internationales comme l’OMS tentent de réguler mais en vain.
Le monde de la santé apparaît éclaté, les États-Unis, ayant décidé de ne pas occuper le rôle de gendarme du monde. Il n’y pas une alliance des pays libres face au covid. En cas de découverte d’un vaccin fiable, le débat sur les droits, sur le prix devrait être au cœur du débat public. Les laboratoires pharmaceutiques souhaiteront être rémunérés à la hauteur de leurs investissements quand les pouvoirs publics mettront en avant les concepts d’intérêt général et de santé publique.
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