La Grèce prévoit d’investir 25 milliards d’euros dans la défense et se rapproche d’Israël

La Grèce prévoit d’investir 25 milliards d’euros dans la défense et se rapproche d’Israël

La Grèce va ces douze prochaines années investir 25 milliards d’euros pour renforcer son armée, a déclaré mardi le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis. Notamment grâce à des partenariats avec Israël.

Athènes consacre déjà 3,5 % de son PIB à la défense, un chiffre bien supérieur aux 2% demandés par l’OTAN.

Dans un discours au Parlement, Kyriakos Mitsotakis a souligné la nécessité de disposer de drones et a fait remarquer que l’Europe était actuellement confrontée à un « déficit de production » dans le domaine de la défense.

Il a en outre insisté sur la participation de l’industrie grecque de la défense aux programmes d’armement. La semaine dernière, le ministre de la défense, Nikos Dendias, a déclaré que désormais, tout contrat relatif à des programmes d’armement conclu avec des entreprises étrangères devra prévoir une participation grecque de 25 %.

Le « Bouclier d’Achille »

Mitsotakis a annoncé la création d’un parapluie antimissile similaire au Dôme de fer israélien et qui devrait s’appeler le « Bouclier d’Achille ». Ce dernier devrait permettre de se protéger des drones, des missiles, des attaques aériennes, ainsi que d’attaques navales et sous-marines.

Il a indiqué que la Grèce disposait déjà d’un système de missiles Patriot, produit par les sociétés américaines Raytheon et Lockheed Martin. Mais il faudrait quatre ou cinq ans pour en obtenir de nouveaux, faute d’une production qui suive la demande.

Greece Prime Minister Kyriakos Mitsotakis arrives at the European Council Summit in Brussels, Belgium, on March 20, 2025. (Photo by Jonathan Raa/NurPhoto via Getty Images) [Getty Images/NurPhoto / Contributor]
Greece Prime Minister Kyriakos Mitsotakis arrives at the European Council Summit in Brussels, Belgium, on March 20, 2025. (Photo by Jonathan Raa/NurPhoto via Getty Images) [Getty Images/NurPhoto / Contributor]

« Israël peut nous fournir plus rapidement », a ajouté Kyriakos Mitsotakis.

L’Allemagne et la Finlande font partie des autres pays européens qui ont commandé des systèmes de défense aérienne israéliens.

La Turquie rapproche Israël et la Grèce

En début de semaine, Kyriakos Mitsotakis a rencontré son homologue israélien Benjamin Netanyahu à Tel Aviv. Les deux dirigeants auraient discuté du Great Sea Interconnector, un câble électrique sous-marin visant à relier la Grèce, Chypre et Israël.

Ce projet a reçu une importante subvention de l’Union européenne (UE). Il est considéré comme un projet européen d’intérêt commun. Toutefois, le programme a été temporairement gelé en raison d’objections soulevées par la Turquie voisine.

« La Commission est consciente de la situation […] nous échangeons avec les gouvernements grec et chypriote sur les actions futures possibles », a déclaré un porte-parole de l’UE à Euractiv.

Athènes et Tel-Aviv se sont récemment rapprochés en raison de leurs relations tendues avec la Turquie.

Les relations entre la Grèce et la Turquie sont pour l’heure relativement calmes. Cela s’explique par le dialogue diplomatique de haut niveau établi entre les deux pays. Ce dialogue se concentre sur ce que l’on appelle la « politique douce ». Les questions majeures liées aux différends maritimes devant être discutées ultérieurement.

Cependant, les navires Ievoli Relume et NG Worker, qui menaient des activités de recherche sur le câble électrique, ont été contraints de s’arrêter en mars, après l’intervention de batiments de la marine turque.

Deux salles, deux ambiances

Le gouvernement grec ne semble pas vouloir secouer les eaux calmes avec la Turquie. Il évalue toujours les équilibres géopolitiques qui découlent du retour de Donald Trump. Ainsi que le rôle que pourrait prendre Ankara dans les nouvelles dépenses de défense que prévoit l’Europe.

Les relations turco-israéliennes ne sont pas faciles non plus. En effet, le président turc Recep Tayyip Erdoğan s’en est pris à Israël dimanche lors d’un discours prononcé après la fin des prières du Ramadan.

« Nous avons vécu un merveilleux ramadan. Que Dieu nous accorde le droit de vivre d’autres ramadans. Qu’il ne nous sépare pas. Bien sûr, nous savons et voyons ce qui se passe en Israël. Que Dieu détruise, détruise l’Israël sioniste », a déclaré Erdoğan.

Le ministre israélien des affaires étrangères, Gideon Sa’ar, a immédiatement répondu : « Le dictateur Erdoğan a révélé son visage antisémite. Il est dangereux pour la région, mais aussi pour son propre peuple, comme cela a été prouvé ces derniers jours. Espérons que les membres de l’OTAN le comprendront au plus vite ».

Mitsotakis sous pression

Les annonces sur la défense de Kyriakos Mitsotakis interviennent alors que son parti, la Nouvelle Démocratie, est en chute libre dans les sondages.

Les critiques à Athènes suggèrent qu’en se concentrant sur la défense, le Premier ministre grec veut flatter l’électorat conservateur, dans le même temps courtisé par l’extrême droite.

De récents sondages montrent que Nouvelle Démocratie n’est plus en mesure de former seule un gouvernement. Tandis que la popularité personnelle de Kyriakos Mitsotakis a atteint un niveau historiquement bas.

Par ailleurs, le Premier ministre est confronté à une opposition interne.

Le ministre de la défense Nikos Dendias – considéré comme le successeur de Kyriakos Mitsotakis – a récemment organisé un événement réunissant les barons de la Nouvelle Démocratie. Ces derniers ont critiqué l’approche « libérale » du premier ministre à l’égard de la Turquie.

Parmi eux se trouvaient les anciens premiers ministres Antonis Samaras et Kostas Karamanlis.

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