L’outil de gestion de crise financière des pays de la zone euro doit être activé sans attendre et sans condition, a demandé Bruno Le Maire avant une réunion de l’Eurogroupe.
« C’est une question de jour », a tranché le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Le déclenchement du mécanisme européen de stabilité (MES) ne doit plus attendre. « Quand on a prévu un instrument pour la crise, il me semble sage d’y recourir sans condition », a insisté le ministre lors d’une conférence de presse le 24 mars. « La réponse européenne doit être la plus volontariste possible », a-t-insisté.
Pour l’heure, les décisions européennes pour faire face aux conséquences du coronavirus ont été à la hauteur des attentes françaises. « La clause de souplesse budgétaire a été déclenchée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen », a rappelé le ministre français.
Ainsi, les économies européennes pourront sortir en toute sécurité des règles budgétaires européennes pour soutenir leur économie, sans encourir de rappel à l’ordre de Bruxelles.
La mise à l’arrêt du pacte budgétaire européen a également été suivie d’un aménagement des règles européennes en matière d’aide d’État, annoncé par la commissaire Margrethe Vestager. Ce qui devrait permettre à la France de porter secours à certaines de ses grandes entreprises, Air France-KLM en tête, sans se mettre en porte-à-faux avec la loi européenne.
Enfin, Bruno Le Maire s’est félicité de la décision de la Banque centrale européenne, qui a annoncé un vaste plan de rachat de dette publique et privée de 750 milliards d’euros. « C’est une bonne décision prise au bon moment », a affirmé le ministre.
Nouvelles mesures européennes
Si cette série de mesures européennes a été saluée par Bruno Le Maire, le ministre a également rappelé qu’elle ne serait pas suffisante face à l’ampleur de la crise. « Il faudra faire beaucoup plus », a-t-il affirmé.
En France, l’activité industrielle ne tourne qu’à environ 25%, selon Bercy, avec des disparités importantes selon les secteurs, dont certains comme l’industrie automobile connaissent une chute de 80 à 85% de leur chiffre d’affaire. « Cette crise peut avoir un impact durable comparable à la grande récession de 1929 » a affirmé Bruno Le Maire.
Pour répondre aux enjeux économiques du continent, Bruno Le Maire a appelé à une utilisation rapide du mécanisme européen de solidarité (MES). « Il faut qu’il puisse être utilisé, notamment pour les pays qui en ont besoin » a-t-il martelé.
Le MES, qui doit apporter une aide financière aux pays de la zone euro afin de maintenir sa stabilité financière en période de crise, a été mis en œuvre dans le sillage de la crise financière de 2008, qui a déstabilisé l’économie de la zone euro.
Prévu pour intervenir en cas de risque de défaillance d’un État membre de l’union monétaire, le fonds européen n’a jamais été activé. Mais la crise engendrée par le coronavirus a rendu l’activation de cet instrument urgente.
« Nous souhaitons pouvoir utiliser une ligne du mécanisme européen de stabilité », a indiqué Bruno Le Maire. Le déclenchement du MES doit intervenir « dans les semaines qui viennent » a-t-il insisté.
Italie a également appelé au déclenchement du MES dans les plus brefs délais et sans condition limitative. Mais l’Allemagne, principal contributeur au MES, a fait savoir il y a quelques jours qu’une activation n’était pas encore à l’ordre du jour.
Les ministres européens de l’Économie et des Finances doivent se retrouver ce 24 mars en visioconférence pour discuter de cette mise en activité du dispositif. « Nous avons eu de longues discussions hier, nous aurons de longues discussions aujourd’hui, sans doute tout au long de la nuit sur ce sujet » a reconnu le ministre français.
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