Le gouvernement français s’apprête à présenter un plan visant à mieux réglementer l’activité des influenceurs soit leur travail commercial afin de mieux les protéger, ainsi que les consommateurs, de leur contenu, a déclaré lundi (13 mars) le ministre de l’Économie Bruno Le Maire à Franceinfo.
« Les influenceurs doivent être soumis aux mêmes règles que celles qui s’appliquent aux médias traditionnels »
M. Le Maire lundi 13 mars 2023
Selon lui, internet « n’est pas le Far West » et il veut donc « donner un statut [aux influenceurs] et renforcer les contrôles » en la matière. Mais, assure-t-il, « ce n’est pas un combat » contre les influenceurs. Au contraire, le ministre souhaite « un dispositif pour protéger les influenceurs, pas pour les stigmatiser. »
Le secteur économique de l’influence a connu une croissance rapide ces dernières années, tant en Europe que dans le monde entier.
L’objectif est de lutter contre les « dérives inacceptables » du secteur de l’influence, pour « protéger les consommateurs français ».
Les influenceurs sont présents sur les médias sociaux tels qu’Instagram, TikTok et YouTube.
Selon une étude réalisée en 2022, il y avait près de 10,5 millions d’utilisateurs européens de la plateforme Instagram considérés comme influenceurs, car ils avaient plus de 1 000 abonnés.
Une consultation publique avait été lancée en début d’année en France, à laquelle étaient associés des acteurs du monde de l’influence. Elle avait abouti à plusieurs recommandations, qui pourraient être reprises dans le plan annoncé par M. Le Maire.
Parmi celles-ci figure une définition légale des influenceurs, de leurs agents ainsi qu’un renforcement de leurs obligations contractuelles. L’interdiction ou la restriction de la promotion de certains produits pourrait aussi être envisagée, de même que la création d’un label certifiant la responsabilité d’un créateur de contenus.
En janvier dernier, les services de la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) ont constaté des « anomalies » auprès de 60 % des influenceurs contrôlés, qui « ne respectaient pas la réglementation sur la publicité et les droits des consommateurs ».
Selon la DGCCRF, « la totalité des influenceurs [contrôlés] ne respectait pas les règles relatives à la transparence du caractère commercial de leurs publications ».
Le rapport indique que certains ont « trompé les consommateurs sur les propriétés des produits vendus […] ou ont promu des produits ou services risqués. »
Dans des cas plus rares, certains ont proposé, voire organisé, le détournement de fonds publics initialement dédiés à la formation pour obtenir des cadeaux ou des récompenses monétaires, ou poussé leurs abonnés à recourir à des pratiques esthétiques dangereuses pour la santé.
Ces dernières années, plusieurs influenceurs ont d’ailleurs été attaqués en justice, soupçonnés d’avoir mis en place des systèmes d’arnaque ou de fraude, ou même parfois condamnés.
Trouver le bon équilibre
Selon une étude externe réalisée en 2022 et demandée par la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs (IMCO) du Parlement européen, les consommateurs interagissent volontairement avec les influenceurs.
Cependant, ils se retrouvent en même temps « exposés à la publicité qui s’appuie sur la relation entre le consommateur et l’influenceur, ce qui soulève des préoccupations en matière de protection des consommateurs ».
L’étude définit l’influenceur comme « un créateur de contenu à but commercial, qui établit des relations de confiance et d’authenticité avec son public (principalement sur les plateformes de réseaux sociaux) et qui s’engage en ligne avec des acteurs commerciaux par le biais de différents modèles commerciaux à des fins de monétisation ».
Les influenceurs sont souvent financés directement par leurs fans ou par leurs propres entreprises.
L’étude met toutefois en garde : dans certains cas, le commerce d’influence peut avoir une incidence négative sur les consommateurs, notamment sur les consommateurs vulnérables tels que les enfants et les adolescents.
Parmi les recommandations apportées par l’étude, il convient de s’appuyer sur la législation existante en matière de protection des consommateurs et de l’étendre, ainsi que de soutenir les États membres dans le développement d’outils numériques pour mieux contrôler les activités commerciales des influenceurs.
Toutefois, l’étude souligne également qu’il faut trouver un juste équilibre en matière de réglementation relative aux influenceurs, afin de ne pas entraver les interactions sociales en ligne et la création de contenu non commercial.
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