La France « prête à réfléchir » à l’envoi de troupes européennes au Groenland

La France « prête à réfléchir » à l’envoi de troupes européennes au Groenland

Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, n’exclut pas l’envoi de troupes européennes au Groenland « si nos intérêts de sécurité sont en jeu », a-t-il affirmé sur Sud Radio mardi.

L’île arctique s’est imposée au cœur de l’actualité ces dernières semaines, alors que le président américain Donald Trump a menacé à plusieurs reprises de l’acheter, sans exclure l’usage de la force militaire pour parvenir à ses fins. « Je pense que nous allons l’avoir », a-t-il affirmé à la presse au cours du week-end.

L’UE, longtemps atone face aux menaces, semble se réveiller : Jean-Noël Barrot a déclaré mardi à Sud Radio que des discussions étaient en cours avec le Danemark sur le déploiement de troupes européennes au Groenland, tout en excluant toute action immédiate.

« À ce stade, ce n’est pas le souhait du Danemark », a-t-il précisé.

Lundi, Copenhague annonçait un investissement de 2 milliards d’euros destiné à renforcer les capacités de défense de l’Arctique, notamment par l’ajout de trois nouveaux navires de guerre.

Mardi, la Première ministre danoise Mette Frederiksen a tenu une série de réunions bilatérales avec le chancelier allemand Olaf Scholz à Berlin, puis avec Emmanuel Macron à Paris. Elle a également rencontré le secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), Mark Rutte.

Le Groenland n’était pas un point de discussion officiel entre Emmanuel Macron et Mette Frederiksen, mais les deux dirigeants devaient aborder « les questions de sécurité et de défense européennes », selon un communiqué de presse.

Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, participe au Conseil des affaires étrangères au siège de l'UE à Bruxelles, Belgique, 27 janvier 2025. ©OLIVIER HOSLET/EPA-EFE
Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, participe au Conseil des affaires étrangères au siège de l’UE à Bruxelles, Belgique, 27 janvier 2025. ©OLIVIER HOSLET/EPA-EFE

Des sources diplomatiques ont confié à Euractiv que les remarques de Jean-Noël Barrot n’avaient pas été discutées lors de la réunion.

Mette Frederiksen appelle à la prudence

Le ministre français des Affaires étrangères a déclaré que l’Arctique était devenu « un nouveau champ de conflit » et qu’il risquait de faire l’objet d’une « ingérence étrangère ».

« Les pays européens font preuve d’une très grande solidarité et sont prêts à réfléchir [au déploiement de troupes] si cela s’avérait nécessaire », a-t-il déclaré.

Samedi, le chef du Comité militaire de l’UE, le général autrichien Robert Brieger, avait lui aussi évoqué la possibilité d’envoyer des troupes européennes au Groenland.

La Première ministre danoise a toutefois indiqué aux journalistes à Bruxelles mardi qu’elle n’avait « aucune raison de croire qu’il existe une menace militaire pour le Groenland ou le Danemark ».

« La coopération transatlantique est cruciale pour notre sécurité à tous, et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour maintenir l’alliance qui a apporté la paix et la stabilité », a souligné Mette Frederiksen.

Plus tôt dans la journée de mardi, le chancelier allemand Olaf Scholz a également insisté sur le fait que « les frontières ne doivent pas être déplacées par la force ».

Le Groenland, plus grande île du monde, compte 57 000 habitants, principalement d’origine inuite. Son sous-sol est riche en ressources naturelles, telles que les terres rares, les pierres et métaux précieux, le charbon, le graphite, le lithium et l’uranium. Le climat rigoureux et les infrastructures limitées rendent toutefois les efforts d’exploitation minière coûteux et nécessitent des investissements à long terme.

Au-delà de ses richesses minières, Donald Trump a revendiqué le Groenland pour des raisons de sécurité. L’armée américaine maintient d’ailleurs une présence sur l’île, même si le Danemark reste responsable de sa défense.

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