La France, passager clandestin du cœur de la zone euro ?

Depuis plus de quatre ans, l’Allemagne dégage un excédent budgétaire qui a dépassé 1 % du PIB en 2018. Le déficit public avait atteint 4 % du PIB en 2010. Le solde budgétaire avait été négatif durant toute la période de réunification des années 1990 jusqu’en 2006. Il était ainsi négatif de plus de 4 % du PIB en 2003. De ce fait, la dette publique de l’Allemagne qui avait atteint un maximum en 2010 à plus de 80 % du PIB est en recul depuis. Elle devrait cette année être inférieure à 60 % du PIB cette année. La réduction rapide de la dette publique allemande a des conséquences importantes sur la zone euro. La moindre émission de titres publics allemands conduit les investisseurs à se reporter sur les autres États du cœur de la zone euro (France, Pays-Bas, Autriche, Finlande, Belgique). Cela conduit à une baisse des taux dans ces pays. Ce phénomène est d’autant plus accentué que certains de ces pays ont des soldes positifs ou des déficits faibles. Le poids de la dette publique du cœur de l’Europe se contracte. De 2014 à 2018, il est passé de 84 à 74 % du PIB. La dette du Benelux, de l’Autriche et de la Finlande est de petite taille (moins de 500 milliards d’euros d’encours pour chacun des pays contre plus de 2 000 milliards d’euros pour la France).

De ce fait la France bénéficie en grande partie de l’effet report. Elle est donc la grande gagnante du désendettement allemand. L’État français s’endette à 0,4 % au mois d’avril contre 0,7 % au mois de décembre dernier. La France devient ainsi un passager clandestin du cœur de l’Europe en profitant de la rigueur des autres et en se permettant de maintenir un déficit élevé et une dette de près de 100 % du PIB.

À la différence des États dits périphériques (Europe du Sud), la France n’est pas pénalisée par son déficit public supérieur à 2 % du PIB, par sa désindustrialisation et son déficit commercial. Les capacités de l’industrie française ont reculé de 5 points en vingt ans quand elles ont augmenté de 20 points en Allemagne. Les investisseurs pourraient opter pour des placements actions mais qui demeurent trop risqués. L’aversion au risque explique qu’ils privilégient les titres souverains. Cette préférence n’incite guère les États qui profitent des taux bas à accélérer le rythme des réformes. Le service de la dette française (paiement des intérêts) est aujourd’hui identique à celui des années 1990 quand l’encours de la dette était deux fois plus faible.

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, lettre d’information économique confidentielle 
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