La France et l’Arabie Saoudite

La France et l’Arabie Saoudite

Alors qu’Emmanuel Macron achève sa visite d’Etat en Arabie saoudite, le site Lesfrançais.press explore les liens qui unissent la France et l’Arabie saoudite. En effet, ils sont plus anciens et nombreux qu’on ne l’imagine. Déjà, il y a 180 ans, en 1839, l’ambassade de France prenait ses quartiers dans le vieux Djeddah. Aujourd’hui, il y a 3000 français à Djeddah et près de 7000 dans l’ensemble du Royaume. Il y a aussi des entreprises françaises bien intégrées et dynamiques : Total, Sanofi, Servier, Bouygues, Groupe Naval, ADPI, Michelin, Société Générale, Véolia, Engie, L’Oréal, Cartier, Louis Vuitton, et bien d’autres.

Une communauté très active

La communauté française en Arabie saoudite représente à peu près 7000 français, et c’est une population très active ! Dans les grandes villes, il y a de nombreux événements chaque semaine dédiée à la communauté française organisés par diverses associations. Il existe même un média français implanté localement Saudi Madame où vous retrouvez toutes les informations en Arabie Saoudite.

Emmanuel Macron arrive en Arabie saoudite pour une visite officielle, le 2 décembre 2024. ©ELIOT BLONDET / POOL / AFP
Emmanuel Macron arrive en Arabie saoudite pour une visite officielle, le 2 décembre 2024. ©ELIOT BLONDET / POOL / AFP

Évidemment, l’UFE est aussi présent et y a d’ailleurs développé une plateforme qui favorise les rencontres et les échanges entre les Français expatriés. Elle organise régulièrement des événements culturels, des activités sportives, des conférences et des soirées conviviales, qui renforcent les liens entre les acteurs de la communauté française. C’est aussi, l’occasion de renforcer son réseau professionnel en partageant expériences, conseils et bons plans.

Preuve du dynamisme des Français d’Arabie Saoudite, 5 écoles (3 affiliées au réseau AEFE) enseignent le français et le programme exigé pour les examens français. D’ailleurs, le français est également enseigné dans des établissements d’enseignement supérieur tels que l’Université du Roi Abdul Aziz, l’Université Effat et l’Université de technologie des affaires (UBT). Ainsi le français est enseigné à Djeddah à plus de 5000 personnes.

Des entreprises très bien implantées

Si les Français s’installent et prennent leur marque c’est que notre savoir-faire y est reconnu et que nos entreprises décrochent de nombreux marchés.

Pourtant l’Arabie saoudite n’est pas un partenaire privilégié dans l’économie française. En effet, seul 1 % de nos exportations annuelles est en moyenne destiné au territoire saoudien. Si ce chiffre a augmenté de 18 % en 2021, pour atteindre le montant de 2,7 milliards d’euros, le solde des échanges entre les deux pays reste pour la France déficitaire à hauteur de 556 millions d’euros, selon le dernier rapport publié par le gouvernement. Ce bilan s’explique par nos importations de produits pétroliers raffinés, l’Arabie saoudite étant notre principal fournisseur depuis 2013.

Le président français Emmanuel Macron est accueilli par le prince héritier saoudien Mohamed Bin Salman avant leur rencontre à Riyad, le 2 décembre 2024. © Ludovic MARIN / POOL / AFP
Le président français Emmanuel Macron est accueilli par le prince héritier saoudien Mohamed Bin Salman avant leur rencontre à Riyad, le 2 décembre 2024. © Ludovic MARIN / POOL / AFP

Mais si l’Arabie saoudite pèse peu dans nos exportations, cela n’empêche pas nos entreprises d’investir sur le territoire saoudien. Les sociétés françaises se portent bien puisque selon les derniers chiffres disponibles publiés par le groupe BNP Paribas, la France se hisse à la 3ᵉ place des investisseurs étrangers. Les secteurs les plus représentés sont principalement l’industrie chimique, les combustibles fossiles, les plastiques, l’immobilier et les machines. D’autres secteurs sont en expansion comme le tourisme, l’informatique et les transports, les énergies décarbonées, le commerce (cf. infra).

Jusqu’en 2020, les lois saoudiennes limitaient la présence française aux entreprises du CAC 40. C’est pourquoi moins d’une centaine de sociétés tricolores étaient installées sur place. Mais depuis le lancement du projet saoudien Vision 2030, la donne est en train de changer et des marchés sont aussi à prendre pour nos PME (petites et moyennes entreprises) et nos ETI (entreprise à taille intermédiaire). C’est d’ailleurs l’objet de la deuxième journée du Président de la République en Arabie Saoudite. Ce mardi, il s’est rendu au Forum saoudo-français sur l’investissement, organisé par l a plateforme « Invest Saudi ».

La création du Forum s’inscrit dans le prolongement des efforts réalisés dans les relations entre l’Arabie Saoudite et la France dans le domaine d’investissement, étant donné que la France constitue la plus grande source de flux d’investissements directs étrangers vers le Royaume parmi les pays du G20, avec plus de 11,2 milliards de riyals d’investissements directs en 2023, 503 licences délivrées pour les entreprises françaises, et 117 autorisations d’investissement dans le Royaume, en plus de 33 sièges régionaux pour des entreprises françaises en Arabie Saoudite. Les dirigeants des groupes de défense Dassault, Thales et Naval Group sont également présents avec le chef de l’Etat. Des discussions sont en cours pour l’acquisition d’avions de chasse Rafale par le royaume.

Un allié militaire ?


Car si on vend des Rafales à l’Arabie Saoudite, c’est que la diplomatie française y voit un allié potentiel. À cet effet, Emmanuel Macron a emporté dans ses valises présidentielles pour ce voyage d’État en Arabie saoudite, notre ministre des Armées, Sébastien Lecornu.

Car au cours de la première visite d’Etat, depuis celle de Jacques Chirac en 2006, Emmanuel Macron a signé un partenariat stratégique avec le prince héritier Mohamed Ben Salmane. Ce partenariat stratégique « permettra d’acter une nouvelle ambition, un socle renouvelé entre la France et l’Arabie Saoudite pour les dix prochaines années avec un plan de travail associé », a expliqué l’Élysée. Il s’agit pour la présidence de la République « de poser et d’acter un rehaussement de la relation au niveau d’un partenariat stratégique ». Car la relation entre Paris et Ryad reste erratique, notamment dans plusieurs dossiers liés à la défense.

Le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, accueille le président français, Emmanuel Macron, à Riyad, lundi 2 décembre 2024. ©AGENCE DE PRESSE SAOUDIENNE / REUTERS
Le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, accueille le président français, Emmanuel Macron, à Riyad, lundi 2 décembre 2024. ©AGENCE DE PRESSE SAOUDIENNE / REUTERS

« Le partenariat stratégique permet de poser un cadre de discussion beaucoup plus approfondi que celui que nous avions jusqu’alors entre la France et l’Arabie saoudite, c’est-à-dire qu’il met en place toute une série de partenariats sectoriels, de comités de discussion, et il prévoit notamment un dialogue politique rehaussé qui permettra d’impliquer de façon régulière nos ministres des Affaires étrangères et nos ministres de la Défense dans une discussion sur les affaires stratégiques qui concernent nos deux pays »,

Communique de l’Élysée.

Cependant, ce voyage ne sera pas l’occasion de signer ces grands contrats, dont certains sont encore dans des phases préliminaires (sous-marins). Pour l’Élysée, ce n’est donc pas une surprise : Riyad avait prévenu les sherpas que le président avait envoyé à Riyad, qu’aucun contrat dans le domaine de la défense ne serait signé. Et ce en dépit des souhaits de l’Élysée et des coups de bluff de certains sherpas pour forcer la main de Mohamed Ben Salmane (MBS).

En outre, ODAS, la société intermédiaire qui représente les intérêts des français dans le Royaume, est en conflit avec le chantier naval saoudien Zamil dans le cadre d’un contrat obtenu via ODAS par le chantier naval français CMN (19 navires intercepteurs, dont neuf fabriqués par Zamil). Jugée indésirable par Mohamed Ben Salmane depuis 2015, ODAS refuse de livrer les navires tant que l’Arabie Saoudite ne paie pas les trois premiers navires pourtant remis à la marine saoudienne. Ce qui fait désordre dans la relation bilatérale.

Auteur/Autrice

  • Samir Kahred a suivi ses parents dont le père était ingénieur dans une succursale du groupe Bouygues. Après une scolarité au Lycée français et des études au Caire, il devient journaliste pour des médias locaux et correspond pour lesfrancais.press

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