« Nous sommes pilonnés par la propagande de la Russie de Vladimir Poutine et de ses courroies de transmission », a affirmé samedi (20 avril) le ministre délégué chargé de l’Europe, Jean-Noël Barrot, dans un entretien à Ouest-France.
Ces attaques russes sont d’une telle magnitude qu’elles pourraient fausser les résultats des élections européennes de juin 2024, a avancé le ministre, parlant de « risque avéré ».
« Le détournement du site du ministère des Armées pour un appel fictif à 200 000 hommes à aller combattre en Ukraine », ou les fausses campagnes sur la reprise de la tuberculose en France suite à l’accueil de soldats ukrainiens, sont autant de preuves que certaines puissances étrangères, en premier chef la Russie, sont prêtes à s’immiscer dans la vie démocratique française « pour perturber le débat public et interférer dans la campagne pour les élections européennes », a expliqué M. Barrot.
En février 2024, le Quai d’Orsay révélait la détection d’un vaste réseau de propagande russe, « Portal Kombat », qui créait des portails d’information numériques pro-Russe et anti-Ukraine en France, Allemagne et Pologne.
Ce réseau d’au moins 193 sites « constitu[ait] bien une campagne de manipulation de l’information sur les plateformes numériques impliquant des acteurs étrangers et que cette campagne vise à nuire à la France et à ses intérêts », soulignait un communiqué de presse.
La France et l’UE
Le risque de désinformation n’est pas cantonné à la France, et concerne l’UE. dans son ensemble.
Début avril, les autorités tchèques révélait la fermeture du site pro-russe Voice of Europe, détenu par un très proche de Vladimir Poutine, Viktor Medvedtchouk. Dans le cadre de campagnes d’influences organisées par le site, des eurodéputés auraient été rémunérés.
Idem lors des élections nationales slovaques en septembre 2023 : « Pendant les quarante-huit heures qui précédaient le scrutin, un faux enregistrement audio impliquant l’un des candidats dans une opération de manipulation du vote s’est propagé sur les réseaux sociaux. Ce candidat a perdu », soutient M. Barrot dans Ouest-France.
Assez pour faire dire à l’ancien Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, lors d’un entretien avec Euractiv la semaine dernière, que le pouvoir d’influence et de désinformation russe était « actif » au sein de tous les groupes parlementaires au Parlement européen, sans discrimination.
La France est le premier pays en Europe à s’être doté d’un service spécialisé dans la détection et caractérisation d’ingérences numériques étrangères, VIGINUM.
Le 11 mars dernier, la CNIL, instance indépendante chargée de protéger les droits humains et les données personnelles sur internet, réactivait aussi son observatoire des élections, en anticipation du scrutin de juin.
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