La France dénonce une campagne russe de désinformation contre une dizaine d’États européens

La France dénonce une campagne russe de désinformation contre une dizaine d’États européens

L’autorité française chargée des ingérences numériques étrangères (VIGINUM) a détecté une campagne russe de désinformation visant plusieurs pays européens. Un phénomène « de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation »

Dans un communiqué diffusé mardi (13 juin), la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a dénoncé « une campagne numérique de manipulation de l’information contre la France impliquant des acteurs russes ».

En effet, le service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères (VIGINUM) a annoncé mardi que cette campagne, dite « RRN » a consisté à reproduire et usurper 355 noms de domaine – de médias notamment – dans dix pays européens, dont la France, sur le continent américain et au Moyen-Orient.

Surveillée depuis plus d’un an par les services de VIGINUM, elle a permis aux auteurs de la manipulation de reprendre l’identité numérique de médias français (dont Le Monde, Le Parisien, Le Figaro) et de sites gouvernementaux et européens afin de diffuser de fausses informations.

« À partir de la fin du mois de mai 2023, la campagne RRN a connu un développement inédit, puisque c’est l’identité du site web du ministère [français] de l’Europe et des Affaires étrangères qui a été usurpé », détaille VIGINUM.

« À partir de la fin du mois de mai 2023, la campagne RRN a connu un développement inédit, puisque c’est l’identité du site web du ministère [français] de l’Europe et des Affaires étrangères qui a été usurpé », détaille VIGINUM. [Shutterstock/PHOTOCREO Michal Bednarek]

Faux comptes sur les réseaux

En plus de l’usurpation de noms de domaines, les responsables de la campagne de désinformation ont eu recours à de faux comptes sur les réseaux sociaux, dont le but était principalement de diffuser les contenus produits par ces sites fantoches.

Depuis fin mai 2023, des « bots » (des comptes agissant automatiquement, sans besoin d’une intervention humaine) relaient ces liens en réponse aux publications de médias européens et de personnalités politiques, alerte VIGINUM.

Les fausses informations diffusées concernent essentiellement des contenus pro-russes et anti-occidentaux liés à la guerre en Ukraine. En particulier, ils ont mis en avant « l’inefficacité supposée des sanctions visant la Russie », la « russophobie » de l’Occident, « la barbarie » des autorités et des armées ukrainiennes, « l’idéologie néo-nazie » des dirigeants ukrainiens et « les effets négatifs qu’entraînerait l’accueil de réfugiés », explique les services de vigilances.

Quant aux auteurs de cette campagne de désinformation, VIGINUM a « pu identifier l’implication d’individus russes ou russophones ainsi que de plusieurs sociétés russes ». Aussi, des acteurs étatiques russes ou affiliés à l’État ont activement participé à la campagne de désinformation. En particulier, « le réseau diplomatique russe a participé […] à la rediffusion et l’amplification de la campagne RRN depuis le printemps 2022 », peut-on lire dans le rapport.

L’autorité chargée des ingérences numériques étrangères juge que le phénomène décrit est « de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation », en raison de l’ampleur de l’ingérence, de sa coordination et de sa persistance. Par ailleurs, la campagne « demeure toujours active » et son mode opératoire évolue pour contourner les mesures de contre-feu prises par les différents services concernés.

Dans sa réaction diffusée à la presse, la ministre Catherine Colonna a indiqué que « la France condamne ces agissements indignes d’un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies » — à savoir la Russie.

« Les autorités françaises travaillent en lien étroit avec leurs partenaires afin de mettre en échec la guerre hybride menée par la Russie », a conclu la ministre.

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