La crise politique en France vue par la presse internationale

La crise politique en France vue par la presse internationale

Les Français de l’étranger le savent bien, la crise politique en France, qui a suivi le résultat des élections européennes, a surpris l’opinion publique mondiale. « Onde de choc, « coup de théâtre », « pari risqué », « prise d’otages », ont fleuri aux unes des journaux que ce soit en Europe ou ailleurs dans le monde. Petit tour de la presse internationale !

« Une défaite humiliante »

Pour une partie de la presse étrangère, c’est l’humiliation du chef de l’Etat qui est à retenir des élections européennes en France, suivie de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale.

« La victoire accablante de l’extrême droite française et la déroute humiliante du parti d’Emmanuel Macron a ouvert une crise politique aux conséquences imprévisibles », estime le quotidien espagnol de centre-gauche El Pais.

Certes, « la victoire du Rassemblement national était largement attendue, même dans ces proportions impressionnantes », selon le quotidien italien El Corriere Della Sera. En Belgique, Le Soir parle même d’une « bardellamania » dans les urnes françaises. « Mais ce qui n’était pas prévu, c’est la réaction immédiate, presque de colère, du président de la République », ajoute El Corriere concernant la convocation d’élections législatives anticipées.

Un pari audacieux

Pour d’autres journaux, comme le New York Timesla dissolution de l’Assemblée est un choix « audacieux perçu comme une tentative de couper l’herbe sous le pied du RN et reprendre l’initiative après une raclée aux Européennes ». En Italie, Il Giornale partage une analyse similaire, estimant que « le pari du président français est désormais de demander aux Français d’éloigner du pouvoir le RN ».

Une stratégie que le quotidien suisse Blick apparente à « un coup de poker » de la part du président français. « Le calcul d’Emmanuel Macron est donc très habile et très brutal. Il met les Français au pied du mur, comme il l’a toujours fait. Il mise sur la vitesse plutôt que sur la pédagogie », peut-on lire.

Un suicide politique ?

Mais de nombreux journaux estiment qu’il s’agit d’un « pari fou ». Car dans le sillage de son score sans appel aux Européennes, le Rassemblement national pourrait rafler de très nombreux sièges aux élections législatives anticipées.

« La dissolution permet à l’exécutif de sortir d’une situation de crise ou de blocage institutionnel, rappellent nos confrères de La Libre Belgique. Mais cette arme peut se retourner contre celui qui la brandit […]. Cette fois, le risque de voir le Rassemblement National rafler la mise dans trois semaines et le camp présidentiel subir une nouvelle déconfiture, est élevé. »

« Si le parti d’extrême droite obtient une majorité écrasante, le président perdrait le contrôle sur la plus grande partie de la politique intérieure », estime le Guardian, qui compare la dissolution de l’Assemblée à « un jet de dés pour le futur politique de Macron, qui pourrait donner un pouvoir majeur au Rassemblement national ». Une hypothèse qui fait craindre à beaucoup de nos voisins des conséquences importantes en termes de politique internationale.

Emmanuel Machiavel ?

En Allemagne, Die Welt esquisse, de son côté, l’idée d’un « calcul machiavélique » du chef de l’État. « On ne peut exclure que Macron veuille introduire les populistes de droite dans une cohabitation, un mariage politique forcé. A trois ans de la prochaine élection présidentielle de 2027, à laquelle il ne pourra plus se présenter, il parie peut-être que Bardella et ses collègues du parti RN se montreront peu à la hauteur », écrit le journal.

Certains journaux perçoivent ce risque et pointent du doigt la possibilité que l’extrême droite revienne au pouvoir en France, quatre-vingts ans après le régime de Vichy.

Le journal conservateur britannique The Times estime même en Une de son édition du jour que « l’annonce d’Emmanuel Macron semble laisser le parti d’extrême droite au pouvoir pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, lorsque (le gouvernement français) collaborait avec les Nazis ». « Dans cette campagne, ce qui est en jeu est que pour la première fois depuis 1945, la France pourrait avoir un gouvernement mené par un parti dont les racines se trouvent en partie dans la France collaborationniste », note El Pais.

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