La crise tant annoncée est reportée.
Au début de l’année, l’air du temps était au catastrophisme avec en fond le Brexit et la guerre commerciale sino-américaine. Plusieurs indicateurs justifiaient le pessimisme ambiant (indicateur PMI par exemple). Le ralentissement du commerce international et les mauvais résultats de l’économie allemande constituaient autant d’indices d’une récession à venir. En cette fin d’année, si toutes les menaces n’ont pas disparu, l’idée que le pire a été évité s’impose malgré tout.
La non-entrée en récession de l’Allemagne, la possible signature d’un accord entre la Chine et les États-Unis ainsi que la possible sortie négociée du Royaume-Uni de l’Union européenne ont changé le climat économique.
La décision des banques centrales européenne et américaine d’abaisser leurs taux a été également perçue comme la volonté des autorités monétaires de soutenir par tous les moyens l’activité économique.
Si la récession n’a pas eu lieu, la croissance de l’économie mondiale s’est néanmoins effritée. Elle devrait s’élever cette année à 2,9 % en 2019 comme en 2020, ce qui constituera le plus faible taux enregistré depuis 2008. La décélération de l’activité a été nette au cours du premier semestre 2019. Depuis quelques mois, l’activité économique semble être sur un palier. En rythme annuel, le taux de croissance du G20 en est de 2,9 % au troisième trimestre, comparé à 3,0 % au trimestre précédent.
La Chine a réussi à placer sa croissance sur la barre des 6 % et cela malgré la guerre commerciale avec les États-Unis. Pour les pays de la zone de l’OCDE, la croissance est également stable à 1,6 %. Malgré tout, les États-Unis sont ainsi entrés dans leur 11ème année consécutive de croissance, ce qui constitue un record depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. A 3,5 %, le taux de chômage est au plus bas depuis 1968. Au mois de novembre dernier, 260 000 emplois ont été créés. En 2019, leur taux de croissance devrait atteindre 2,1 %.
L’objectif pour Donald Trump est d’offrir une 12ème année de croissance consécutive en 2020 qui sera marquée par l’élection présidentielle. La signature d’un accord avec la Chine devrait y contribuer.
La croissance de la zone euro tend à se caler sur son niveau potentiel, autour de 1 %. Compte tenu de la stagnation de la population active et des gains de productivité, les marges de progression sont faibles en l’absence de choc exogène. En 2016 et 2017, la zone euro avait bénéficié de la baisse du cours du pétrole, le baril de Brent tombant à 26 dollars. Sa remontée autour de 60/65 dollars a freiné la croissance. La politique monétaire accommodante est devenue tout à la fois incontournable mais insuffisante pour enclencher un cycle de croissance dynamique. Elle joue le rôle d’une drogue permettant aux acteurs économiques et, en premier lieu les États, de s’endetter à faibles coûts. En revanche, cette politique n’a pas réussi à redresser le taux d’inflation et la croissance. Si le crédit est reparti, celui-ci alimente la hausse des prix de l’immobilier. Il favorise également les opérations de rachats d’entreprises non cotées. Les taux bas auraient même un effet anesthésiant au niveau de l’activité en maintenant en survie des entreprises qui en temps normal aurait fait faillite. Ils ralentissent ainsi la diffusion du progrès technique.
L’investissement productif reste modéré au regard du retard accumulé en Europe ces dix dernières années. En exprimant la crainte d’une faible croissance et d’une faible inflation, les taux bas ont un effet émollient. Ils n’incitent pas au lancement d’investissements risqués par crainte d’une faible rentabilité à venir. Les entreprises cotées préfèrent ainsi racheter leurs actions pour garantir le patrimoine actuel de leurs actionnaires plutôt que d’augmenter leurs investissements afin d’augmenter leurs revenus futurs.
Le cycle économique débuté après la crise de 2008 diffère des précédents par sa longueur et sa langueur. Il ne peut être que différent en raison du caractère très particulier du contexte monétaire dans lequel les États évoluent depuis dix ans. La politique monétaire accommodante s’accompagne du maintien d’une politique budgétaire relativement expansionniste que ce soit aux États-Unis, en France, au Japon voire en Chine. Dans ces conditions, il devient difficile de prédire tant l’arrivée d’une éventuelle récession que celle d’une reprise plus forte. L’année 2019 pourrait bien être celle de la réalisation de la diffusion du syndrome japonais : faible croissance, chômage réduit, taux bas et endettement croissant.
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