La Chine en mal de croissance 

La Chine en mal de croissance 

Les dirigeants chinois rêvent que leur pays surclasse les États-Unis d’ici 2049, année du centenaire de la République Populaire de Chine. La réalisation de cette ambition a longtemps été portée par une croissance potentielle, élevée, somme de la croissance de la population active et de la productivité du travail, après lissage des variations conjoncturelles. Le vieillissement démographique et le recul des gains de productivité pourraient freiner leurs ambitions.

Un recul rapide de la population en âge de travailler 

La Chine est confrontée depuis quelques années à un recul rapide de la population en âge de travailler. Cette dernière diminue de 1 % par an quand elle continue à augmenter, aux États-Unis, de 0,4 % par an. Cette contraction de la population active, en Chine, est liée à forte baisse du taux de fécondité. Le nombre d’enfants par femmes est passé de 1,6 à 1,2 de 1995 à 2022. L’abandon de la règle de l’enfant unique n’a eu qu’un effet temporaire entre 2013 et 2019, le taux est remonté provisoirement à 1,9 avant de rechuter. Le taux de natalité est passé de 17 ‰ en 1995 à 7 ‰ en 2021. 

La productivité par tête est passés de 10 % en 2007 à 5 % entre les années 2010 et 2019. En 2022, la hausse a été de 2 % (lissée sur 4 ans). Aux États-Unis, la productivité lissée sur 4 ans se situe autour de 2 % depuis la crise de 2007/2009. Le recul des gains de productivité en Chine s’explique par le vieillissement de la population et par l’affaiblissement de l’investissement des entreprises.

La croissance potentielle de la Chine décline rapidement.  

La croissance de l’investissement qui était de 10 % entre 1995 et 2010 est désormais de 4 %. La croissance potentielle de la Chine décline rapidement. Lissée sur 4 ans, elle est passée de 14 % en 1995 à 10 % en 2009 puis à 6 % en 2017. En 2022, elle ne s’élevait qu’à 5 %. L’érosion de la croissance potentielle américaine est plus faible. Elle est passée de 4 à 2 % du début du siècle à 2022. D’ici 2030, les taux de croissance potentielle des deux pays devraient converger. Entre 2025 et 2030, la population en âge de travailler reculera en moyenne de 0,9 % par an en Chine et augmentera en moyenne de 0,3 % par an aux États-Unis. Les gains de productivité en Chine seront insuffisants pour faire la différence avec les États-Unis.

Le taux de chômage des jeunes a atteint 21 %

Pour contrecarrer la baisse de sa croissance potentielle, la Chine sera tentée de la doper en ayant recours à des plans de soutien. La banque centrale chinoise a ainsi décidé d’abaisser ses taux directeurs. Le gouvernement entend également prendre des mesures pour améliorer l’employabilité des jeunes dont le taux de chômage reste élevé. Ce dernier a atteint 21 % lors du premier semestre 2023. 

Trois jeunes chinois attendent un bus pour chercher du travail, après avoir perdu leur emploi en raison de la crise liée au coronavirus (image d’illustration). REUTERS/Tingshu Wang

Entre les États-Unis et la Chine, les jeux ne sont pas encore faits pour le leadership mondial. L’attractivité des premiers demeure élevée, leur permettant d’attirer de nombreux actifs de toute la planète quand l’Empire du Milieu reste assez réfractaire à l’immigration. Si la productivité, aux États-Unis, est en net recul depuis la crise sanitaire, les capacités de recherche de ce pays sont importantes. La baisse de l’investissement des entreprises, en Chine, constitue un handicap important face au dynamisme des entreprises américaines.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

    Voir toutes les publications
Laisser un commentaire

1 Comments

  1. Et l’Inde en termes de projection pour les mêmes indicateurs, renforcera-t-il encore plus sa place ?

Laisser un commentaire