La fin de la politique du zéro covid devait permettre à la Chine de renouer avec une croissance forte. Or, depuis six mois, rien ne se passe comme prévu.
La Chine a perdu en influence
La Chine influence moins que prévu les prix mondiaux. Sa demande accrue de pétrole cette année n’a pas empêché le prix du Brent, la référence mondiale, de chuter de plus de 10 % par rapport à son cours de janvier. L’acier et le cuivre sont également devenus moins chers. Les prix à la production en Chine facturés à la sortie de l’usine, ont baissé de plus de 4 % en mai par rapport à l’année précédente. Le yuan s’est déprécié par rapport aux autres grandes monnaies. Le prix que les Occidentaux paient pour les importations en provenance de Chine a baissé de 2 % en mai par rapport à un an plus tôt.
Une atonie économique persistante
Après un rebond en début d’année, la croissance s’étiole. L’économie ne se redresse que lentement. Les chiffres des ventes au détail, des investissements et des ventes immobilières sont tous en-deçà des attentes. Le taux de chômage parmi les jeunes urbains chinois dépasse 20 %, le plus élevé depuis que les données ont été enregistrées pour la première fois en 2018.
Une grande partie du ralentissement de la croissance chinoise est imputable à la crise de son marché immobilier. Malgré de nombreuses mesures de soutien, le prix des logements neufs continue de baisser, les ménages restant en position d’attente. Les ventes immobilières sont retombées à 70 % de leur niveau de 2019, la dernière année relativement normale de la Chine. Les mises en chantier sont inférieures à leur niveau d’avant l’épidémie de 60 %.
La situation du marché de l’emploi préoccupe de plus en plus les autorités chinoises. Le secteur des services aurait perdu, entre 2019 et 2023, 30 millions d’emplois. Les autorités estiment qu’avec la normalisation de la situation sanitaire, 16 millions d’emplois devraient être créés dans la restauration et l’hébergement. Il manque 10 millions d’emplois des secteurs comme le commerce électronique et l’éducation qui ont souffert d’un durcissement de la réglementation. Le gouvernement a décidé d’être plus souple avec les petites entreprises.
Hésitations sur le terrain de la politique économique
Pékin a tergiversé avant de prendre de nouvelles mesures afin d’éviter la glissade de la croissance. Les autorités semblaient se résigner à une croissance avoisinant 5 %. L’accent était mis sur l’endiguement de la dette des gouvernements locaux. La Banque populaire de Chine (la banque centrale), ne semblait pas perturbée par la baisse des prix. Le 6 juin dernier, elle a néanmoins décidé d’abaisser ses taux directeurs afin de peser sur les taux d’intérêt.
De nouvelles mesures pourraient être adoptées prochainement.
De nouvelles baisses de taux sont attendues. Les restrictions sur les achats de maisons dans les villes de premier et de deuxième rang pourraient être assouplies. Les banques seraient incitées à accroître le volume des prêts permettant le financement des infrastructures. Les gouvernements locaux pourraient être autorisés à émettre davantage d’obligations. La chute des prix de l’immobilier met en difficulté de nombreuses collectivités locales dont les recettes auraient reculé de 140 milliards de dollars en un an.
Des doutes se font jour sur l’efficacité de la baisse des taux pour relancer l’économie. Plusieurs économistes chinois se positionnent en faveur d’un plan de relance budgétaire avec un soutien plus marqué en faveur des collectivités locales qui sont en manque de liquidités.
L’augmentation des revenus des retraités est également à l’étude afin de faciliter une reprise de la consommation. Le gouvernement entend également venir en aide à la consommation sous formes d’aides fiscales. Le gouvernement a, d’ores et déjà, étendu les allégements fiscaux sur les véhicules électriques qui ont contribué à stimuler les ventes de voitures. La distribution de coupons visant à financer certaines dépenses est également imaginée.
La relance par la consommation ne fait pas consensus au sein des autorités chinoises. En règle générale, ces dernières préfèrent des mesures en faveur de l’investissement au risque de générer des bulles spéculatives comme en témoigne la crise actuelle de l’immobilier. Des millions de logements ont été construits sans se soucier des besoins de la population.
Laisser un commentaire