Si les entreprises françaises sont à la peine en matière de productivité, elles peuvent s’enorgueillir d’enregistrer une forte hausse de leur taux d’investissement, ce qui constitue un bon présage pour l’avenir. Le taux d’investissement en France des entreprises est, en effet, passé de 11 à 14 % du PIB de 2012 à 2022. Ces taux respectifs sont de 11 et 12,5 % en Allemagne, 12,5 et 12 % en Espagne et 10 et 12 % en Italie.
L’investissement est supérieur d’un point de PIB à la moyenne de la zone euro.
L’investissement des entreprises françaises est supérieur d’un point de PIB, en 2022, au niveau moyen de la zone euro. Il est également un point au-dessus de son plus haut historique d’avant crise des subprimes de 2007/2009. La hausse a commencé, en France, en 2018, avant l’épidémie de covid. Elle a repris dès 2021 après les confinements.
Plusieurs facteurs ont contribué à la hausse de l’investissement en France : un effet rattrapage, la baisse des prélèvements, les taux d’intérêt réels négatifs, les aides publiques à l’investissement. Après la crise financière de 2007/2009, les entreprises ont réduit leurs investissements accumulant un retard important notamment dans les domaines de la robotisation et de la digitalisation. Avec l’augmentation de leur taux de marges, elles ont recommencé à investir, à compter de 2018, notamment pour renouveler leurs équipements devenus obsolètes.
Le phénomène de rattrapage ainsi constaté, s’amplifie depuis deux ans. Les revenus du capital et les bénéfices ont profité, depuis quelques années, d’une baisse de leur taux d’imposition. Longtemps, la France se situait parmi les pays de l’OCDE taxant le plus les revenus du capital. Désormais, elle se classe dans la moyenne européenne. Le taux d’imposition sur les profits des sociétés est passé, en France, de 38 à 26 % de 2012 à 2022. Celui des revenus du capital est de 34 % en 2022, contre 45 % en 2012. Cette décrue est concomitante avec la reprise de l’investissement.
La profitabilité des entreprises s’est redressée
En France, de longue date, la profitabilité des entreprises était basse puis s’est redressée, ce qui contribue à l’augmentation des investissements d’origine étrangère. Les profits après taxes ainsi que les intérêts et avant dividendes représentaient, en 2022, 12 % du PIB, contre 9,5 % en 2012. Si ce ratio est en hausse, il demeure néanmoins nettement inférieur à celui de l’Allemagne (20 %) et à celui de l’Espagne (15 %).
Depuis 2018, les entreprises empruntent à taux réels négatifs, contre plus de 2 % avant 2012. La hausse des taux d’intérêt constatée depuis le milieu de l’année 2022 ne compense pas celle de l’inflation. Après le « quoi qu’il en coûte » qui s’est traduit par d’importants prêts aux entreprises, l’État multiplie les aides en faveur de l’investissement dans la transition énergétique ou en soutien de la relocalisation d’activités décrétées stratégiques (usines de batteries électriques, de médicaments, de semi-conducteurs, etc.).
Le redressement important de l’investissement des entreprises françaises ne conduit pas, pour le moment, à un redressement de la productivité du travail qui s’est contractée de 5 % depuis 2019. Le déclin de la productivité est un processus complexe associant une série de facteurs (développement de l’apprentissage, difficultés de recrutement, tertiarisation de l’économie, sous-investissement pendant la période 2007/2018). L’augmentation de l’investissement devrait avoir un effet positif sur la productivité d’ici quelques années.
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