La Belgique, quatrième plus gros partenaire commercial du Royaume-Uni, pourrait souffrir des conséquences économiques du Brexit.
Après l’Irlande et Malte, la Belgique est le quatrième État membre qui sera le plus touché économiquement par le Brexit. Les emplois dans les secteurs alimentaire, administratif et textile sont les plus menacés.
Un « Brexit dur », qui régulerait le commerce entre le Royaume-Uni et l’UE selon les normes de l’OMC, entraînerait la perte d’environ 42 000 emplois en Belgique, explique Hylke Vandenbussche, professeure d’économie à la KU Leuven.
Même si les négociateurs parvenaient à un « Brexit doux » avec un accord à la clé avant le 31 décembre 2020, date butoir de la période de transition de 11 mois, les recherches d’Hylke Vandenbussche laissent entendre que 10 000 emplois disparaîtraient quand même.
La Région flamande, qui compte actuellement à peu près 16 000 entreprises qui exportent vers le Royaume-Uni, connaîtrait le plus de difficultés économiques, en particulier entre Bruges et Courtrai, mais aussi à Anvers et à Gand. La production risque de baisser de 1,8 % et il est à craindre que les petites entreprises soient les plus durement touchées.
Du côté wallon, c’est à Wavre, où se trouve le siège du géant pharmaceutique britannique Glaxo Smith Kline, que l’avenir demeure incertain.
Hylke Vandenbussche explique que même si des taxes douanières, imposées dans le cas d’un scénario sans accord, venaient à hausser les prix et à faire baisser la demande des deux côtés de la Manche, 70 % de l’impact négatif du Brexit résiderait en fait dans les effets indirects de celui-ci.
« Il faut considérer la chaine de valeur dans son entièreté, et pas uniquement le commerce de marchandises », indique la professeure d’économie.
Alors, à quel point les autorités belges sont-elles prêtes à faire face au Brexit ?
« [Elles ne le sont] pas vraiment », affirme Hylke Vandenbussche. Elle renvoie à une enquête réalisée par le gouvernement belge en 2018, qui révèle que seuls 25 % des firmes de Belgique étaient prêtes à affronter le Brexit. « Et je suppose qu’il s’agissait surtout de grandes entreprises… Il en va donc de l’intérêt commun de prolonger [le plus possible] les délais », souligne-t-elle.
Les recherches de la KU Leuven avancent aussi qu’un « Brexit dur » augmenterait les inégalités régionales au Royaume-Uni, dont la concurrence internationale serait la plus entravée avec celle de l’Allemagne.
Mais Hylke Vandenbussche pense qu’une rupture brutale sera évitée.
Selon la professeure, « une sorte de “mini accord” sera conclu à la fin de l’année ». Il couvrira probablement les secteurs que l’UE considère comme étant les plus vulnérables à un « Brexit dur ».
« Mathématiquement, il est presque impossible de [finaliser le nouvel accord commercial] en un an », ajoute-t-elle.
Il y a fort à parier que l’UE, à l’instar du Royaume-Uni, mettra en place ses propres instruments de financement en soutien aux régions les plus touchées par le Brexit.
À terme, des fonds européens seront débloqués pour compenser les pertes causées par le Brexit. Tout dépend de la manière dont ce dernier se concrétisera. Mais même si l’UE parvient à un plein accord avec le Royaume-Uni, il se traduira toujours par quelques pertes — que le Brexit soit « doux » ou « dur ».
Selon Hylke Vandenbussche, l’interrogation fondamentale porte sur la direction que prendra le Royaume-Uni en ce qui concerne ses accords commerciaux futurs.
D’après elle, le Royaume-Uni considère le Brexit comme l’occasion de s’éloigner pour de bon de l’Europe en matière commerciale pour s’intégrer à la « coalition gagnante » qui comprend les États-Unis, le Canada, le Japon et la Chine.
Cette nouvelle situation économique demanderait à son tour une réévaluation complète des politiques industrielle, militaire et de sécurité de l’UE.