Julien Lanquetin : les coulisses du cours Florent de Bruxelles

Julien Lanquetin : les coulisses du cours Florent de Bruxelles

Aujourd’hui Lesfrancais.press fait escale à Bruxelles, où le théâtre bat au rythme des passions francophones. Nous partons à la rencontre de Julien Lanquetin , directeur du Cours Florent à Bruxelles, en lien avec la maison parisienne .

La petite sœur belge de la célèbre école de formation d’acteurs/actrices parisiennes a vu le jour en 1993. Elle a à sa tête un directeur expérimenté, artiste autant que manageur moderne. Il a participé au développement de cette antenne immergée dans le terreau artistique local.

Professeurs, intervenants techniques, réalisateurs, acteurs, actrice : La Belgique regorge de talents.  Le cours Florent de Bruxelles les mobilise. Pour transmettre ce qui est d’abord une passion : celle de jouer et d’incarner sur scène. Les formations font le plein. Cinéma, théâtre, Stand-up, improvisation, ici ont peu apprendre en français, naturellement.

Les élèves du cours Florent de Bruxelles

Mais aussi en néerlandais ou en anglais.   L’école est un carrefour international au service du jeu. L’initiation commence dès 13 ans. Et les stages d’été bruissent des rires et des éclats de voix de passionnés déjà prêts à brûler les planches.

Apprendre à jouer et à gérer sa carrière

Au côté de l’artistique, la dimension professionnelle n’est pas oubliée. On apprend ici aux futurs actrices et acteurs comment gérer leur carrière, naviguer dans le maquis juridique des contrats, rentrer dans les spécificités des statuts. Si l’école a une force d’attraction c’est aussi grâce au réseau où elle s’intègre. Aux côtés du site parisien, on compte désormais une antenne à Montpellier ou à Bordeaux.

Les grands noms qui sont passés par le cours Florent en France trônent au firmament de la profession. Qu’on songe à la passionnante Isabelle Adjani, au roi des planches Jacques Weber ou au séduisant Pierre Niney.

Si tous les élèves ne deviendront pas des stars, beaucoup rêvent de le devenir ou de simplement jouir du plaisir de jouer face à un public, de partager sa culture. D’aller chercher en eux l’authenticité, la fantaisie, la puissance qui leur permettra de rentrer dans un rôle. Ces élèves qui font au bout du cursus s’insèreront dans un secteur économique varié, qui en Belgique possède une authentique vitalité.

Entre scènes, rêves et transmission, Julien Lanquetin nous ouvre aujourd’hui les coulisses d’un temple de la formation artistique.

Lesfrancais.press : « Une première question : Si ma fille veut devenir la nouvelle Isabelle Adjani, est-ce que je peux l’inscrire au Cours Florent à Bruxelles ? »

Julien Lanquetin : « Nous avons des cours pour les adolescents. On va aborder avec ces élèves le théâtre sous la forme périscolaire, sans leur mettre une pression excessive, pour avant tout leur donner d’abord l’envie d’aller au théâtre, de s’intéresser au répertoire. »

Lesfrancais.press : « Quelle est la spécificité de ce site de Bruxelles ? »

Julien Lanquetin : « On va travailler avec notre environnement belge. Des cinéastes et formateurs locaux. On est une petite entreprise. Avec cinq salariés seulement.

Julien Lanquetin directeur du Cours Florent Bruxelles

Mais avec de nombreux artistes qui vont dispenser des cours sur des missions bien précises et des compétences propres : Animations de marionnettes, cours de voix, d’improvisation. »

Les élèves du cours Florent de Bruxelles

Travail et théâtre, itinéraire du directeur du Cours Florent Bruxelles

Lesfrancais.press : Qui êtes-vous, plutôt artiste ou manageur ?

Julien Lanquetin : « Un peu les deux. Assez jeune, j’ai commencé par le théâtre à Nancy, j’ai passé un bac littéraire. Et à 18 ans j’étais le premier de promo pour rentrer dans une école de commerce. À Paris j’ai fait des lettres modernes et le Cours Florent.

« Même si on est dans une filière artistique on parle de management »

Ce que j’ai appris sur l’organisation du travail dans mes études m’a beaucoup servi dans le théâtre. Même si on est dans une filière artistique on parle de management. On donne les clés aux acteurs pour gérer une carrière. Pour répondre à des mails et se servir d’un tableau Excel.

Ils apprennent également à monter des dossiers de demande de subvention, se familiarisent avec le statut de droit d’auteur et des ASBL. Ils réfléchissent aussi à comment rendre plus exploitable et vendable mon projet artistique. Nous avons aussi des cours en néerlandais et en anglais pour étendre les compétences linguistiques de nos élèves. La formation est très complète. »

Lesfrancais.press : « Combien coûtent les études au Cours Florent à Bruxelles ? »

Julien Lanquetin : « Sur le tarif de base c’est 5000 euros l’année. L’élève peut payer par mois ou pour une année. Nous sommes loin d’être les plus chers en Europe. Et nous sommes surtout derrière nos élèves. On ne leur vend pas du rêve mais un contrat entre eux et nous pour qu’ils aillent jusqu’au bout de la formation. »

Le phénomène Metoo et la déontologie du cours Florent

Lesfrancais.press : « Nous allons maintenant parler d’un sujet grave. Celui des violences sexuelles et sexistes. Et des Metoo cinéma et théâtre. Il y a une attention nécessaire à ces sujets. Comment l’école fait-elle passer le message de l’éthique de comportement à ses élèves ? »

Julien Lanquetin : « En tant que père de famille j’estime que tout ce qui s’est passé au moment de Metoo a été totalement libérateur et vertueux. Le cours Florent avait déjà anticipé sur ces questions-là.

« On ne leur vend pas du rêve mais un contrat entre eux et nous pour qu’ils aillent jusqu’au bout de la formation »

On a une charte déontologique propre au cours Florent. On a des formations pour les professeurs. Nous avons aussi des référents pédagogiques pour que les professeurs ne travaillent plus seuls.

Les élèves du Cours Florent Bruxelles en répétition

Nous avons une référente écoute égalité et respect. Un numéro d’alerte existe en cas de situation de détresse. On met tout en place pour travailler sur le dialogue et sur l’écoute. »

Lesfrancais.press : « Avez-vous des souvenirs récents de représentations portées par des élèves qui vous ont particulièrement marquées ? »

Julien Lanquetin : « Une pièce de Fassbinder représentée au Théâtre Marini qui parlait de la montée de l’extrême droite en Europe est mon souvenir le plus récent. 

« Faire du théâtre est un acte politique. Je ne pense pas que les acteurs soient prêts à tout jouer et dans n’importe quelles conditions »

Elle évoquait la nécessité d’un fort engagement politique face à une pensée dangereuse. Faire du théâtre est un acte politique. Je ne pense pas que les acteurs soient prêts à tout jouer et dans n’importe quelles conditions. Parler au nom de ceux qu’on n’entend pas, parler de classes sociales c’est politique. Le théâtre a cela en lui. L’acteur n’a pas les solutions politiques face à la montée des extrêmes, mais il va pouvoir conscientiser et exprimer une catharsis. L’acteur est là pour raconter le monde. »

Auteur/Autrice

  • Boris Faure est l'ex 1er Secrétaire de la fédération des expatriés du Parti socialiste, mais c'est surtout un expert de la culture française à l'étranger. Il travaille depuis 20 ans dans le réseau des Instituts Français, et a été secrétaire général de celui de l'île Maurice, avant de travailler auprès des Instituts de Pologne et d'Ukraine. Il a été la plume d'une ministre de la Francophonie. Aujourd'hui, il collabore avec Sud Radio et Lesfrancais.press, tout en étant auteur et représentant syndical dans le réseau des Lycées français à l'étranger.

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