Comme chaque 27 janvier, la journée est dédiée en France et en Allemagne au souvenir de l’Holocauste. L’occasion pour nous de faire un petit rappel historique et de dénoncer l’antisémitisme qui a connu un retour inédit en 2024.
Une journée du souvenir pour quoi faire ?
Au matin du 27 janvier 1945 quelque 7.000 détenus se trouvaient encore dans les camps d’Auschwitz-Birkenau. Plus d’un million de personnes déportées dans le camp d’Auschwitz y ont péri. En tout près de 7 millions de personnes meurent pendant l’Holocauste ! Plus de 5 millions de Juifs, et aussi des Tziganes, un peuple nomade d’Europe de l’Est, des handicapés, des communistes, des homosexuels, des Noirs… Tous ceux que les nazis jugent inférieurs ou qui s’opposent à eux !
Le Conseil de l’Europe est à l’origine de la mise en place d’une Journée du souvenir de l’Holocauste et de prévention des crimes contre l’humanité. Cette initiative a été prise par les ministres de l’Éducation des États membres du Conseil de l’Europe en octobre 2002. Si l’Allemagne et la France ont choisi le 27 janvier, jour de la libération d’Auschwitz, le choix de la »Journée de l’Holocauste » diffère pour d’autres États, en tenant compte de leur expérience historique.
Alors qu’aujourd’hui, on utilise le terme de génocide ou d’Holocaustes pour de nombreuses causes, il est important de rappeler qu’un génocide est la mise en place par un État constitué de dispositions ayant comme objets d’éliminer physiquement et méthodologiquement un groupe d’êtres humains pour des raisons ethniques ou religieuses. Actuellement, même si injustices et massacres sont présents aux 4 coins du globe, aucune situation ne peut être comparée à la machine nazie qui a mis en place un système quasi industriel dédié à la mort d’enfants, de femmes et d’hommes.
L’année 2024 a été une « année record » pour l’antisémitisme
Avec une augmentation de 340 % du nombre total d’incidents antisémites dans le monde par rapport à 2022, selon un nouveau rapport publié par l’Organisation sioniste mondiale (WZO) et l’Agence juive pour Israël, l’année dernière marque un rebond sans précédent de la « haine du Juif ».
Par rapport à 2023, le nombre d’actes antisémites a presque doublé. Le rapport a utilisé 2022 comme année de référence parce qu’il s’agissait d’une année relativement normale, contrairement à 2023, où le Hamas a lancé une guerre contre Israël le 7 octobre.
Cette forte augmentation « constitue une véritable menace pour les fondements de la démocratie occidentale, où le nouveau discours antisémite érode les valeurs fondamentales de la société démocratique et crée des failles dans le mur du pluralisme et de la tolérance », a déclaré Raheli Baratz, chef du département de lutte contre l’antisémitisme de l’Organisation sioniste mondiale et autrice du rapport.
L’occident rattrapé par l’actualité
Aux États-Unis, le nombre d’actes antisémites a augmenté de 288 %, avec un pic en avril 2024. Ces incidents comprenaient un certain nombre d’actes de violence importants, tels que le meurtre du Dr Ben Harouni en Californie en mars, des attaques contre des synagogues et des actes de violence dans les écoles et les universités.
Au Canada, la situation est encore pire, avec une augmentation de 562 % des actes antisémites, dont un quart était violent, selon le rapport.
L’Australie a connu une forte augmentation de 387 % des incidents antisémites, dont des incendies de synagogues, des actes de vandalisme et des agressions physiques.
Les tendances sont tout aussi préoccupantes en Europe. En France, les incidents antisémites ont augmenté de plus de 350 % et 28 % d’entre eux ont donné lieu à des actes de violence, selon le rapport. Au Royaume-Uni, les incidents antisémites ont augmenté de 450 %, avec près de 2 000 incidents pour le seul premier semestre 2024.
Les pays du BRIC aussi
Au Brésil, le président Luiz Inácio Lula da Silva a comparé les actions d’Israël à Gaza à la Shoah en février, déclenchant une vague de rhétorique antisémite sur les médias sociaux. Au Chili, le nombre d’incidents antisémites a augmenté de 325 %, tandis qu’en Argentine, il a légèrement diminué.
L’Afrique du Sud a connu une augmentation de 185 % des incidents antisémites, y compris des appels au boycott d’Israël et de la propagande anti-israélienne. Le rapport note que le nombre réel d’incidents antisémites est probablement plus élevé que ce qui est rapporté.
En Chine, les plateformes de réseaux sociaux ont été inondées de contenus antisémites et de théories du complot, y compris de négationnisme. Au Japon et à Taïwan, des manifestations anti-israéliennes et des saluts nazis ont été observés, ce qui n’était pas courant auparavant dans la région.
Dans les pays de l’ancien bloc soviétique, l’année 2024 a été marquée par une escalade significative de la rhétorique antijuive et anti-israélienne. L’attentat perpétré en mars à l’hôtel de ville de Crocus, près de Moscou, où 145 personnes ont été tuées, a donné lieu à une multitude de théories du complot antisémites, en particulier sur les réseaux sociaux. Une série d’attaques violentes au Daghestan en juin, dont l’incendie de synagogues et d’églises et le meurtre de 22 personnes, s’est accompagnée d’une vaste campagne d’incitation en ligne.
Déchaînement dans le monde musulman
Dans le monde musulman, l’Iran continue de soutenir des organisations terroristes telles que le Hezbollah et le Hamas et de nier le droit à l’existence d’Israël. En revanche, des pays comme l’Arabie saoudite, le Maroc et les Émirats arabes unis adoptent des approches plus modérées au niveau politique, bien que l’opinion publique soit souvent différente.
En ligne, le contenu antisémite a augmenté de plus de 300 %, l’antisémitisme classique représentant 38,5 % du contenu signalé, le négationnisme 21,1 % et le contenu anti-israélien et antisioniste 15,4 %.
L’utilisation croissante du terme « sionisme » et de ses dérivés comme euphémisme dans les expressions antisémites a conduit le Meta à reconnaître l’antisionisme comme une forme d’antisémitisme dans certains contextes, note le rapport.
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