Avec près de 321 millions de locuteurs répartis aux quatre coins de la planète, la langue française est la cinquième la plus parlée dans le monde (après l’anglais, le chinois, l’hindi et l’espagnol), et la quatrième employée sur Internet. Et ce 20 mars, c’est la journée internationale de la Francophonie. Celle-ci s’inscrit également dans la semaine de la langue française qui, cette année, a pour thème « Prenez la parole ! »
À cette occasion, Lesfrancais.press laisse libre tribune à deux de nos compatriotes : Anne Boulo et Philippe Loiseau. Anne est conseillère des Français de l’Étranger au Congo, quant à Philippe, il occupe ce même mandat pour les Français d’Allemagne et il siège aussi à l’AFE. Il est également membre fondateur du cercle de réflexion « la france et le monde en commun ». À eux deux, ils avaient publié une étude en septembre 2024 : « La France au cœur de la Francophonie ? »
La semaine de la francophonie : un rendez-vous incontournable
« La 30e semaine de la francophonie, cette année, s’est ouverte par ce slogan, « Prenez la parole ! ». Comme tous les ans les centaines de millions de francophones partagent jeux et réflexions autour de la langue française. Ce rendez-vous est devenu incontournable… et le plus partagé sans doute de la grande famille francophone.
La francophonie face aux mutations mondiales
« Depuis ses origines… notre monde est en constante mutation, faisant face à des évolutions de toutes sortes, voire des révolutions protéiformes nées dans l’intelligence humaine qu’elle soit positive ou négative. Parmi ces mutations, l’adaptation nécessaire de nos sociétés à des formes d’échanges toujours plus exigeantes, requiert que (…) les francophonies s’adaptent, pour faire face ça et là à certaines disgrâces, pour s’affirmer sans se refermer. »
Telle était la conclusion de notre étude parue en septembre 2024. Elle interrogeait à la fois la place de la francophonie dans le cœur des Français et la place de la France au cœur de cette francophonie. Nos recherches nous ont montré que si l’action de la France en matière de promotion et de développement de la francophonie est réelle (dans une acception très large du concept), elle est cependant difficilement lisible et manque peut-être de coordination entre les différents acteurs. Nous avions donc formulé un ensemble de propositions, qui sont toujours d’actualité six mois après le sommet de la Francophonie de Villers-Côtterêts et Paris.
À l’heure où l’équilibre géopolitique mondial a basculé dans une nouvelle ère, bien plus instable, violente et anxiogène, il nous semble que toutes les politiques – et pas seulement celle de la France – visant à souder les communautés francophones, à vivifier les échanges économiques entre pays francophones, à soutenir la recherche et développer les actions culturelles, sont essentielles. Mais en prend-on le chemin en Algérie, dans les pays du Sahel, au Moyen-Orient ? Quelle place auront demain nos opérateurs dans ces économies exsangues, dans les conflits ? On peut s’interroger et d’autant plus que le contexte de ce printemps met en exergue le nécessaire réveil de l’Europe notamment du point de vue militaire alors même que des mouvements nationalistes voire post-fascistes gagnent du terrain.
« Il ne faudrait pas que les citoyens et citoyennes engagés en francophonie se laissent intimider par des budgets contraints »,
Anne Boulo et Philippe Loiseau
En octobre 2024 l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie ) a accueilli la Sarre, région d’Allemagne limitrophe à la Lorraine, avec le statut d’observateur, c’est une région qui vise le bilinguisme dans son système d’enseignement. Un signe prometteur ! Un signe prometteur car les politiques éducatives bilingues sont l’avenir des enfants, et pas seulement ceux qui ont la chance d’être en mobilité internationale. Des signes, il en faudrait d’autres… Oui, il ne faudrait pas que les citoyens et citoyennes engagés en francophonie se laissent intimider par des budgets contraints ou de funestes soubresauts, ils ont pour garder leur courage besoin de la sincérité du monde politique. Est-ce trop demander ?
Soutenons et encourageons un réveil de la Francophonie dans les domaines culturels, économiques bien sûr mais aussi dans la promotion du développement, de l’égalité des droits et de la Paix. Soutenons et encourageons la prise de parole ! »
Anne Boulo et Philippe Loiseau
Retrouvez l’étude sur la Francophonie du think tank « la france et le monde en commun » :
Les auteurs :
Anne Boulo est conseillère des Français de l’étranger, établie au Congo depuis mai 2021, après avoir été également élue pour le même mandat au Vietnam. Elle a également été membre de l’Assemblée des Français de l’Étranger. En 2018, elle a co-écrit une étude “Handicap et vie à l’étranger” pour la commission des affaires sociales de cette assemblée.
Philippe Loiseau est depuis 2009 conseiller des Français de l’étranger établis en Allemagne et membre de l’Assemblée des Français de l’Étranger, membre-fondateur de La France et le monde en commun. Il a écrit une étude “2013-2023 : Regards sur la représentation politique des Français établis hors de France” pour le cercle de réflexion La France et le monde en commun.
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