Le Premier ministre britannique Boris Johnson a mis en garde le 10 décembre contre le risque d’une nouvelle « paralysie » du Brexit en cas de victoire de l’opposition travailliste aux législatives de jeudi.
Un sondage publié mardi soir par l’institut YouGov donne toujours gagnant, avec une petite majorité de 28 sièges, le dirigeant conservateur. Il semble en passe de réussir son pari, lui qui a convoqué ces deuxièmes élections anticipées depuis le choc du référendum sur le Brexit en 2016 afin d’obtenir la majorité nécessaire pour sortir le Royaume-Uni de l’Union européenne au 31 janvier.
Mais l’écart avec l’opposition travailliste ne cesse de se réduire : la formation de Boris Johnson était auparavant créditée d’une majorité plus confortable de 68 sièges, dans un parlement qui en compte 650. Ces projections n’excluent d’ailleurs « absolument pas la possibilité d’un parlement sans majorité » en raison de la marge d’erreur, souligne l’institut dans son communiqué.
Alors que la campagne entrait dans ses dernières heures, les deux principales formations politiques britanniques s’échangeaient leurs derniers coups pour rallier de précieux électeurs qui pourraient bien faire basculer le scrutin de jeudi.
Le Labour n’a pas manqué de reprocher à Boris Johnson les dégâts causés au système public de santé (NHS) par neuf ans de politique d’austérité conservatrice, quand il s’est montré embarrassé lundi devant la photo d’un enfant de quatre ans étendu sur le sol d’un hôpital en attendant d’être traité.
« Je ne blâme pas les infirmières. Je ne blâme pas les médecins. Je ne blâme pas les services de santé », a déclaré mardi le leader du parti travailliste Jeremy Corbyn. « Je blâme le gouvernement qui a sous-financé notre NHS ».
Autre coup dur pour le chef du gouvernement, il a été accusé mardi de récupération politique de l’attentat meurtrier de London Bridge par David Merrit, le père de l’une des victimes, pour avoir promis un durcissement sécuritaire.
« Désastreux » Corbyn
En campagne dans le centre de l’Angleterre, en terre pro-Brexit, le Premier ministre s’est lancé dans une virulente critique de Jeremy Corbyn, qui veut négocier un nouvel accord avec l’Union européenne et le soumettre à référendum avec comme alternative le maintien dans l’UE.
« C’est grotesque. Pire, ce serait désastreux », a-t-il jugé lors de cet événement où il s’est mis au volant d’un engin de chantier pour démolir un faux mur de briques indiquant « blocage. (…) Soit nous allons de l’avant (en réalisant le Brexit) soit c’est encore la paralysie ».
Le Premier ministre a mené campagne avec pour seul message de réaliser le Brexit, qui a plongé le Royaume-Uni dans une profonde crise politique et reste dans l’impasse trois ans et demi après le vote des Britanniques à 52 % en faveur d’une sortie de l’UE.
Fidèle à sa tactique habituelle, Boris Johnson a aussi insisté sur la confusion au sein du Labour, patente le matin même. Le spécialiste travailliste des questions de Santé, Jonathan Ashworth, a jugé « désespérées » les chances de victoire de son parti, et mis en cause la personnalité de M. Corbyn, chef très à gauche de la formation, dans une conversation privée qui a fuité sur un blog politique pro-Brexit, Guido Fawkesun. Selon lui, les électeurs « ne peuvent pas supporter Corbyn et pensent que le Labour a bloqué le Brexit ».
Des propos tenus sur le ton de la « plaisanterie », s’est défendu M. Ashworth au micro de la BBC, mais qui tombaient mal.
Ce député Labour « pense que le chef de son propre parti présente un risque pour la sécurité » du pays, a martelé M. Johnson.
Avec un scrutin qui s’annonce serré dans de nombreuses circonscriptions, les travaillistes cherchent à combler leur retard. Mais si Boris Johnson ne réussit pas son pari d’obtenir une majorité absolue, ils pourraient s’allier avec des petits partis pour diriger le pays.
Ils ont mené une campagne très à gauche, fondée sur la défense des services publics, notamment le NHS auquel les Britanniques sont très attachés.
Après le Brexit, le système de santé est la deuxième préoccupation des électeurs. Selon une étude de l’institut YouGov, cette question est vue comme le principal point fort du programme travailliste, qui prévoit des dépenses massives pour l’améliorer.
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