Japon : Vincent Fichot débouté

Japon : Vincent Fichot débouté

La dernière fois que nous vous avons parlé de Vincent Fichot, c’était en 2021. Souvenez-vous, c’est ce papa divorcé d’une Japonaise qui avait lancé une grève de la faim afin de revoir ses enfants. La semaine dernière, la Haute Cour du Japon a rendu son verdict dans le procès l’opposant à son ex-femme.

Après 4 ans, aucune nouvelle de son fils Tsubasa (6 ans) et de sa fille Kaede (4 ans), enlevés par son épouse alors qu’ils étaient âgés de 3 ans et 11 mois, la justice nippone l’a débouté.

Un combat commencé en 2018

Sa vie bascule un soir d’août 2018, alors qu’il rentre du travail et découvre que la maison a été vidée. 

Depuis il a quitté son travail pour entamer sa grève de la faim et lutter à plein temps pour revoir ses “petits”. Fin 2021, criblé de dettes, il est obligé de se séparer de cette maison contre un petit studio d’étudiant. Depuis fin 2022, il fait des aller/retours entre le Japon et Saint-Martin-de-Crau, chez ses parents en France, afin de continuer le combat tout en assumant sa dette de 300 000 € en frais d’avocats et autres. Pour autant, il n’a jamais quitté le « pays du Soleil Levant », son coeur y est enraciné.

Vincent Fichot, résident au Japon, de passage chez ses parents à Saint-Martin-de-Crau ©La Provence

La garde partagée

Si la situation est si complexe, c’est qu’au Japon le principe de la garde partagée des enfants en cas de séparation des parents n’existe pas légalement pour l’instant. Ce qui fait que les enlèvements parentaux y sont courants et tolérés par les autorités locales, au nom d’un principe de continuité du foyer familial.

Plus de 100 000 enfants par an seraient concernés, selon des associations, dont des binationaux comme ceux de M. Fichot, qui avait fait de son cas un symbole en menant une grève de la faim médiatisée à l’été 2021 pendant les Jeux olympiques à Tokyo. L’éventuelle introduction d’un système de garde partagée dans le droit civil nippon est actuellement à l’étude au niveau du ministère japonais de la Justice, ont récemment rapporté des médias locaux.

Cependant les partisans d’un tel système redoutent que cela n’aboutisse qu’à une réforme en surface, qui ne changerait rien ou presque sur le fond.

Le soutien de la justice française

À la suite d’une procédure pénale lancée en France en 2019 par Vincent Fichot contre la mère de ses enfants, la justice française a émis fin 2021 un mandat d’arrêt international contre elle pour soustraction de mineurs et mise en péril d’un mineur.

La justice nippone bien informée de cette mesure demandée par la France l’a totalement ignorée. Et malgré des mentions lors du premier procès puis de celui en appel qui s’est conclu la semaine dernière, les juges japonais ne l’ont pas prise en compte.

Un verdict défavorable

Et donc logiquement, lors du procès en appel, Vincent Fichot a été débouté de toutes ses demandes. Ce qui pour l’élu consulaire Thierry Consigny, implique que le Japon reconnaît donc la légalité du kidnapping d’enfants.

« Elle (la justice nippone) constate qu’il n’ y a pas eu de violences conjugales, mais reconnait que l’enlèvement parental est légal au Japon. »

Thierry Consigny, élu consulaire au Japon – élu AFE

Cependant, elle blanchit Vincent Fichot des accusations de violences conjugales que sa femme portait contre lui. Mais cette dernière ne compte pas en rester là. Ainsi le 14 décembre, l’ex madame Fichot a fait savoir qu’elle attaquait en justice des médias et une ONG pour avoir diffusé de fausses informations au sujet du « kidnapping parental » dont l’accuse Vincent Fichot.

Elle a ainsi réclamé des dommages et intérêts aux maisons d’éditions nippones President Inc et Asukashinsha, tout en demandant la suppression des articles de presse qui la concerne. Elle a également attaqué l’ONG Children’s Rights Watch, basée à Tokyo, et a critiqué son mari pour une série d’actions médiatiques, dont la divulgation publique des prénoms de leurs enfants.

Auteur/Autrice

  • Chantal Julia est maitre de conférence en Suisse. Après plusieurs années à l'Université de Lettre Paris 1, Chantal a suivi son compagnon à Lausanne où elle enseigne toujours la littérature française. Elle écrit pour différents magazines universitaires et Lesfrancais.press

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