« Je vais ouvrir une galerie d’art », ce sont les propos qu’aurait tenu Jacques Chirac après son départ de Matignon ou il était le Premier Ministre en 1976.
Il n’en fera rien. Animal politique hors du commun, d’une énergie sans limite, d’une inconstance idéologique indéniable également, passé des « rad-socs » à la droite sociale en passant par le libéralisme, Jacques Chirac finira par accomplir son destin, en 1995 et contrairement à tous les pronostics, en devenant Président de la République.
Le fondateur du RPR et ancien maire de Paris, qui fit émerger de nombreuses figures de la droite comme Alain Juppé, Jean-Louis Debré, François Baroin, Nicolas Sarkozy, restera 12 ans dans ce palais que son épouse Bernadette, également élue, en Corrèze, aima tant.
L’homme de la paix face à Georges Bush
Enarque, ancien de Sciences Po Paris, Jacques Chirac était aussi un voyageur infatigable. Ancien de la Summer School d’Harvard aux Etats-Unis, passionné du Japon où il se rendit des dizaines de fois, il fut aussi un grand connaisseur des arts premiers, auxquels il dédia le musée du Quai Branly qui porte aujourd’hui son nom, et de l’Afrique, ce que lui reprochèrent les adversaires de la « françafrique ».

L’un des rares politiques français de sa génération à maitriser la langue de Shakespeare et aussi, dit-on, le japonais et le mandarin, Jacques Chirac fut récipiendaire de décorations internationales sans fin : Grand-croix en Afrique du Sud dont il était lié particulièrement via son amitié avec Nelson Mandela, et également Grand-croix à Monaco, au Maroc, en Hongrie, Espagne, Brésil, Finlande, Italie, Pologne, Portugal, …
Ses rapports avec les Etats-Unis, et en particulier avec l’administration Bush, furent plus complexes. Attaché à la souveraineté des Etats, il s’opposa farouchement à la guerre en Irak en 2003. Le discours de son Premier Ministre Dominique de Villepin au Conseil de Sécurité des Nations Unis à New-York, resta dans l’histoire de la diplomatie. S’en suivit une campagne de French-bashing outre-Atlantique inédite. Il ne pût empêcher la guerre, mais fût respecté pour l’avoir tenté.
Entre Afrique et Asie
À peine le décès de Jacques Chirac officiellement annoncé, les chaînes de télévision ont relayé l’information à travers le Japon, un pays qui suscitait un attrait tout particulier auprès de l’ancien président de la République. Sa disparition fait déjà l’objet d’hommages dans les divers journaux . Chirac a fait une cinquantaine de voyages au Japon. C’est avec une mission pour un musée qu’il effectue, au début des années 50, sa première visite au Japon. Tout le fascine 

« L’Africain » : aucun de ses prédécesseurs n’a eu droit à un tel surnom. Pendant sa présidence, Jacques Chirac a visité près de 40 pays sur le continent. Lutte contre le paludisme et le sida, annulation de la dette… La France de Jacques Chirac plaidait en faveur de ses anciennes colonies devant le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale. Elle bénéficiait en retour de leur soutien diplomatique. Dans l’ombre, Jacques Chirac obtient les services de Jacques Foccart, incourtournable et sulfureux conseiller aux affaires africaines du Général de Gaulle.
Bongo, Compaoré, Sassou Nguesso, des amis proches
Quand la stabilité du continent ou les intérêts des entreprises françaises étaient menacés, les grands principes démocratiques passaient alors au second plan.
Chirac « l’Africain », entretenait surtout des rapports très personnels avec les chefs d’Etat. Omar Bongo, Blaise Compaoré, Denis Sassou Nguesso étaient des amis proches.
« Il a assumé d’une manière absolument sincère ce que l’on appelait la Françafrique, avec les rumeurs de coups tordus, de coups d’Etat orchestrés depuis l’Elysée, l’affaire des mallettes d’argent qui circulaient entre les palais africains et l’Elysée« , explique l’historien et journaliste Francis Laloupo.
Jacques Chirac enverra aussi l’armée française sauver des régimes « amis » en Centrafrique en 1996 ou au Tchad en 2006. Mais en pleine guerre civile ivoirienne, la médiation française est un échec en 2003. Quand Jacques Chirac fait ses adieux aux Africains en 2007, sa vision fait long feu. L’influence de Paris s’effrite.
La rafle du Vel d’hiv comme curseur initial
Jacques Chirac fut aussi le premier Président de la République à reconnaitre la responsabilité de l’Etat français dans les rafles contre les Juifs pendant l’occupation, et ce lors de son premier discours de Président élu. Populaire dans la rue arabe, en raison d’une position modérée sur le conflit israélo-palestinien, on se souvient de l’altercation avec les services de sécurité israéliens.
Jacques Chirac, et les hommages du monde entier le montrent, restait un géant de la politique française, européenne et internationale. Il laisse une épouse et sa fille, Claude, longtemps sa conseillère.
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