Italie : la grande illusion fiscale

Italie : la grande illusion fiscale

Écouter le podcast avec Gaëlle Barré

Alors que l’idée d’un « paradis fiscal » italien séduit de plus en plus de Français, les élus consulaires tirent la sonnette d’alarme. Dans une tribune transpartisane, les conseillers des Français d’Italie ont souhaité nuancer cette image idéalisée. La grande illusion fiscale colportée par certain est donc loin de la réalité. À notre micro, Gaëlle Barré, conseillère pour l’Italie du Sud et présidente du Conseil consulaire de Rome, alerte sur les vérités de l’imposition transalpine.

Des Français confrontés au fisc italien

« Lobjectif de cette prise de parole collective est avant tout dinformer nos compatriotes attirés par lItalie. explique Gaëlle Barré

« Nous sommes régulièrement saisis par des Français installés en Italie (…) qui rencontrent de grandes difficultés avec l’administration fiscale italienne »

En effet, ajoute notre invitée, « nous sommes régulièrement saisis par des Français installés ici, souvent des retraités, qui rencontrent de grandes difficultés avec ladministration fiscale italienne ». L’élue consulaire souhaite, comme l’ensemble des Conseillers des Français de l’étranger, partager son expérience du terrain en Italie et compléter ainsi le travail de sensibilisation mené par les institutions.

Des Français confrontés au fisc italien
Des Français confrontés au fisc italien

« L’ambassade et les consulats se sont déjà saisis de ce souci et organisent régulièrement des réunions d’information très suivies par nos compatriotes, preuve de l’intérêt porté à ce sujet. »

Des régimes attractifs… mais réservés à une élite

Italie, eldorado fiscal : mythe ou réalité ? Un peu des deux. L’image d’un système fiscal avantageux repose sur l’existence de régimes spécifiques mis en place pour attirer une population bien ciblée. Les dirigeants, personnalités qualifiées ou contribuables fortunés. « Il ne sagit pas de pièges fiscaux », précise Gaëlle Barré, « mais dune politique dattractivité logique, qui offre des avantages à une minorité de personnes. »

« Oui il existe une politique fiscale avantageuse pour des personnes très très fortunées et un régime fiscal ordinaire nettement moins avantageux pour les autres. »

Pour les autres, le choc fiscal peut être brutal. « Ce serait plus juste de dire, oui il existe une politique fiscale avantageuse pour des personnes très très fortunées et un régime fiscal ordinaire nettement moins avantageux pour les autres. » En effet, pour Gaëlle Barré il est essentiel de rappeler que la grande majorité des personnes qui s’installent en Italie peuvent être imposées dans les deux pays. « Par exemple, elles vont payer des impôts sur leur retraite en France et en Italie. Ce nest pas une double imposition au sens strict, mais comme le taux est plus élevé en Italie, il y a un différentiel à régler », détaille Gaëlle Barré.

Des régimes attractifs… mais réservés à une élite
Des régimes attractifs… mais réservés à une élite

Même chose pour le patrimoine immobilier ou les autres sources de revenus. Dès lors que l’Italie vous considère comme résident fiscal, les règles strictes de la fiscalité transalpine s’appliquent.

Se préparer pour anticiper les difficultés

Une reconnaissance qui peut avoir de lourdes conséquences. « Certains retraités se sont retrouvés contraints de vendre leur maison pour régler des dettes fiscales, d’autres ont cumulé plus de 50 000 euros d’arriérés parce qu’ils ont omis de déclarer certains revenus de source étrangère. Dans ce cas, l’administration fiscale peut être très pénalisante. »

« Certains retraités se sont retrouvés contraints de vendre leur maison pour régler des dettes fiscales »

Face à ces risques, Gaëlle Barré n’a qu’un seul conseil : ne pas partir sans se renseigner. « Beaucoup de gens ne contactent ni le consulat, ni les élus, encore moins un expert-comptable. Pourtant, il est crucial de bien évaluer le montant des impôts futurs quelle que soit leur nature », insiste-t-elle.

Vers une meilleure coopération franco-italienne

Par ailleurs, l’élue rappelle que différentes démarches ont été engagées auprès des autorités françaisesNous avons saisi de nombreuses personnalités politiques dont le Ministre délégué aux Français de l’étranger, Laurent Saint-Martin, qui a organisé, le 2 avril dernier, une réunion sur ce sujet avec la députée de notre circonscription Caroline Yadan. »

Par ailleurs, précise aussi Gaëlle Barré « la sénatrice Hélène Conway a par ailleurs posé une question au gouvernement et les élus de l’Assemblée des Français de l’étranger sont pleinement mobilisés. L’idée est de clarifier la convention fiscale bilatérale entre la France et lItalie et de trouver des accords avec l’administration italienne pour accompagner au mieux les personnes qui actuellement se trouvent en situation de redressement. »

En somme, une meilleure information et une bonne préparation sont les petits prix à payer pour que la dolce vita ne tourne pas au cauchemar fiscal.

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