Irlande du Nord : Londres et Dublin négocient

Irlande du Nord : Londres et Dublin négocient

Les gouvernements britannique et irlandais devront démontrer que des progrès ont été réalisés en vue d’un accord sur un nouveau gouvernement décentralisé en Irlande du Nord avant la fin du mois d’octobre. Ceci afin d’éviter de nouvelles élections législatives, ont déclaré les ministres ce mercredi (28 septembre).

Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, et le Secrétaire d’État britannique à l’Irlande du Nord, Chris Heaton-Harris, tous deux anciens eurodéputés, se sont exprimés à l’issue de leur première réunion depuis la prise de fonction de M. Heaton-Harris au sein du nouveau gouvernement de Liz Truss, au début du mois.

ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney,

S’adressant aux journalistes après leur rencontre à Dublin mercredi, M. Coveney a déclaré que la discussion avait porté sur la manière de « reconstruire un partenariat » entre Londres et Dublin.

« Un partenariat qui a véritablement été le fondement de l’accord de paix conclu il y a près de 25 ans », a-t-il ajouté.

Eviter de nouvelles élections

Toutefois, à moins que des progrès ne soient réalisés pour sortir de l’impasse politique qui existe à Belfast depuis les élections législatives de mai, à la suite desquelles le parti républicain Sinn Féin est devenu le plus grand parti d’Irlande du Nord, M. Heaton-Harris a déclaré qu’il serait légalement contraint de convoquer de nouvelles élections législatives si aucun progrès n’était réalisé d’ici le 28 octobre.

« Notre priorité absolue commune est de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour qu’un exécutif soit rétabli avant qu’une élection ne doive être convoquée », a déclaré le ministre britannique.

Mme Truss avait fait allusion à des menaces de suspension du protocole sur l’Irlande du Nord au cours de sa campagne victorieuse pour le leadership du parti conservateur et a introduit une législation permettant aux ministres britanniques de passer unilatéralement outre le protocole. Cependant, il semblerait que la nouvelle politique de son gouvernement a été beaucoup plus constructive que celle de son prédécesseur Boris Johnson, tant en ce qui concerne l’Irlande du Nord que les relations entre l’UE et le Royaume-Uni.

« Les messages en provenance de Londres sont très différents de ceux que nous pouvions entendre il y a quelques mois », a déclaré M. Coveney. Il a ajouté qu’il pensait qu’il était « absolument possible » de parvenir rapidement à un accord sur le protocole avec la Commission européenne.

Avril 2023, date butoir pour un accord avec l’UE

Mme Truss a fixé à avril 2023 la date limite pour négocier un accord avec l’UE sur le protocole sur l’Irlande du Nord. Cette échéance devrait coïncider avec une éventuelle visite du président américain Joe Biden — sa première au Royaume-Uni en tant que président — à l’occasion du 25ème anniversaire de l’accord du Vendredi Saint.

Le protocole a introduit des contrôles douaniers sur les produits arrivant en Irlande du Nord en provenance de Grande-Bretagne afin d’éviter une frontière douanière dure entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande — excluant ainsi l’Irlande du Nord du marché intérieur du Royaume-Uni.

Les préoccupations économiques et énergétiques nationales devraient toutefois dominer l’agenda du nouveau gouvernement britannique dans les mois à venir.

Le gouvernement de Mme Truss s’est retrouvé mêlé à une crise économique prématurée après que les mesures annoncées la semaine dernière par le ministre des Finances Kwasi Kwarteng visant à réduire les impôts de manière générale pour un coût estimé à 45 milliards de livres sterling ont provoqué une réaction sévère du marché et des craintes quant à l’état des finances publiques du Royaume-Uni.

Les réductions prévues, qui ne s’accompagnent d’aucune modification des dépenses publiques et font suite aux propositions faites au début du mois de subventionner les factures d’énergie pour un coût estimé à 100 milliards de livres, ont provoqué une ruée sur la livre. Les taux d’intérêt sur les obligations d’État britanniques à 10 ans sont passés de 0,95 % au début de 2022 à 4,4 %, soit un taux comparable à celui de l’Italie.

Mardi, le Fonds monétaire international (FMI) a exhorté le Royaume-Uni à reconsidérer ses projets de réduction des impôts pour les plus riches et à plutôt « fournir un soutien plus ciblé et réévaluer les mesures fiscales, en particulier celles qui bénéficient aux hauts revenus ».

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