L’Iran a lancé dans la nuit de samedi à dimanche plus de 200 drones et missiles contre Israël, en réponse à une frappe contre son consulat à Damas. Selon Israël, qui affirme avoir intercepté 99 % des tirs, 300 projectiles ont été lancés au cours de l’attaque, dont 170 drones interceptés sans atteindre le territoire. Le conflit Iran/Israël va-t-il entraîner le monde dans le chaos ?
Israël combatif
À Jérusalem, le quotidien a repris lentement dimanche, premier jour de la semaine. Une lumineuse journée de printemps succède à une nuit interrompue par les sirènes d’alerte quand les premiers projectiles iraniens ont été interceptés par le « Dôme de fer », le système israélien de défense aérienne. Yishai Levi, un habitant de la ville, affiche sa confiance dans ce bouclier : « Israël a prouvé une fois de plus sa supériorité technologique et mentale, et a géré la situation de manière impressionnante », assure à l’AFP cet homme de 67 ans.
Le soutien à Israël affiché par de nombreuses capitales dans son bras de fer avec Téhéran est un autre motif de satisfaction : « Nous sommes très, très heureux de l’alliance qui nous a aidés », confie Ayala Salant, une femme de 48 ans, à Jérusalem. Mais elle ne cache pas trouver la situation « vraiment effrayante ». « Nous espérons que cette escalade cessera bientôt », confie-t-elle. « Nous devons réagir ! », insiste au contraire Sharin Avraham, 31 ans. « Israël doit montrer (à l’Iran) qu’il est fort et que ça ne peut pas simplement passer comme ça. Nous ne sommes pas le punching-ball du monde ».
Une partie des Iraniens aussi
Des habitants de Téhéran sont partagés dimanche entre inquiétude d’un embrasement et fierté d’avoir montré les muscles face à Israël, après l’attaque sans précédent lancée dans la nuit par l’Iran contre son ennemi juré. L’attaque, menée à l’aide de dizaines de drones et missiles, a visé selon les autorités iraniennes deux centres militaires ayant servi à mener une frappe imputée à Israël qui a détruit le 1er avril le consulat iranien à Damas, tuant notamment sept membres des Gardiens de la Révolution, dont deux généraux de la Force Qods, qui intervient hors d’Iran.
Milad, un enseignant ayant préféré ne pas donner son nom à l’AFP, a espéré que « le conflit ne se poursuive pas », car il provoquerait selon lui « une guerre destructrice » pour Israël mais aussi pour l’Iran. « Nous n’avons pas encore complètement reconstruit les ruines de la guerre Iran-Irak (1980-1988, NDLR) dans le sud-ouest » du pays, a souligné l’homme de 46 ans. « Bref, la guerre n’est pas une blague ».
« Nous sommes extrêmement heureux de cette action des Gardiens et, en fait, nous nous sentons mieux » aujourd’hui, déclare, toujours à l’AFP, de son côté Ali Erfanian, un fonctionnaire à la retraite, âgé de 65 ans. « Nous avons aidé ainsi la population opprimée de Gaza et de Cisjordanie » occupée, dans le contexte de la guerre entre le Hamas palestinien et Israël déclenchée il y a plus de six mois, affirme-t-il. « Il y avait de la tristesse et de la colère dans nos cœurs, et nous attendions toujours cette vengeance et que les Israéliens soient punis pour leur brutalité », affirme Mahdi, un apiculteur de 35 ans.
Soutien à Israël et mobilisation des Occidentaux
Alors que les Etats-Unis ne veulent pas d’une « escalade » ni d’une « guerre étendue avec l’Iran », a insisté dimanche le porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche, au lendemain d’une attaque inédite de la République islamique sur Israël, la veille Joe Biden a réaffirmé le « soutien inébranlable » des USA.
Même la Turquie a appelé dimanche Téhéran à éviter une « nouvelle escalade » après les frappes iraniennes qui ont visé Israël dans la nuit de samedi à dimanche, a indiqué une source diplomatique turque. « Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a eu un entretien téléphonique aujourd’hui avec son homologue iranien (…) et a déclaré que nous ne souhaitons pas une nouvelle escalade dans la région », a déclaré cette source sous couvert d’anonymat.
C’est aussi le même son de cloche en Russie. Le ministère russe des Affaires étrangères a appelé dimanche « toutes les parties impliquées » à la « retenue », après les frappes iraniennes visant Israël. « Nous appelons toutes les parties impliquées à la retenue. Nous comptons sur les Etats de la région pour trouver une solution aux problèmes existants, par des moyens politiques et diplomatiques », a-t-il ajouté dans un communiqué.
Pour l’Allemagne, l’Iran a amené « en toute conscience » le Moyen-Orient « au bord du précipice », après avoir tiré des centaines de roquettes, drones et missiles sur Israël, a estimé dimanche la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock. Le régime iranien a « failli plonger une région entière dans le chaos », a insisté la cheffe de la diplomatie allemande lors d’une courte allocution à Berlin. La ministre a appelé « tous les acteurs de la région à agir avec prudence », car « la spirale de l’escalade doit être brisée ».
Du côté de l’UE, logiquement, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a convoqué une réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères de l’UE mardi par visioconférence, à la suite de l’attaque menée par l’Iran contre Israël, a-t-il annoncé dimanche. « Notre objectif est de contribuer à la désescalade et à la sécurité de la région », a-t-il indiqué sur le réseau social X.
Enfin, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a appelé dimanche au « calme », au lendemain de l’attaque iranienne sur Israël, peu avant de participer à une réunion des dirigeants du G7 sur la situation dans la région. « Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est que le calme l’emporte. Nous travaillerons avec nos alliés pour désamorcer la situation », a déclaré le Premier ministre depuis Downing Street.
La France a défendu ses bases
La France a assuré « l’autodéfense » de ses bases au Proche-Orient au moment de l’attaque iranienne visant Israël, grâce à des « moyens » de protection antiaérienne, a indiqué dimanche une source militaire française, après qu’Israël a affirmé que la France l’avait aidée à « déjouer » l’attaque iranienne.
« Nous avons contribué à la surveillance et la protection des empreintes sur lesquelles nous sommes déployés avec des moyens de défense », a déclaré samedi une source militaire française.
Évidemment, le Président de la République a lourdement condamné les frappes.
« Je condamne avec la plus grande fermeté l’attaque sans précédent lancée par l’Iran contre Israël, qui menace de déstabiliser la région. J’exprime ma solidarité avec le peuple israélien et l’attachement de la France à la sécurité d’Israël, de nos partenaires et à la stabilité régionale. La France travaille à la désescalade avec ses partenaires et appelle à la retenue »,
Emmanuel Macron sur X
En sus, la France a aussi défendu l’État hébreu. Interrogé lors d’un entretien avec des journalistes de la presse étrangère, le porte-parole militaire en chef d’Israël, Daniel Hagari, a, d’après Le Monde, déclaré que « la France a apporté une importante contribution » à la défense pendant la nuit. Les Français « disposent d’une très bonne technologie, d’avions, de radars » a-t-il ajouté.
Isolement de la zone de conflit
L’Irak, le Liban et la Jordanie ont annoncé dimanche matin la réouverture de leur espace aérien, fermé depuis samedi soir en raison de l’attaque inédite lancée par l’Iran contre Israël. Ces trois pays avaient annoncé dans la nuit de samedi à dimanche la fermeture de l’espace aérien ainsi que l’interruption du trafic.
La compagnie autrichienne Austrian Airlines a toutefois annoncé dimanche la suspension de « tous ses vols vers Tel Aviv en Israël, Erbil en Irak et Amman en Jordanie avec effet immédiat », en raison de « l’évolution récente de la situation au Moyen-Orient ». « Il n’y aura pas de vols à destination et en provenance de Tel Aviv, Erbil et Amman » avant lundi, a précisé la porte-parole Sophie Matkovits, la « sécurité des personnels et des passagers » est une priorité absolue de la compagnie.
La compagnie aérienne allemande Lufthansa a annoncé, aussi, dimanche la suspension jusqu’à lundi inclus de ses vols à destination et en provenance de Tel Aviv ainsi que d’Erbil en Irak et Amman en Jordanie, « dans le contexte de la situation actuelle ». Après les frappes iraniennes contre Israël samedi, la compagnie dit « surveiller en permanence la situation au Moyen-Orient », a indiqué un porte-parole du groupe. Comme décidé vendredi, les vols vers Beyrouth et Téhéran resteront eux suspendus jusqu’au 18 avril au moins, a ajouté cette source.
Pourtant, les Français d’Israël restent sereins comme en témoigne l’activité de leurs groupes sur les réseaux sociaux. Si bien évidement lors des frappes, l’inquiétude était de mise, ce dimanche, c’est la médaille d’or de l’équipe israélienne au championnat mondial qui se déroulait à Sofia qui occupe toutes les pensées.
La situation est plus complexe pour nos compatriotes installés au Liban, en Syrie ou en Iran. Ceux résidant à Téhéran ou ailleurs dans le pays sont invités par le gouvernement français à quitter au moins temporairement le pays. Le personnel diplomatique est d’ailleurs en train d’évacuer le territoire iranien.