Entre le début du mois de mars et la fin avril, la crise sanitaire a enregistré un grand nombre de victimes en France ainsi qu’au sein de plusieurs États européens. En France, la semaine du 30 mars a été la plus meurtrière. Avec la Belgique, l’Espagne et l’Italie, la France est le pays qui a connu le plus fort pic de mortalité.
L’écart entre les décès toutes causes confondues survenus durant les quatre premiers mois de l’année 2020 et la moyenne sur la même période en 2016-2019 a suivi une dynamique similaire dans les différents pays européens. Pendant les premières semaines de l’année 2020, jusqu’à la fin du mois de février, la mortalité a été globalement inférieure à celle enregistrée en moyenne entre 2016 et 2019 en raison de la faiblesse de la grippe saisonnière. À la différence des années précédentes, la mortalité n’a pas commencé à baisser à partir du mois de mars 2020.
+50% de mortalité pour la semaine du 30 mars
Durant la semaine du 30 mars 2020, le surcroît de mortalité a approché 50 % en Europe. Ce surcroît a atteint 60 % en France, 155 % en Espagne, 91 % en Belgique (avant 107 % la semaine du 6 avril) et 67 % en Italie (après 88 % la semaine précédente puisque le pic a été atteint une semaine plus tôt en Italie). L’excédent de mortalité s’est estompé progressivement pour retrouver son niveau moyen à partir du mois de mai. (Cercle de l’Épargne – données INSEE).
84 % de la surmortalité observée en Europe sont imputables à l’Espagne, à l’Italie et à la France. La part de ces pays atteignant quasiment le double de leur part habituelle dans les décès globaux (44 % pour la même période de 2016-2019). À l’inverse, en Allemagne, pays le plus peuplé en Europe, la surmortalité est beaucoup plus faible (4 % sur la même période). C’est aussi le cas des pays d’Europe centrale et orientale Nombre de décès entre le 2 mars et le 26 avril 2020 rapporté à la même période de 2016-2019.
Plutôt les hommes que les femmes
Dans tous les pays européens, la surmortalité n’est pas uniforme. Certaines régions ont été plus touchées que d’autres en raison de la densité de la population, de l’existence de clusters et de leur ouverture sur l’extérieur (flux important de circulation).
Trois pays concentrent 84% de la surmortalité
Ainsi, en France, entre le 2 mars et le 26 avril 2020, la surmortalité par rapport à la moyenne 2016-2019 est comprise entre 100 % et 150 % dans cinq départements (Haut-Rhin, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne et Val-d’Oise). À l’inverse, l’arc atlantique englobe des départements (Finistère et Landes) dans lesquels on enregistre une baisse du nombre des décès en 2020 par rapport à la moyenne de 2016-2019.
Plusieurs provinces espagnoles et italiennes ont enregistré une surmortalité supérieure à 150 %. Dans les provinces espagnoles (Ciudad Real, Guadalajara, Madrid et Segovia) et italiennes (Bergamo, Brescia, Cremona, Lodi et Piacenza) les plus touchées, le nombre de décès a été multiplié par plus de 3 (soit un supplément de plus de 200 %) entre le 2 mars et le 26 avril 2020 comparativement à la même période en moyenne sur 2016-2019. La façade Sud-ouest de la péninsule italienne a été peu touchée par la crise sanitaire.
L’excédent des décès a touché légèrement plus les hommes que les femmes et selon une temporalité différente. Pour la période du 2 mars au 26 avril 2020, en Europe, ainsi qu’en France dans une moindre mesure, ces décès supplémentaires ont un peu plus touché les hommes que les femmes (respectivement +7 % et +3 % d’écart sur l’ensemble de la période). Le ratio de mortalité hommes/femmes atteint en France un maximum de 1,07 au cours de la dernière semaine de mars (soit une semaine avant le pic de mortalité) et de 1,06 en Europe. En Europe, la situation s’inverse à partir de début avril : l’excédent de mortalité affecte alors davantage les femmes que les hommes. Le ratio de mortalité hommes/femmes atteint un minimum la semaine du 13 avril, avant de retrouver un seuil proche de 1 en France et un peu inférieur à 1 en Europe. (Cercle de l’Épargne – données INSEE)
Entre le 2 mars et le 26 avril 2020, le surcroît de mortalité touche davantage les personnes de 50 ans ou plus, tant en France qu’en Europe. Pour les hommes comme pour les femmes, cette surmortalité affecte, en France et en Europe, plus particulièrement les personnes âgées de 70 ans ou plus. En France, la surmortalité dépasse 40 % chez les hommes et approche 35 % chez les femmes de 70 à 74 ans et de 90 ans ou plus, par rapport à la moyenne 2016-2019. En Europe, cette surmortalité, tant pour les hommes que pour les femmes, est la plus élevée chez les 90 ans ou plus (soit 1 % de la population totale) où elle atteint respectivement 50 % chez les hommes et 43 % chez les femmes.
En l’état actuel de connaissances de l’épidémie, les écarts constatés entre les régions donnent lieu à de multiples interprétations. La forte densité de population, l’importance des emplois exposés, la non-application des gestes barrières, la prévalence de l’obésité, l’existence préalable de foyers de contamination, la non-réalisation de test de diagnostic en nombre suffisant, sont autant de facteurs mis en avant.
Laisser un commentaire