ROME — Plus d’une centaine de travailleurs de l’organisation qui gère les centres de migrants installés en Albanie par l’Italie ont été licenciés « jusqu’à nouvel ordre », selon des informations parues dans la presse italienne.
La lettre de licenciement obtenue par le journal Il Domani indique que tous les employés de l’Organisation non gouvernementale (ONG) italienne MediHospes, qui gère actuellement le centre, seront licenciés à partir du 15 février 2025, « jusqu’à nouvel ordre ».
Alors qu’il n’y a pas eu d’appel d’offres public, MediHospes a remporté l’année dernière le contrat de 151,5 millions d’euros pour la gestion des centres de Gjader et de Shengjin. Pourtant, au mois dernier, aucun contrat n’avait été signé entre l’ONG et la préfecture.
« une nouvelle confirmation de l’échec de cette opération »
Les licenciements interviennent après la dernière tentative du gouvernement de limiter les centres aux expulsions uniquement. Après des mois de revers judiciaires qui bloquent leur mise en œuvre depuis octobre.
Interrogé jeudi sur la question de savoir si le gouvernement avait commencé à vider les centres en Albanie, le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, a répondu par un « non » catégorique.
Les lettres de licenciement sont « une nouvelle confirmation de l’échec de cette opération », a déclaré Elly Schlein, dirigeante du Partito Democratito (Socialistes et Démocrates européens). Une opération qui « viole les droits fondamentaux et les lois italiennes et européennes », a précisé la responsable politique.
Pendant ce temps, le gouvernement travaille sur un nouveau décret pour les centres de migrants en Albanie. Un décret qui devrait être présenté prochainement.
Francesco Ferri, expert en migration chez ActionAid et membre de la délégation du Tavolo Asilo e Immigrazione (TAI), qui surveille les conditions des migrants dans les centres d’Albanie, a rejeté l’idée de réaffecter les installations pour détenir d’autres catégories de migrants. Le tout en avertissant que cela ne ferait qu’entraîner de nouvelles violations des droits fondamentaux.
« Une telle reconversion créerait de nouvelles violations supplémentaires des droits fondamentaux, ce qui n’a pas sa place dans un système démocratique », a-t-il ajouté.
La Commission européenne garde un œil sur la situation
Depuis le début, les centres suscitent un vif intérêt en Europe. Dès le mois d’octobre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, les a décrits comme une expérience dont la Commission pourrait « tirer des leçons pratiques » avant la réunion de l’EUCO d’octobre.
« Indépendamment de toute opinion légitime, il est clair que l’Europe soutient cette initiative », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, lors d’une intervention au Parlement italien cette semaine.
Cet intérêt n’a pas faibli, même après que trois refus d’autoriser la détention ont conduit au renvoi des migrants en Italie et au blocage effectif du projet.
Les centres ont également fait l’objet d’un débat lors du Conseil informel « Justice et affaires intérieures » à Varsovie, le premier sous la présidence polonaise.
Matteo Piantedosi a noté que le document de réflexion de la présidence polonaise inclut « une référence explicite au protocole [Italie-Albanie] » comme exemple de « coopération innovante avec un pays tiers ».
Prochaine étape
L’avenir des centres ne sera pas seulement décidé le 25 février, lorsque la Cour de justice européenne — saisie par les tribunaux italiens — rendra son arrêt, mais aussi par les élections albanaises prévues le 11 mai.
L’ancien président albanais Sali Berisha, qui se présente contre Edi Rama, qui a signé l’accord avec l’Italie, a déclaré que s’il gagnait, « une fois les cinq ans écoulés, le contrat avec l’Italie ne serait pas renouvelé ».
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