« Il manque une réaction coordonnée de l’Europe sur le coronavirus »

« Il manque une réaction coordonnée de l’Europe sur le coronavirus »

Pour l’économiste Claude Le Pen, la crise du coronavirus est l’occasion de s’attaquer à la relocalisation en Europe de certaines activités pharmaceutiques délocalisées en Inde et en Chine. Une question selon lui stratégique. Un article de notre partenaire Euractiv

Claude Le Pen est économiste et spécialiste des questions de santé.

Le coronavirus touche des hôpitaux déjà au bord du burn-out. C’est la crise de trop ?

La crise de l’hôpital public est réelle et son financement insuffisant. Les tarifs sont en baisse depuis plusieurs années et les fermetures de lit n’ont pas été comprises. Dans ce contexte, le coronavirus est un stress additionnel mais qui reste gérable pour l’instant.

Est-ce qu’il ne faut pas s’attendre à une situation à l’italienne avec des hôpitaux débordés ?

Il y a beaucoup de paramètres psychologiques dans l’expression de cette crise. L’essence même de la peur conduit à des comportements irrationnels. Jusqu’à présent, en France, les autorités ont plutôt bien géré cette émergence du coronavirus. Le pays est resté raisonnable. Il faut aussi souligner la rapidité avec laquelle l’Institut Pasteur a su séquencer ce virus. On va vraisemblablement trouver un vaccin comme on a su le faire avec le virus Ebola. Le premier vaccin contre ce virus dont la mortalité est très élevée a été mis au point par le laboratoire américain Merck Shape and Dohme.

Peut-on continuer à délocaliser en Asie notre industrie pharmaceutique ?

Cette question est posée depuis déjà plusieurs années. Une grande partie des principes actifs est désormais fabriquée en Chine ou en Inde. Beaucoup de grands groupes ont sous-traité à des façonniers. Cette menace restait jusqu’à présent hypothétique. On sait désormais qu’il faut relever ce défi. La décision prise par Sanofi de créer une nouvelle entité regroupant en Europe des usines fabriquant des principes actifs pour la pharmacie est un élément de réponse à cette menace. Reste à savoir si on n’aura pas oublié dans six mois tout ce qui se dit actuellement. Dans ce domaine, la France a des atouts qu’elle peut valoriser. Sanofi est le quatrième groupe pharmaceutique mondial.

L’Europe est-elle à la hauteur face à l’épidémie ?

On peut parler d’une coopération encore un peu défaillante. Chaque État réagit à son niveau alors qu’il faudrait avoir une réponse coordonnée.

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