Hôpital : qui paie quoi en Europe ?

Hôpital : qui paie quoi en Europe ?

La crise de la Covid a fait apparaitre à la fois la fragilité des systèmes de santé en Europe et dans le monde, et leur résistance. Personne n’a oublié les confinements, interdictions et autres contraintes. L’arrêt presque total des activités, à un point difficilement imaginable avant la crise, avait pour objectif de relâcher la pression sur les hôpitaux, saturés sous l’afflux de malades. Du côté des Français de l’étranger, chacun a pu constater les différences entre les politiques menées à l’hôpital.  

Après la crise, en France, le système des urgences, l’hôpital public dans son ensemble, la fermeture des lits, les contraintes administratives et bureaucratiques, le financement… tout semble remis en cause, à juste titre, encore que le diagnostic ne soit pas si simple, et les remèdes encore moins simplistes. 

Pour y voir clair, une comparaison des dépenses publiques concernant l’hôpital -public et privé- dans les différents pays d’Europe est utile. A partir des chiffres de l’OCDE, l’organisme d’étude des dépenses publiques Fipeco a publié une note résumant la situation. 

La France dépense plus que les autres pour ses hôpitaux

En France, les budgets de hôpitaux représentent 4.6% du PIB. Comparer par rapport au PIB est une bonne mesure de l’effort relatif à la richesse nationale. C’est, relativement, le deuxième plus important en Europe, derrière le Royaume-Uni (4.7%), le premier de l’Union Européenne, avec le Danemark, devant l’Espagne et la Suède (4%). En Allemagne, le montant n’est que de 3.6%.

La bonne nouvelle c’est que les expatriés ont pu bénéficier de la solidarité européenne et aucun n’a eu, en Europe, à souffrir d’une mauvaise prise en charge. Ce qui ne fut pas le cas en dehors où les Français de l’étranger ont parfois dû attendre le déploiement de la campagne française de vaccination voire pour les cas les plus graves se faire rapatrier si cela était possible. 

Pour revenir aux volumes de dépenses, on ne s’attendait pas à voir le Royaume-Uni dépenser un tel montant dans le système de santé. Et si peu l’Allemagne, qui a mieux géré l’encombrement dans les hôpitaux que ce ne le fut en France.

L’emploi hospitalier y est le plus important  

Reste à savoir comment cet argent est dépensé, notamment en ce qui concerne l’emploi hospitalier. Ramener l’emploi hospitalier à l’ensemble de l’emploi est un bon indicateur global. En France, il représente 5% de l’emploi total, ce qui met la France en tête des 19 pays étudiés par l’OCDE, devant la Suisse (4.9%), et le Royaume-Uni (4.8%), loin devant l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et les Pays-Bas. On notera que parmi les expatriés, il y a un grand nombre de professionnels de santé attirés par les meilleurs salaires chez nos voisins. 

Il faut donc que la France fournisse un effort important par rapport aux pays européens qui lui sont comparables. Un effort qui lui permet, contrairement aux idées reçues, d’avoir un nombre de lits par habitant plus élevé que tous les autres pays, à l’exception de l’Allemagne. En France, le nombre de lits pour 1000 habitants dans les hôpitaux publics et privés est de 5,7, comme en Belgique, mais bien devant les autres pays : entre 2 et 3 lits pour 1000 habitants.  L’Allemagne fait exception avec 7,8 lits pour 1000 habitants.

Emploi administratif record, personnel soignant mal payé

Point négatif pour la France : la part des emplois administratifs, c’est à dire du personnel non soignant, est nettement plus élevée (36%) que dans la plupart des autres pays, hormis la Belgique (36%) : Allemagne 22%, Royaume-Uni 20%, Italie 25%, Espagne 23%.

Personnel plus nombreux, avec une forte proportion administrative, et surtout, moins bien payé. L’OCDE a comparé le salaire moyen des infirmiers au salaire moyen de l’ensemble des salariés pays par pays. La France et la Suisse sont les deux pays où le salaire moyen est nettement inférieur au salaire moyen national : – 9% en France, -15% en Suisse. Il est 10% plus élevé dans les autres grands pays européens, sauf en Italie. Il en est de même pour les médecins : les médecins spécialistes hospitaliers gagnent 2,15 fois le salaire moyen en France ; 3,4 fois en Allemagne. Des chiffres qui expliquent bien le phénomène de surreprésentation du corps médical parmi nos compatriotes expatriés dans certains pays. 

En somme, les moyens sont là. Ce sont les règles, la bureaucratie, l’organisation, qu’il faut changer. S’appuyer sur les exemples étrangers est le meilleur moyen d’éviter les erreurs, souvent inspirées par les idées reçues, l’idéologie ou les corporatismes.

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire