Homicides : état des lieux

Homicides : état des lieux

Le ressenti d’insécurité n’a jamais été aussi prégnant en décalage avec les statistiques qui montrent que le nombre d’homicides au sein de l’OCDE n’a jamais été aussi faible. Le meilleur critère pour apprécier l’insécurité reste, en effet, le nombre d’homicides, les vols et violences étant sujets à des déclarations pouvant fluctuer dans le temps et selon les pays, en fonction de la législation.

Au sein de l’OCDE, trois grandes catégories de pays peuvent être distinguées. La première regroupe les pays à très faible taux d’homicides : Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Corée du Sud, Italie et Australie. Ces pays affichent des taux inférieurs à deux homicides pour 100 000 habitants entre 1990 et 2021. Pour eux, la tendance générale est à la stabilisation ou à la baisse progressive des homicides.

De son côté, le Canada a enregistré une forte baisse de son taux d’homicides, passant de 2,7 à 1,2 pour 100 000 habitants entre 1990 et 2021. Ce pays tend ainsi à rejoindre le groupe des pays européens et asiatiques à faible criminalité. Il se distingue des États-Unis, qui appartiennent à une catégorie intermédiaire, caractérisée par un taux d’homicides relativement élevé et une tendance à la hausse. Aux États-Unis, le taux d’homicides a fortement diminué entre 1990 et 2000, avant de repartir à la hausse.

Le Mexique constitue un troisième ensemble, marqué par une augmentation spectaculaire des homicides, passés d’environ 5 pour 100 000 habitants en 1980 à près de 30 en 2021. Cette hausse est corrélée à l’explosion de la violence des cartels. Notamment après la guerre contre la drogue lancée en 2006.

Une surreprésentation des étrangers incarcérés

En France, le taux d’homicide a été divisé par près de deux entre 1990 et 2015, et est stable depuis.

Une tendance générale à la stabilisation ?
Une tendance générale à la stabilisation ?

En 2019, les étrangers représentaient 7,4 % de la population totale en France, mais constituaient 14 % des auteurs d’affaires traitées par la justice et 23 % de la population carcérale. Cette surreprésentation peut être influencée par plusieurs facteurs. Notamment des conditions socio-économiques défavorables et un contrôle plus important de la police dans certaines communautés.

Par ailleurs, un nombre non négligeable d’étrangers sont incarcérés pour défaut de papiers (environ 3 000 en 2023). La délinquance est souvent corrélée à des facteurs tels que la pauvreté, le chômage et les conditions de vie précaires. Les individus issus de milieux défavorisés, qu’ils soient immigrés ou non, sont plus susceptibles d’être impliqués dans des activités délictueuses. Cela est dû à leur environnement socio-économique.

Une étude souligne que les jeunes d’origine étrangère peuvent présenter des taux de délinquance plus élevés. Principalement en raison de leurs conditions socio-économiques, de difficultés scolaires et d’une perception négative de l’autorité policière. Les types d’infractions varient également selon la nationalité. Les étrangers sont davantage impliqués dans des atteintes économiques et financières (46 % des mis en cause pour ce motif sont étrangers). Notamment en raison de délits liés à la contrefaçon ou à la concurrence déloyale. Ces infractions peuvent être liées à des réseaux criminels transnationaux ou à des opportunités économiques limitées.

En 2022, 18 % des responsables d’homicides en France étaient d’origine étrangère. L’écart entre le ressenti d’insécurité et les chiffres réels témoigne d’une perception souvent amplifiée par le contexte médiatique et politique.

Une tendance générale à la stabilisation ?

Si certains pays connaissent une remontée des homicides, la tendance générale dans les démocraties avancées reste celle d’une stabilisation voire d’une baisse à long terme. Mesurée par le taux d’homicides, la criminalité violente en France est en nette diminution depuis 30 ans. Bien que les tensions sociales et économiques puissent créer de nouveaux foyers de violence. Les statistiques montrent également que la surreprésentation des étrangers dans certaines infractions est avant tout liée à des facteurs socio-économiques et structurels. Pas à la nationalité en tant que telle.

À l’avenir, la question clé ne sera pas seulement celle de la répression. Mais celle de la prévention des fractures sociales et de la réduction des inégalités. Des conditions essentielles à une société plus sûre.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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