Ce fut, en France, un 21 avril, il y a 80 ans, que le droit de vote fut élargi aux femmes. La France était à la traîne. La Troisième République craignait que les femmes votent pour les curés. Religion, pouvoir, intérêt, liberté, tout est transversal dans la guerre faite aux femmes, à commencer par l’idée même d’humanité.
« Exécutez les hommes, vendez les femmes et les enfants. » Telles furent, d’un continent à l’autre, depuis des millénaires, les conséquences de la guerre. La servitude des femmes est la norme, même celle des femmes libres. Toute guerre conforte la servitude, même dans la paix.
Femmes libres ? Voilà bien un concept occidental. Il n’y a qu’en Occident que l’égalité entre les sexes est un principe. Les Chinois disent que les droits de l’homme ne sont pas universels. Il n’y a aucune femme au bureau politique du PCC, peu à l’Assemblée du Peuple. La Chine, même communiste, même matinée de capitalisme, reste traditionnelle, patriarcale. Pendant la politique de l’enfant unique, les filles étaient victimes d’infanticide. Elles n’avaient pas l’occasion de choisir leur genre.
La Russie, désormais pilier de la tradition orthodoxe, pourfend la décadence occidentale, utilise le wokisme à la mode sur les campus américains. Étrange de voir l’Occident attaqué par les Wokistes anti blancs et les réactionnaires du monde entier.
Un tiers des pays du monde accepte la polygamie.
Au Sénégal, le nouveau Président, pourfendeur du néocolonialisme, est un polygame convaincu. Chacun sa culture, explique-t-il. Il n’a pas tort : un tiers des pays du monde accepte la polygamie. Si les organisations internationales, comme l’ONU, l’Unesco ou la Banque mondiale, mettent en avant le droit des femmes, c’est dû à l’influence, faiblissante, de l’Occident.
Cela n’est pas qu’une guerre d’influence, morale ou sociétale. C’est la guerre, qui valorise la violence, transforme les femmes en victimes. Les viols sont des méthodes de guerre. Comme la capture des enfants, en Ukraine, en Afrique.
Lors du massacre du 7 octobre, les miliciens du Hamas, ont «commis des violences sexuelles et sexistes généralisées, de manière systématique, en les utilisant comme arme de guerre», y compris «le viol et le meurtre de mineures, la mutilation de cadavres et la mutilation génitale».
En Iran, dictature religieuse en guerre depuis 1979, jamais on n’a exécuté, par pendaison, autant d’hommes – et de femmes. En Afghanistan, la lapidation est à nouveau érigée en loi.
Si la liberté des femmes est odieuse à certains régimes, c’est que la liberté est odieuse.
Cette terreur enseignée n’est pas la « domination masculine », elle est la domination, l’asservissement des hommes et des femmes tout court. Si la liberté des femmes est odieuse, ce n’est pas par religion, traditionalisme, patriarcat, machisme, c’est que la liberté est odieuse.
Nettoyage ethnique, viols, destruction des bâtiments civils, bombardement de maternités et hôpitaux, tortures, prises d’otages, massacre de prisonniers, chaque étape en appelle une autre : maintenant l’utilisation du gaz dans les tranchées d’Ukraine, et les menaces d’utiliser des armes nucléaires.
Ne pas se donner de limite, insinuer au loin la peur, au près la terreur, face un Occident « féminisé », engoncé dans le « droit », le confort, et l’égoïsme individualiste.
Le statut des femmes est un marqueur du combat contre l’Occident.
Ce n’est pas un hasard si l’idée de régler les questions internationales par la guerre s’appuie sur une guerre contre les femmes. La place des femmes en Occident n’a rien à voir avec celles qu’elles occupent en Russie, en Iran, en Chine, en Afrique ou dans le reste de l’Asie. En Iran et en Afghanistan, la négation de l’égalité des droits entre les hommes et les femmes est le fondement du régime. Le statut des femmes est un marqueur du combat contre l’Occident.
Les sociétés musulmanes sont en conflit perpétuel entre les partisans de la tradition et ceux de la modernité. La Chine s’appuie sur des valeurs ultra-traditionnelles : contrôle social, parenté, hiérarchie, discipline, nationalisme. Et séparation des genres. La Russie a gardé du communisme son aspect nationaliste et policier. L’Afrique se débarrasse du modèle occidental, en revenant à des « cultures » refabriquées, réidéologisées, qui se veulent traditionnelles.
Comme si l’humanisme s’était dissous dans la puissance de la technologie.
Cette modernité est d’autant plus combattue qu’elle s’emballe sur elle-même. L’intelligence artificielle, les algorithmes, les prouesses médicales, donnent à la machine, l’innovation, le laboratoire, une place qu’ils n’ont jamais eue, comme si l’humanisme s’était dissous dans la puissance de la technologie. Le malheur peut venir de n’importe quel dérèglement technique, qu’il soit financier, nucléaire, épidémique, informatique. Faut-il défendre une telle déshumanisation ou la combattre ? Se replier sur des valeurs sûres, comme la religion?
La jeunesse occidentale est-elle perdue ? 48% des jeunes sacrifieraient leur vie.
La jeunesse occidentale est-elle perdue ? Féminisée ? Dans une enquête de l’Ecole militaire, « Les jeunes et la guerre », les jeunes (18/25 ans) notent comme qualité première du combattant « la force mentale ». La maîtrise de soi, les capacités intellectuelles sont jugées plus importantes que les qualités physiques, l’entraînement technique ou militaire. À juste titre confirment les officiers. Les femmes deviennent combattantes, comme en… Israël et approuvent l’idée d’un service militaire ou civique qui les inclut.
L’idée que les jeunes sont moins patriotes que leurs aînés, est fausse : 62 % des 18-24 ans se disent prêts à défendre leur pays ; 48 % sacrifieraient leur vie (61 % et 47 % des 65 ans et plus ; 68 % et 59 % des 50-64 ans, ce qui démontre l’absence de césure entre générations).
Un jeune sur deux (46 %) serait prêt à s’engager pour défendre un pays qui n’est pas le sien. Si la protection de la France nécessitait que le pays s’engage en Ukraine, 51% seraient prêts. Et deux tiers des jeunes Français (63 %) souhaitent que l’Union européenne se dote d’une armée commune.
Les jeunes ayant un ou deux parents étrangers et ceux nés de parents français manifestent le même engagement.
L’engagement est un engagement de « civilisation », modèle social, politique, qui inclut cette différence quant à la place des femmes.
Et ce modèle unit : les jeunes ayant un ou deux parents étrangers et ceux nés de parents français manifestent le même engagement (58% et 56%), qu’ils soient musulmans (55%), sans religion (55%) ou catholiques (61%). L’hypothèse de la guerre est fédératrice. Hélas, la peur unit plus facilement que l’espoir.
L’époque ne manque pas de héros. À quel point aide-t-on les Iraniennes ?
L’époque ne manque pas de héros. Elle en a, mais tarde à les valoriser. Surtout à les aider. Aide-t-on les Iraniennes en révolte depuis dix-huit mois ? Les femmes russes qui ont commencé à se lever contre la guerre ?
La guerre aux femmes a été déclenchée en Iran il y a longtemps. Contre l’alliance « moderniste » d’Israël, des États-Unis et de quelques pays arabes, l’Iran a activé le Hamas et les massacres du 7 octobre. Pour mener sa guerre interne, elle se risque à un conflit, confortée par la guerre en Russie et son alliance stratégique avec la Chine. Quand l’Iran aura la bombe, les Iraniennes seront définitivement abandonnées. Comme les Nord-coréens. Et les Nord-Coréens. Et les Iraniens. Et le monde arabe. Et nous ?
Laurent Dominati
a. Ambassadeur de France
a. Député de Paris
Président de la société éditrice du site Lesfrancais.press
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